Sermon de saint Augustin pour l’Ascension – « En nous pardonnant nos péchés, Dieu nous permet et nous oblige d’espérer le bonheur éternel. »

Sermon de saint Augustin pour l’Ascension – « En nous pardonnant nos péchés, Dieu nous permet et nous oblige d’espérer le bonheur éternel. »

« En nous pardonnant nos péchés, Dieu nous permet et nous oblige d’espérer le bonheur éternel. »

§ 1. Introduction : l’Eglise doit se réjouir et l’interprétation des textes sacrés va nous faire comprendre pourquoi.

Le récit des Actes des Apôtres suffirait seul à nous prouver l’Ascension et à nous dépeindre les détails de ce grand événement.

Toutefois, mes frères, nous nous reprocherions de garder le silence ; car si l’Eglise a jamais le droit et le devoir de se réjouir, n’estce pas dans un jour où l’entrée du ciel lui est ouverte par le Sauveur ?
Si donc il n’y a rien de superflu dans les saintes Ecritures, essayons selon notre pouvoir d’interpréter le texte sacré.

§ 2. Les quarante jours qui courent depuis le jour de la Résurrection jusqu’à l’Ascension forment le pendant des quarante jours de la pénitence quadragésimale.

Et d’abord l’Ecriture nous apprend que, après Sa Résurrection, Jésus-Christ est resté pendant quarante jours avec Ses Apôtres.

Ce détail n’est point sans importance, car je trouve que ces quarante jours correspondent parfaitement aux quarante jours de la pénitence quadragésimale.

Ceux donc qui ont supporté pour Dieu les privations de la sainte quarantaine, ont le droit de se réjouir de la présence du Seigneur pendant les quarante jours qui suivent la Résurrection ; ceux enfin que la crainte avait humiliés, doivent se sentir relevés par les consolations que Dieu leur prodigue.
Quelle joie pour ceux qui, après avoir souffert par amour pour Dieu, se sentent en possession d’une récompense ineffable qui n’est autre que Dieu lui-même ! D’après les choses présentes jugeons donc des choses futures, puisque tout ce que nous ferons pour l’honneur de Dieu nous assurera de plus en plus le bonheur de posséder Dieu.

§ 3. Le fait de l’Ascension est prouvé par le témoignage des disciples.

La présence de ces nombreux témoins qui voient et entendent nous prouve que Jésus-Christ est réellement monté au ciel ; ce qu’ils voient, nous le croyons de la foi la plus vive. En effet, ils voient afin que nous croyions ; ils contemplent avec les yeux de leur corps, afin que nous discernions avec les yeux de notre âme.

Et il ne s’agit point ici de quelques témoins rares et inconnus : ils sont nombreux et offrent toutes les garanties ; leur nombre corrobore leur témoignage, et leur sainteté en confirme la vérité. Si, dans certaines causes, on s’en rapporte à deux ou trois témoins, quelle certitude ne doit pas résulter du témoignage d’une multitude entière et d’une multitude fidèle et sainte ? N’étaient-ce pas des hommes vertueux et fidèles, ceux qui ont mérité de contempler le Seigneur montant au ciel ?
Ce qu’ils ont vu, croyons que nous le voyons avec eux. Comment le peuple chrétien hésiterait-il devant le témoignage d’une multitude de saints ?

 

§ 4. Au témoignage des disciples s’ajoute le témoignage des anges . Parallèle entre la Nativité et l’Ascension.

Ajoutons à cela l’apparition de deux anges descendus du ciel pour confirmer le miracle de l’Ascension devant ceux qui en étaient les témoins.

Admirons la sagesse de l’Ecriture qui nous rappelle l’apparition de ces anges, afin que nous sachions que les esprits bienheureux formaient cortège à Jésus-Christ montant au ciel.
Ce détail forme à mes yeux un nouveau trait de ressemblance entre la Nativité du Sauveur et Son entrée triomphante dans les cieux.

L’ange Gabriel est envoyé pour annoncer l’Incarnation ; et aujourd’hui les anges environnent Jésus-Christ montant au ciel. Alors, une étoile fit connaître la naissance du Sauveur ; aujourd’hui une nuée Le reçoit pour Le porter dans les cieux. Alors, les anges chantaient sur la terre ; aujourd’hui ils rendent encore témoignage dans le monde. Alors, les Mages adoraient et offraient des présents ; aujourd’hui les Apôtres poursuivent de leurs regards Jésus-Christ montant au ciel.

Très-nombreux furent les témoignages qui vinrent confirmer la naissance du Sauveur ; ils furent aussi nombreux à Son Ascension, pour confirmer la foi du genre humain.

C’est ainsi que, après avoir considéré Jésus-Christ naissant dans la chair, tous les hommes peuvent Le contempler montant au ciel.

§ 5. Jésus-Christ monte au ciel et en redescendra un jour : et nous devons être prêts pour Son retour.

Jésus-Christ est donc retourné au ciel, d’où Il était descendu. Il y est retourné, mais en promettant de revenir un jour sur la terre. N’avons-nous pas entendu les anges s’écrier : « Hommes de Galilée, pourquoi demeurez-vous ainsi …etc. » ?

Si donc, mes frères, nous croyons que Jésus-Christ reviendra, nous devons L’attendre, de peur que nous ne soyons pris au dépourvu par Son retour, comme parmi nous des serviteurs en défaut se laissent surprendre par leurs maîtres irrités ; les choses présentes ne sont, en effet, que l’image des choses futures.

Si donc nous ne voulons pas profiter des châtiments qui pèsent sur nous actuellement, craignons pour l’avenir la sévérité des châtiments célestes.

L’Apôtre nous dit : « Le Seigneur viendra comme un voleur pendant la nuit » (1 Thess. V, 2). Vous voyez, mes frères, qu’une sécurité trop grande peut être suivie de supplices inouïs.

Ainsi donc tout ce que nous ne voulons pas supporter, craignons de nous voir condamnés à le souffrir. De cette manière, en craignant d’endurer le châtiment, nous nous épargnerons ce châtiment ; témoin de notre sincère conversion, notre Dieu rempli de bonté et de miséricorde nous pardonnera nos fautes présentes et nous accordera les biens futurs.

C’est ainsi que le pardon lui-même devient, par le renouvellement de notre vie, le principe même de notre espérance des biens futurs ; en nous pardonnant nos péchés, Dieu nous permet et nous oblige d’espérer le bonheur éternel.

 

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