Amoris laetitia – des Dubia à la correction fraternelle, fin de la trêve de Noël

Amoris laetitia – des Dubia à la correction fraternelle, fin de la trêve de Noël

Dans un entretien accordé au média américain Pro-Vie, Lifesitenews, le cardinal Burke laissait entendre qu’après Noël les quatre cardinaux auteurs des fameux Dubia, pourraient passer à la correction formelle, si le Saint-Père demeurait silencieux.

Depuis longtemps l’Eglise n’avait pas connu une situation théologique et pastorale aussi confuse, mettant en cause le pape lui-même. Cette crise révèle en tout cas au grand public que l’institution ecclésiale, sans être une démocratie, s’est sagement dotée de moyens de contrôle de l’exercice de l’autorité magistérielle du pape. Un contrôle qui respecte la fonction pontificale et s’exerce sous la forme de conseils et de confrontation.

Les dubia, comme la correction formelle sont des procédés ordinaires en situation extraordinaire, entendons par là que les cardinaux ne posent pas des actes révolutionnaires qui déstabiliseraient l’institution. En revanche, la médiatisation du monde actuel donne un écho bruyant à leur initiative.

Ce qui est plus anormal par contre et qui crée un malaise grandissant, c’est le silence du pape François qui se doit de répondre à ces dubia qui sont, rappelons-le, de simples questions appelant une clarification sur un texte que tout le monde reconnait aujourd’hui comme trop vague et ambigu.

Revenant sur les déclarations de son collègue et co-signataire, le cardinal Brandmüller à précisé que le but de ces dubia avait été, outre la clarification, d’ouvrir le débat. Ce à quoi Mgr Pinto avait répondu que deux synodes et l’Esprit Saint avaient tranché. Cependant, les dubia ne portent pas sur le synode mais sur le compte rendu des travaux synodaux qu’est l’exhortation apostolique Amoris laetitia

Il semble donc que ce compte rendu ne soit pas suffisamment clair. Le trouble semé dans l’esprit de nombreux fidèles, comme d’éminents théologiens, demande, selon le cardinal allemand, une précision de la part de celui qui est à la foi l’auteur de la lettre et le garant du magistère. L’enjeu n’est donc pas des moindres, puisqu’il s’agit rien moins que de confirmer ou réfuter la conformité du document au magistère et d’apaiser les tensions au sein de l’Eglise et dans le cœur même des fidèles.

Au sens strict, il semble que cette exhortation soit un scandale, dans la mesure où, pour reprendre le Christ en Matthieu 18,5-9, elle trouble les petits. Ce simple fait demanderait une clarification.

C’est l’objet de la supplique (que vous pouvez signer comme tout fidèle) Dubia Amors laetitia qui demande filialement au Saint-Père, selon une forme très ancienne des adresses au pape,  de répondre aux cardinaux afin d’apaiser les cœurs, les esprits et les tensions.

De son côté, le cardinal Brandmüller s’interroge sur les raisons du refus de réponse du pape.

« Nous les cardinaux attendons les réponses aux dubia, dans la mesure où un défaut de réponse pourrait être vu par d’amples secteurs de l’Église comme un refus d’une adhésion claire et articulée à la doctrine définie. »

Dubia, suppliques et à présent correction fraternelle (à titre privée et non public précisent les cardinaux), voici des procédures qui ont le mérite de montrer que l’Eglise est bien vivante et que le sensus fidei n’est pas lettre morte.

Cependant même à titre privé, la correction formelle est plus rude que les dubia, puisqu’il s’agit de confronter le texte au magistère, précise le cardinal Burke.

« Ce serait direct, de même que les dubia, mais dans ce cas-ci il n’y aurait pas de questions à soulever, il s’agirait de confronter les déclarations confuses d’Amoris Laetitia avec l’enseignement constant et la pratique de l’Église. »

Cette mesure de « correction d’une erreur d’un pontife » serait, pour le cardinal américain, « un moyen pour sauvegarder son office et l’exercice de celui-ci. »

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