Martin Luther n’a aucun rapport avec l’œcuménisme, selon le card. Kasper

Martin Luther n’a aucun rapport avec l’œcuménisme, selon le card. Kasper

(republication estivale d’un article d’octobre 2016)

Alors que les protestants s’apprêtent à fêter le 500 ème anniversaire de la publication des thèses de Luther et que le pape François se rendra à cette occasion en Suède, le cardinal Kasper revient sur une des grandes questions du moment : l’oecuménisme.

Dans son livre “Martin Luther. Une perspective œcuménique”, le prélat en vient à conclure que nous pouvons romancer ou modifier l’histoire, mais Martin Luther, le vrai, le personnage historique et le réformateur religieux, n’a aucun rapport avec l’oecuménisme.

 «Luther n’était pas un personnage œcuménique. Vers la fin de sa vie, il ne pensait plus possible la réunification avec Rome »

 

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Il ajoute qu’il ne pouvait certainement pas “s’imaginer notre dialogue avec les juifs, dont il parlait avec mépris, d’une façon embarrassante pour nous.” Il n’aurait pas compris non plus “notre dialogue avec les anabaptistes,” lui qui se moquait et attaquait avec la plus grande dureté un grand nombre de mouvements protestants nés de sa propre protestation.

 

Francesco Agnoli poursuit dans la recension du livre cette analyse du cardinal.

Aux pages 32 et 33, Kasper note que “Luther était imprégné par une conscience apocalyptique et se voyait engagé dans la lutte eschatologique finale entre le Christ et l’Antéchrist.” Il commente : «C’est une position dangereuse. Elle exclut le dialogue et n’autorise aucune médiation. Avec l’Antéchrist aucun dialogue n’est possible.» Si donc, pouvons-nous ajouter, les antéchrists étaient, en plus du pape de l’époque («excrément du diable, chef des assassins»), les papes, n’importe lesquels ( «que la papauté soit maudite, damnée, exterminée»), les catholiques, quels qu’ils soient, les Italiens toujours «méchants»; les Juifs, invariablement “Antichrist”; les anabaptistes et les paysans ( «têtus, opiniâtres, et aveugles…»); Desiré Erasme, Thomas More, Nicolas Copernic et les théologiens de Louvain («ânes grossiers, truies maudites, sacs de malédictions… maudite engeance de l’enfer») et ainsi de suite, on peut en arriver à se demander: avec qui le malheureux Martin aurait-il jamais pu dialoguer ?

On peut dialoguer avec chacun dans la vérité. Ici aussi, tout en adoucissant beaucoup les aspérités du caractère et de la prédication luthérienne, tout en relevant à juste titre la responsabilité de ces ecclésiastiques qui ont trahi leur mission et leur foi, Kasper rejoint dans tout cela ce que tous les historiens savent: Luther ne dialoguait qu’avec le pouvoir en vue d’en obtenir l’appui et le soutien. Il l’a utilisé pour vaincre l’Eglise, mais aussi pour faire disparaître sans pitié les anabaptistes et les paysans.

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