Sens Commun fera-t-il exploser Les Républicains ?

Sens Commun fera-t-il exploser Les Républicains ?

Décidément les petites phrases catho-séductrices de François Fillon ne passent pas dans les groupuscules minoritaires des rangs LR. Pourtant, mises à part ces petites phrases, on ne peut pas dire que le candidat Fillon se soit montré fort généreux et reconnaissant envers ceux qui, dit-il lui-mêmeont été assez loyaux et fidèles dans des moments difficiles”. 5 investitures, un désaveux de Xavier Lemoine, ne sont pas une franche reconnaissance envers la tendance fortement investie sur le terrain et qui fut l’artisan de la victoire de la Primaire, comme du Trocadéro.

Mais Sens Commun a le mérite de bousculer l’establishment et le consensus feutré de la vieille famille gaulliste. Sens Commun, par sa détermination, force cette vieille droite dite de gouvernement à se positionner sur les “marqueurs” de droite. Et visiblement ça ne plait pas du tout à la classe politique et médiatique en place.

Les catholiques ont été les épouvantails de cette campagne. Le mal nécessaire pour Fillon qui doit sans cesse jouer les équilibristes entre la séduction et le repoussoir catholique. Souhaitant une droite de NKM à Sens Commun, l’ancien premier ministre prend ses distances avec l’idéologie d’un mouvement qui constitue une part certaine des adhérents.

Le Figaro rapporte :  “le mouvement est imbriqué dans le parti de la droite et reverse entre 33% et 50% des cotisations des primo-adhérents aux Républicains. Le mouvement revendique entre 9000 et 10.000 adhérents et a obtenu l’investiture de cinq candidats aux législatives.”

On comprend que François Fillon tout en prenant ses distances, invite à “ne pas jeter le discrédit” sur ce mouvement. Un mouvement qui est sa base solide et qui plus que l’effritement du vote Macron peut lui assurer la victoire.

La jurisprudence Jospin qui le fit perdre à moins de 200 000 voix le premier tour de 2002, est dans tous les esprits et le vote catholique représente un potentiel bien plus important. Il semble même qu’au sein des Républicains, Sens Commun représente la tendance la plus importante.

Alors comment appréhender la distance entre les minorités qui composent cette énième reconversion du RPR et la situation actuelle d’un pays qui attend de la droite qu’elle soit à droite et dont l’électorat est facticement retenu dans un parti en voix d’implosion, comme le PS se prépare à une véritable déflagration ?

La tendance Juppé / NKM ferait très bien son lit chez Emmanuel Macron  qui reconstituerait une sorte de centre gauche aspirant la droite du PS et la gauche des Républicains. Cette mouvance politique, quoiqu’on pense de la bulle Macron, correspond à une tendance réelle de l’électorat ni vraiment socialiste, ni franchement LR et pas du tout UDI/Modem, fourre-tout lui-même inconsistant.

La tendance Sens Commun / Fillon s’étendrait volontiers dans une entente avec une partie du Front National qui se reconnaîtrait davantage dans une ligne LR à droite toute, qu’elle ne se retrouve dans l’intégralité du programme de Marine Le Pen.

La réalité politique et électorale, c’est une véritable reconstitution de la proposition politique sur des bases réelles. PS/LR/Front de Gauche et FN sont actuellement maintenus artificiellement, par peur d’une explosion non contrôlée et par l’ostracisme facile des extrêmes.

Mais en présentant Emmanuel Macron, François Hollande ne fait que mettre en place un futur parti correspondant à un nouveau clivage électoral allant de la droite du PS à NKM, voire Juppé. Tentative échouée de François Bayrou avec le Modem.

François Fillon reste en revanche dans l’illusion d’un clivage familial politique dépassé en voulant un gouvernement allant de NKM à Sens Commun.  Et, au-delà des convictions et des choix stratégiques portés par Sens Commun, les réactions à leur possible intégration au gouvernement révèlent la fracture entre le socle réel de cette droite et sa représentation élue.

Que François Fillon se distingue de Sens Commun en partie, est politiquement normal dans la mesure où, si important soit-il, Sens Commun n’est pas seul chez les Républicains. Mais le programme de François Fillon n’en demeure pas moins clivant pour toute son aile gauche qui n’a pas peur de s’envisager dans l’opposition en cas de victoire de son propre candidat.

Vainqueur ou battu, le parti LR ne coupera pas à une réorganisation. Que ce soit par un refus de la réalité des urnes qui voudrait ostraciser Sens Commun ou par un départ de l’aile gauche vers le centre Macron/Hollande, l’après second tour ne pourra nier la lézarde imposée au mur de façade par la présence de Sens Commun. Une lézarde de taille puisqu’elle n’est rien moins qu’anthropologique.

Qui est l’homme réel ? Il est intéressant de voir que dans le programme des Républicains avant la victoire des Primaires (mais pas d’avantage après) la grande inconnue, jamais définie est justement la conception de la personne humaine. Or en effet c’est le grand clivage qui est en train de faire exploser l’ensemble de l’échiquier politique. L’épicentre à changé.

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