La reconstruction du Proche-Orient est-elle possible ?

La reconstruction du Proche-Orient est-elle possible ?

La reconstruction du Proche-Orient est-elle possible ? Voici le terme abordé par Radio Notre-Dame, lors d’une émission diffusée le 29 novembre 2016. Ont participé à cette discussion, l’association « Fraternité en Irak » représentée notamment par son président Faraj Benoit Camurat, ainsi que l’Œuvre d’Orient représentée par Catherine Beaumont, responsable de la communication. Monseigneur Gollnisch, directeur général de l’ l’Œuvre d’Orient a pu également s’exprimer lors de l’émission.

          Fraternité en Irak est une association qui est née d’une discussion entre étudiants. Après l’attentat de 2010 dans la cathédrale de Bagdad, ces étudiants ont alors décidé de prendre contact avec Monseigneur Louis Sako, patriarche de l’Eglise catholique chaldéenne. Fraternité en Irak, c’est une expérience de fraternité qui est vécue, mais c’est même une « expérience d’Eglise » très forte. On apprend à prier avec les chrétiens irakiens, à participer à leur liturgie. C’est aussi un accueil de la part des populations et l’accomplissement de projets comme l’installation celui de grosses citernes de 30000 litres pour l’agriculture.

L’ Œuvre d’Orient, c’est l’œuvre de l’Eglise de France pour l’Orient. Elle assure une coordination pour que les projets et œuvres humanitaires se passent bien, en Irak notamment. L’ Œuvre d’Orient travaille partout où il y a des chrétiens d’Orient. L’œuvre n’a personne sur le terrain, elle soutient des projets menés notamment par les évêques, les prêtres et les communautés religieuses.

Comment s’est passée la libération de la plaine de Ninive ?

L’armée irakienne a choisi de commencer la libération de la plaine de Ninive par Qaraqosh, la grande ville chrétienne. C’était un signe fort. Les irakiens ont ainsi montré au monde qu’ils ne laisseront pas les chrétiens.

Quelle est la situation de la plaine de Ninive en ce moment ?

Qaraqosh est la plus grande ville chrétienne d’Irak (52 000 habitants). C’est aujourd’hui une ville vide. 50 à 60 % des maisons ont été volées puis brulées. Plusieurs églises ont été brulées aussi comme la cathédrale de Qaraqosh. C’est très impressionnant de voir une église toute noire. Certaines églises sont intactes, Daech s’est alors contenté de briser les croix, les statues ou les images.

C’est psychologiquement difficile pour les habitants de savoir que leurs maisons on été brulées. Peut-être a-t-on voulu leur dire par là de ne pas revenir ? Il apparaitrait que cela soit en fait une stratégie militaire, Daech aurait voulu se protéger des frappes aériennes. Quelques maisons ont été conservées, c’est souvent celles qui ont été occupées par Daech. Les chrétiens réfugiés tiennent à retourner dans leurs villages pour voir de leurs propres yeux l’état de leurs maisons ou de leurs églises.

Bien qu’un retour puisse être maintenant envisagé, il y a une véritable barrière à franchir avant que les populations habitent de nouveau ces villages. Une barrière d’abord psychologique mais également technique.  Le véritable problème c’est les mines et les pièges avec grenades. Tant que les villages et les régions ne sont pas déminés, il est impossible pour ces populations de retourner chez eux. « Nous avons des morts toutes les semaines », disent-ils là-bas. Daech s’est appliqué à pratiquer la tactique de la terre brulée. Les organismes font appel à des ONG qui sont spécialisées dans le déminage, mais d’après certaines estimations, à l’allure à laquelle cela avance pour le moment il faudrait un siècle pour tout sécuriser. Les associations forment les populations afin qu’elles adoptent certaines attitudes préventives. Les caches souterraines de Daech représentent également un risque réel.

Quels sont les projets pour les habitants de la plaine de Ninive ?

De nombreux habitants de la plaine de Ninive sont aujourd’hui des réfugiés qui vivent dans des camps, dans des caravanes. Le projet est de vider ces camps, de donner à ces personnes des logements, dans la ville d’Erbil par exemple au Kurdistan irakien. Mais les chrétiens doivent aussi trouver un travail, et parfois pour cela, il leur faut apprendre la langue de la région d’accueil. Il faut aussi aider les habitants à reconstruire leurs entreprises, par exemple une boulangerie ou une usine de crème de sésame. Les chrétiens étaient souvent des personnes très qualifiées, ce chômage est pour eux quelque chose de difficile à vivre. Fraternité en Irak essaye d’utiliser le plus souvent possible cette matière grise locale (les architectes par exemple).

Qu’en est-il de l’hospitalité en Irak ?

Tous les volontaires qui se rendent sur place, sont très surpris de l’accueil qu’ils reçoivent de la part des irakiens. Pour les irakiens, c’est important de pouvoir de nouveau offrir l’hospitalité. C’est une partie importante de leur culture, ils retrouvent ainsi en quelque sorte, une part de dignité. Se laisser inviter, savoir perdre du temps avec les gens, cela fait partie des missions de Fraternité en Irak. Dans les camps, les volontaires sont des voisins et non des visiteurs, ça change tout !

Retrouvez l’intégralité de l’émission sur Radio Notre-Dame

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