Edito #30 : Plus catho que le pape ou hérétique ?

Edito #30 : Plus catho que le pape ou hérétique ?

Les élections, les sujets sociétaux, la division droite gauche des catholiques ont laissé un arrière-goût filandreux de déchirure. Maniant l’amalgame, les médias s’en sont donnés à cœur joie pour récupérer à leur profit idéologique ces luttes intestines. Mais ce procédé n’est pas nouveau.

Vous vous souvenez peut-être qu’il y a un an et demi, Libération se faisait le porte-voix des catholiques. A moins que Libé n’ait utilisé des brebis égarées pour se faire le porte-voix de sa propre cause, celle de l’avortement et consort.

« Une association catholique en faveur du droit à l’avortement (oui, ça existe) a lancé un appel au pape François dans le International New York Times d’aujourd’hui. »

C’était le cri du cœur de Libé. Mais non, Monsieur Libé, des catholiques pour l’avortement, qu’on se le dise, ça n’existe pas. Des brebis égarées, baptisées dans la foi catholique, mais ne reconnaissant qu’une partie (souvent faible, du reste) de cette foi, militent pour l’avortement. Ce qui est aussi différent que de dire, « LGBT milite contre l’adoption par des homosexuels » et « des homosexuels ex-LGBT refusent l’adoption ». Se revendiquer d’un mouvement n’engage en rien ce que pense le mouvement, surtout lorsqu’on s’en démarque. Cette récupération fondée sur l’amalgame est de bonne guerre, mais de peu de vérité et de bien peu d’honneur. Mais le mensonge ne fait pas souvent bon ménage avec cette qualité.

Quand un dissident ne partage pas l’idée fondatrice du mouvement auquel il appartient, il n’a que deux solutions, une révolution de l’intérieur ou fonder son propre courant. L’Eglise, bien que n’étant pas un mouvement, n’échappe pas à cette hommerie, les hérésies et schismes qui émaillent son histoire le montrent suffisamment.

Oui mais…, il y a pour l’Eglise une différence notable avec un mouvement fondé sur des ententes humaines. L’Eglise n’appartient pas à ses membres, mais à sa tête qui est le Christ. Des chrétiens oublient qu’ils ne sont « que » membres de ce corps mystique du Christ et qu’ils ne disposent pas de ce corps.

Globalement on est membre de l’Eglise de deux façons nécessairement conjointes. Par le baptême, qui précisément fait de nous les membres de ce corps qu’est le Christ. Ce sacrement, indélébile, fait du baptisé un membre définitif de ce corps et rien ne pourra le séparer de ce corps mystique, ni le péché, ni les certificats de « débaptisation », ni le reniement. Dieu ne se renie pas, ses sacrements sont éternels. Et en ce sens en effet, l’organisation Catholics for choice est composée de membres du corps du Christ qu’est l’Eglise. Cependant, pour rendre vivante cette appartenance, encore faut-il un acte de foi et d’adhésion au Christ lui-même.

Jean-Paul II le rappelait en ces termes dans l’encyclique Ut unum sint : le sacrement du Baptême, qui nous est commun, représente « le lien sacramentel de l’unité qui existe entre tous ceux qui ont été régénérés par lui ». Les implications théologiques, pastorales et œcuméniques du Baptême commun sont nombreuses et importantes. Bien qu’il ne constitue en lui-même « que le début et le point de départ », ce sacrement « est ordonné à la profession intégrale de la foi, à la totale intégration dans l’économie du salut, telle que le Christ l’a voulue, enfin à la complète insertion dans la communion eucharistique. » (Ut unum sint, 66)

Être catholique ce n’est pas adhérer à un mouvement associatif soumis aux assemblées générales extraordinaires modifiant les statuts. Être catholique, c’est adhérer au Christ, tel qu’il s’est révélé dans l’Ecriture. Et l’Eglise catholique, apostolique et romaine est garante de cette vérité qu’est le Christ et de la Révélation. Cela aussi est un acte de foi compris dans l’acte de foi au Christ Lui-même, puisque l’Eglise est le corps mystique du Christ dont il est la tête que représente la hiérarchie catholique. Refuser ce donné fondamental de la foi c’est ni plus ni moins refuser le Christ et Celui qui l’a envoyé. Or, comme le dit saint Cyprien de Carthage, « on ne peut avoir Dieu pour Père si l’on n’a l’Eglise pour mère. » Et à ce titre cessons la langue de bois, nombre de catholiques, même pratiquants, refusent l’Eglise pour mère et par là se coupent eux-mêmes du Corps du Christ.

Ce refus prend deux formes, l’hérésie ou le schisme. Le péché n’est pas un refus de l’Eglise pour mère, il est une rupture avec Dieu, un refus non de Dieu dans sa vérité, mais de ce qui convient à notre relation avec Lui. L’hérésie pour sa part défigure Dieu, le revêtant d’un masque de mensonge. L’hérétique trompe et se trompe sur le visage de Dieu, inventant un Dieu sur mesure. Ce que fait cette association. Le schisme, ne travestit pas la vérité de Dieu, mais l’unité du corps du Christ. C’est pour cela qu’un catholique peut communier, s’il n’a pas la possibilité de participer à une célébration catholique, lors d’un office orthodoxe. La validité des sacrements requérant la vérité, un sacrement est valide chez des schismatiques. Il ne sera pas licite en ce sens qu’il n’est pas en communion avec le souverain pontife qui est en quelque sorte sacrement d’unité. En ce sens, et comme successeur de Pierre, il est serviteur de l’unité, comme le rappelle Jean-Paul II dans l’encyclique Ut Unum sint.

Concrètement, un schismatique qui ne défigure pas le Christ en l’affublant de ses « convictions personnelles » peut bien être plus « catholique » qu’un fidèle dominical qui se fait son Jésus sur mesure. Disons-le sans ambages, il y a dans l’Eglise catholique et parfois même dans sa hiérarchie, des hérétiques qui travestissent le Christ. Une fois encore, si le péché abime la relation à Dieu, ce péché particulier qu’est l’hérésie défigure Dieu Lui-même. C’est pourquoi, ces brebis égarées qui se font de l’Eglise une image sur mesure se fourvoient elles-mêmes. Au lieu de suivre le Christ, elles adorent un faux dieu (qui bien souvent est nous-même ou Satan). Ainsi, d’elles-mêmes, elles prennent d’autres chemins que Celui qui est le chemin, la vérité, la vie. D’elles-mêmes, elles s’excluent de la communion puisqu’elles ne la reconnaissent pas ou, plus prosaïquement, ne la voient plus. Elles ont beau être physiquement assises devant l’autel, elles adorent un autre dieu.

Que l’Eglise pose une parole de Vérité permet de séparer les boucs des brebis. Il ne s’agit pas de condamner et d’exclure. L’Église est toujours là pour accueillir le pécheur et le repentir. Mais pour aller vers l’Eglise, il faut que l’Eglise soit clairement l’Eglise, c’est-à-dire le Christ en vérité et ce de façon visible. Dénoncer le mensonge n’est pas exclure le menteur. C’est au contraire ouvrir grand les portes, c’est illuminer le chemin. Biaiser, atermoyer ou refuser la fermeté au prétexte qu’il ne faut pas « exclure » c’est de toute façon exclure puisque cela revient à laisser des âmes en peine se tromper de chemin, avec l’illusion qu’ils sont sur la bonne voie.

C’est un acte grave dont la hiérarchie, lorsqu’elle s’en rend coupable, devra rendre compte au Père, car elle est garante de cette vérité qui illumine le chemin vers Dieu. Ne pas dénoncer l’erreur, n’est ni plus ni moins que de la non-assistance à personne en danger.

Quant à ceux qui se réclament de l’Eglise, mais professent un autre Christ, ils peuvent toujours fonder leur Eglise, s’ils veulent, mais ne les laissons pas tronquer le visage du Christ dont nous sommes dépositaires, pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Tenir la vérité est le plus sûr moyen de ne pas exclure du corps mystique du Christ. C’est en ce sens un acte éminent de charité. L’Eglise n’est pas là pour faire du nombre, mais pour donner Dieu au monde.

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