Du tu ne tueras pas à la défense de l’innocent – Catholiques : défendez-vous !

Du tu ne tueras pas à la défense de l’innocent – Catholiques : défendez-vous !

Les hommes adorateurs nous proposent aujourd’hui une mise en perspective intéressante qui nous conduit du “tu ne tueras pas” à la légitime défense, en passant par la protection de l’innocent. Sous le titre “homme catholique défends-toi”, cet article propose une véritable relecture de la controverse actuelle sur l’usage des armes et de la violence dite légitime.

Hommes catholiques,vous n’avez jamais douté de la valeur de la vie, et de l’interdiction qui en découle, ce que Dieu nous enseigne depuis la Genèse : 

Je demanderai compte du sang de chacun de vous … Qui verse le sang de l’homme, par l’homme aura son sang versé. Car à l’image de Dieu l’homme a été fait (Gn 9, 5-6).

Nous savons ce que cela veut dire, de l’interdiction qui en découle de tuer, de la vie naissante (avortement) jusqu’à la mort naturelle (euthanasie).

Mais pouvons-nous, devons-nous nous défendre, défendre nos familles, nos proches ? Devons-nous être des pleutres, des couards ? Devons-nous simplement tendre l’autre joue, quoi qu’il arrive ? 

En effet le Christ nous dit :

Vous avez entendu qu’il a été dit : Œil pour œil, dent pour dent. Mais moi je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre. (Mat. 5 38-39)

Écoutons Saint Augustin à ce sujet :

Or de même que le soufflet reçu sur la joue exprime tous les outrages qui ne peuvent être réparés que par le châtiment, ainsi ce que le Seigneur dit ici du vêtement comprend toutes les injures qui peuvent être réparées sans recourir à la vengeance ; et ce précepte doit s’entendre de la disposition du cœur, et non de ce qu’il faut faire en réalité.

Le Christ nous enseigne en effet à supporter les humiliations, mais pas à accepter les injustices, d’ailleurs il l’a montré lui-même lorsque un garde du grand prêtre l’a frappé, il n’a pas tendu l’autre joue mais a dit :

 Si J’ai mal parlé, montre ce que J’ai dit de mal; mais, si J’ai bien parlé, pourquoi Me frappes-tu? (Jean, 18, 23)

Il est donc clair que Jésus ne veut pas que nous nous vengions, que nous ripostions, abolissant ainsi la loi du talion. C’est donc l’opposé d’être couard, car il faut beaucoup de force et de courage pour refréner son désir de vengeance. Qu’en est-il donc de la défense de notre vie, de celle du plus faible ?

Le catéchisme de l’Eglise Catholique nous enseigne :

L’amour envers soi-même demeure un principe fondamental de la moralité. Il est donc légitime de faire respecter son propre droit à la vie. Qui défend sa vie n’est pas coupable d’homicide même s’il est contraint de porter à son agresseur un coup mortel . Il est donc légitime d’insister sur le respect de son propre droit à la vie . (2264)

defenseIl cite Saint Thomas d’Aquin :

Si pour se défendre on exerce une violence plus grande qu’il ne faut, ce sera illicite. Mais si l’on repousse la violence de façon mesurée, ce sera licite… Et il n’est pas nécessaire au salut que l’on omette cet acte de protection mesurée pour éviter de tuer l’autre ; car on est davantage tenu de veiller à sa propre vie qu’à celle d’autrui (S. Thomas d’A., s. th. 2-2, 64, 7)

Aimer  son prochain comme soi-même implique de s’aimer soi-même, donc de se défendre. Mais nous n’avons pas simplement la possibilité de défendre l’innocent, nous en avons l’obligation !

En plus d’un droit, la légitime défense peut être un devoir gravepour qui est responsable de la vie d’autrui. La défense du bien commun exige que l’on mette l’injuste agresseur hors d’état de nuire. A ce titre, les détenteurs légitimes de l’autorité ont le droit de recourir même aux armes pour repousser les agresseurs de la communauté civile confiée à leur responsabilité. (2265)

Il n’est pas question d’objection de conscience si la vie de ceux qui sont sous notre responsabilité, notre famille, est en jeu. L’idéologie doit alors céder la place au réel : sauver des innocents. Nous donc avons le droit et le devoir de faire tout ce qui est nécessaire pour rendre l’agresseur inoffensif, même si cela signifie le tuer .

Tuer un agresseur ?

Le sujet est grave, et la réponse suivante n’est pas celle du rédacteur, ni des « hommes-adorateurs », mais celle de l’Eglise.

Pour conserver sa propre vie, l’Eglise nous dit « Qui défend sa vie n’est pas coupable d’homicide même s’il est contraint de porter à son agresseur un coup mortel« . De même que la défense de ceux qui sont sous notre responsabilité « La défense du bien commun exige que l’on mette l’injuste agresseur hors d’état de nuire« .

La loi française est en adéquation avec l’enseignement de l’Eglise (à ce sujet) puisqu’elle dit :

N’est pas pénalement responsable la personne qui, devant une atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui, effectue dans le même temps, un acte commandé par la nécessité de la légitime défense d’elle-même ou d’autrui, sauf s’il y a disproportion entre les moyens de défense employés et la gravité de l’atteinte (art 122-5 CP)

Mais l’action des disciples du Christ que nous sommes n’est pas limitée à un cadre légal, elle est toujours en rapport avec la charité : c’est celle-ci qui doit nous presser à défendre notre prochain, non pas à la vengeance ni au désir d’en « découdre ».

Quelle que soit votre réaction, elle doit toujours être héroïque :

  • Soit parce que vous surmontez une hargne qui crie vengeance dans votre cœur afin de rester calme et surtout de demander la grâce de pardonner (quelque soit la souffrance qui a été infligée).
  • Soit parce que vous surmontez une haine naissante pour vous limiter à une réponse appropriée et non excessive.
  • Soit parce que vous surmontez une peur qui vous empêche de défendre le plus faible.
  • Soit parce que vous sortez d’une votre vie confortable et tranquille pour défendre la vie d’autrui.

N’oubliez jamais, suivre le Christ, c’est emprunter la porte étroite, celle de l’amour de nos frères et surtout… celle de l’amour de nos ennemis.

Même lorsque notre poing percute le visage de l’agresseur, nous ne devons jamais oublier cela. 

Et n’oublions jamais que les Sacrements sont là pour vous donner la force nécessaire pour suivre les préceptes d’amour.

Addendum : Monseigneur Luc Ravel, évêque aux armées, répond à Il est vivant à une question sur la légitimité pour un chrétien de prendre les armes (entretien publié par Il est vivant ! n°315, mai 2014) :

L.R. Dans certaines circonstances, oui. Soit au nom de la nation (s’il est mobilisé), soit à l’intérieur de là nation, en cas de remise en cause du politique dans ses fondements (si l’État devient totalitaire par exemple).
IEV Mais dans l’Évangile, Jésus prône la non-violence… 
L.R. Je n’ai jamais lu cela dans l’Évangile. Au contraire, Jésus dit que ce sont les violents qui s’emparent du Royaume de Dieu ! La violence, c’est l’incarnation d’un mouvement de vie qui déborde dans un monde traversé par le péché. C’est une démesure. Certains chrétiens, confondant christianisme et sagesse stoïcienne, pensent qu’il ne faut jamais de démesure. Les saints pensent autrement. Il y a une démesure de l’amour : « La mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure » (saint Augustin). La croix est une démesure de l’amour. C’est une violence extrême. Si on est dans la vie, une vie bien incarnée, il y a de la violence. Dans l’Évangile, il y a des moments où Jésus se met en colère. Ce n’est pas une colère pulsionnelle bien sûr mais réfléchie. Par exemple, dans l’épisode des vendeurs chassés du Temple : Jésus constate l’objet du scandale et ce n’est que le lendemain qu’il chasse les vendeurs du Temple avec colère.
Jésus est venu pour la vie, et pour que nous l’ayons en plénitude. Il est obligé de mettre une force démesurée, la violence, au service de l’amour. Mais une violence maîtrisée, évangélisée.

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