6 surnoms de cathédrales françaises !

6 surnoms de cathédrales françaises !

Cathédrales des charbonniers ou des anges, lanterne de Dieu ou pyjama… des églises ont reçu des surnoms tantôt moqueurs, tantôt poétiques. Voici leur explication.  

La cathédrale des charbonniers

cathédrale de Clermont-Ferrand

Cathédrale de Clermont-Ferrand, en pierre de Volvic. Photo : Gérard Colombat, sur Flickr.com. Licence Creative Commons.

Les frères Goncourt n’aiment pas Clermont-Ferrand. La ville, consignent-ils dans leur journal, leur semble si ennuyeuse que même les chiens bâillent en passant. L’église Notre-Dame les désespère : « la cathédrale des charbonniers, noire au dehors, noire au-dedans ». Il est vrai que la masse sombre du monument surprend encore aujourd’hui plus d’un touriste (moi-même, il y a une dizaine d’années).

J’ai longtemps cru à une conséquence de la pollution industrielle. Oubliez les fumées des usines et les mines de charbon. La cathédrale doit sa noirceur à l’utilisation d’un matériau local : la pierre de Volvic. Comme le martèlent les pubs de la célèbre eau minérale, Volvic, c’est une terre de volcans. Cette pierre si noire correspond à la lave solidifiée.

La cathédrale des anges

anges de la cathédrale de Reims

Quelques anges souriant de la cathédrale de Reims

C’est le beau surnom que l’historien de l’art André Michel a donné à la cathédrale de Reims au début du XXe siècle.

Car ces êtres ailés sont partout sculptés. Dominant les contreforts, ils forment comme une milice chargée de garder l’église. Vous en dénicherez aussi dans les détails des sculptures ou des vitraux. Certains volettent autour du Christ, d’autres sonnent la trompette du Jugement dernier. Certains agitent un encensoir ; d’autres prient.

Mais le plus remarquable, c’est que beaucoup sourient. Or, vous l’avez sûrement noté, les statues médiévales sont aussi gaies que des supporters de football, un soir de défaite. Au milieu de ces visages graves, les sourires des anges annoncent les merveilles du paradis.

La lanterne de Dieu

Cathédrale de Metz

Cathédrale Saint-Etienne de Metz, à admirer la nuit. Photo : mlfld57 sur Flickr.com. Licence Creative Commons.

La cathédrale de Metz est une cage de verre. Elle montre jusqu’à quel point l’architecture gothique a réussi à évider au maximum les murs au profit d’immenses baies. Je pourrais tenter de vous éblouir en précisant que 6500 m² de verrières closent l’édifice. Mais je crains de lire chez vous une certaine indifférence. Je vais donc le dire autrement. Metz possède leplus grand ensemble de vitraux de France. Si on déposait tous les morceaux de verre au sol, la superficie de la cathédrale, un demi-hectare, ne suffisait pas pour les étaler. C’est moins abstrait, n’est-ce pas ?

Alors quand la nuit tombe et que l’intérieur de l’église s’illumine grâce aux cierges et à l’électricité, Saint-Étienne de Metz ressemble effectivement à une gigantesque lanterne.

La cathédrale aux bœufs

boeufs de la cathédrale de Laon

Les bœufs de la cathédrale de Laon n’ont pas le vertige.

Placez-vous au pied de la cathédrale de Laon, levez les yeux vers les tours de la façade. Vous apercevrez des bœufs de pierre. Cette présence insolite n’a cessé de troubler les historiens de l’art. Pourquoi les sculpteurs ont-ils donné une telle place d’honneur à ces paisibles ruminants ?

Parmi toutes les hypothèses, l’une renvoie vers un miracle local rapporté au début du XIIe siècle. Un chanoine convoyait des matériaux destinés à la construction de la cathédrale lorsqu’un bœuf tirant le char s’écroula de fatigue. Faute d’animal remplaçant, le convoi était immobilisé. Soudain, un bœuf, surgi de nulle part, se présenta pour prendre le relais. Grâce à son aide, le char parvint jusqu’au chantier. Sa besogne achevée, la bête repartit d’où elle était venue.

Les bœufs sculptés de Laon rendraient donc hommage à ces bovins qui, autant que les hommes, ont contribué, par leur effort, à l’érection des cathédrales.

La cathédrale des sables

Cathédrale de Maguelonne

La cathédrale de Maguelonne sur son île déserte. Photo : Sabin Paul Croce, sur Flickr.com. Licence Creative Commons.

De Montpellier, filez vers le sud rejoindre la mer Méditerranée. À un moment, vous devrez abandonner votre voiture et continuer à pied. Une passerelle, enjambant un étang, vous emmènera sur une île couverte de vignes. Au centre, le toit d’une église émergera d’un bosquet. Le site, idéalement solitaire, laisse penser à un monastère. Fausse piste : vous vous dirigez vers la cathédrale Saint-Pierre de Maguelonne.

En fait, cette église ne se trouve pas sur une île, mais sur un des cordons sableux qui séparent la mer Méditerranée des étangs intérieurs. D’où son surnom.

Étonnamment, aucune ville, pas même un village, n’accompagne la cathédrale. Cet isolement a fini par peser lourd à l’évêque : au XVIe siècle, il déménagea son siège à Montpellier.

Le pyjama

Cathédrale de Marseille

Cathédrale Sainte-Marie-Majeure, à ne pas confondre avec Notre-Dame de la Garde, perchée sur son rocher. Photo : Jean-Pierre Dalbéra, sur Flickr.com. Licence Creative Commons.

L’origine de ce surnom attribué à la cathédrale Sainte-Marie de Marseillesaute aux yeux : ses façades sont aussi rayées que les vêtements des frères Dalton. Alternent des lits de pierre verte (du grès de Florence) et beige (du calcaire de Cassis).

D’où vient l’inspiration de ces bandes à l’architecte Léon Vaudoyer, qui commença la construction du monument en 1852 ? Sûrement pas des BD de Lucky Luke. Mais plutôt des églises italiennes comme les cathédrales de Sienne ou de Gênes. Malheureusement, l’association de deux pierres ne fait pas bon ménage. Sous le climat méditerranéen, la pierre de Cassis tend à gonfler causant des pressions fatales sur les rangées vertes. L’architecte a voulu faire beau, mais sans prévoir les conséquences à long terme.

À ceux qui trouvent le surnom de pyjama trop moqueur, vous lui préférez son surnom occitan : la Major, c’est-à-dire l’église majeure.

Et vous, connaissez-vous d’autres surnoms de cathédrales ou d’églises ?

 

Source : DECODER EGLISES CHATEAUX

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