Amoris lætitia, le diocèse de Lyon irait-il trop loin ?

Amoris lætitia, le diocèse de Lyon irait-il trop loin ?

[Dans un ] contexte de confusion pastorale et doctrinale que s’est tenu le 15 octobre à la cathédrale Saint-Jean de Lyon un temps de rencontre auquel le cardinal Barbarin avait convié « les fidèles ayant vécu une rupture conjugale », qu’ils soient remariés civilement ou non. L’intention manifestée du cardinal était de panser les blessures dont ces fidèles ont été victimes dans l’Église. Il a donc commencé son propos en leur demandant pardon « pour toutes ces blessures par un regard, un jugement ou un rejet brutal ». Puis, il a tenté de présenter le changement qu’incarne Amoris lætitia en citant les mots du cardinal Schönborn : « Le pape François a sorti la doctrine de l’Église de son carcan réglementaire, sans la changer du tout. » On aimerait en savoir plus sur ce qu’il faut entendre par « carcan réglementaire ». Familiaris consortio et le texte du cardinal Ratzinger cité plus haut seraient-ils des exemples d’un tel carcan dont la doctrine a enfin été libérée ? Nous ne le saurons pas.

Cependant « il est clair, dit le cardinal, que la phrase de Jésus : “Ce que Dieu a uni que l’homme ne le sépare pas” ne va pas cesser d’être valide par décision du Pape. » Il s’agit plutôt donc d’un changement dans la manière d’être auprès de ces personnes en souffrance. Écoute, patience, compassion sont nécessaires ce qui exige d’abandonner les deux « attitudes simplistes » : soit l’interdiction pure et simple, soit l’absence de toute règle. Notons qu’une telle alternative manifeste que le sujet serait abordé dans une perspective légaliste. Mais renvoyer dos à dos ces deux attitudes pour privilégier une attitude d’accompagnement et de discernement des cas singuliers peut l’être tout autant ! En effet, la soi-disant position médiane entre le rigorisme et le laxisme reste au même niveau, sur le même plan, à savoir une approche légaliste de la vie chrétienne (morale et sacrements) dans laquelle la conscience doit arbitrer un conflit entre la loi et la liberté. La conscience est alors vue comme une instance autonome devant se déterminer et non plus comme un acte de la raison par lequel la lumière de vérité sur le bien (la loi morale dans une approche non légaliste) éclaire l’acte à poser hic et nunc. Ici le principe moderne de la liberté de conscience ne prend-il pas l’ascendant sur le principe catholique de la conscience tel que saint Thomas, le bienheureux Newman et saint Jean-Paul II l’ont exposé ?

De fait, le cardinal archevêque de Lyon poursuit son discours : « Quand une personne divorcée remariée ne supporte pas de ne pas pouvoir communier, et finalement décide, à cause de cette brûlure intérieure, de ne plus venir à la messe, il serait absurde et inhumain de continuer à brandir devant elle un panneau d’interdiction. Ce serait la conduire à une rupture plus grave encore et l’enfermer dans son amertume. Quand quelqu’un vit cette situation et décide en conscience d’aller communier, personne ne le juge. » Dans une telle situation, la vie sacramentelle semble réduite à un besoin de la subjectivité individuelle devant laquelle le pasteur s’efface de peur d’apparaître comme un censeur inhumain. Cet exemple illustre le faux dilemme dans lequel la manière légaliste d’aborder la situation plonge et le fidèle et le pasteur. L’impossibilité de communier dont parlait le cardinal Ratzinger n’est pas d’abord un interdit. Elle n’est que l’expression concrète de ce que signifient les sacrements dans leur organicité ecclésiale.

 

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