Après Mende, Avignon prend ses distances avec le Téléthon

Après Mende, Avignon prend ses distances avec le Téléthon

Après le diocèse de Mende, c’est au tour du directeur diocésain de l’enseignement catholique d’Avignon d’écrie aux chefs d’établissement pour leur demander de ne pas soutenir le Téléthon :

Pour allez plus loin

L’avis de la commission bioéthique de Toulon

Un bien ne peut jamais justifier un mal

Madame, Monsieur,

La 31ème édition du Téléthon se déroulera les 8 et 9 décembre 2017.

Au cours des dernières années, l’Eglise catholique n’a pas manqué d’exprimer, par la voix de plusieurs évêques ou de ses responsables, ses réserves et ses inquiétudes à propos du téléthon. C’est ainsi que le cardinal Ricard, alors président de la conférence des évêques de France, considérait dès le mois de décembre 2006, qu’il était « légitime qu’à l’occasion du téléthon, beaucoup de catholiques s’interrogent sur l’affectation de leurs dons », ou que le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, estimait il y a quelques années, qu’on ne saurait « signer des chèques en blanc » en faveur du téléthon. De même, un communiqué de presse du 2 décembre 2011 disponible sur le site du diocèse de Paris souligne qu’il est nécessaire de « s’engager résolument pour des recherches qui respectent pleinement la vie humaine ».

Nul ne peut en effet ignorer que les orientations et les choix de l’Association Française contre les Myopathies (AFM), qui est à l’origine du téléthon et qui l’organise chaque année, ne font pas l’unanimité et soulèvent de graves problèmes d’ordre éthique.

Première difficulté : certaines recherches financées par le Téléthon concernent l’utilisation de cellules souches embryonnaires qui se traduit nécessairement par la destruction d’embryons humains (1).

D’un point de vue strictement médical, l’utilisation de cellules souches embryonnaires est d’autant plus discutable que leur efficacité thérapeutique n’a jamais été démontrée, contrairement aux espoirs que font naître l’utilisation de cellules souches issues du sang de cordon ombilical, ou depuis deux ans, le recours aux cellules pluripotentes induites (dites cellules iPS) issues de la reprogrammation de cellules souches adultes (2).

Mais quoi qu’il en soit, la destruction d’embryons humains est éthiquement inacceptable. Certes, la loi française autorise aujourd’hui l’expérimentation sur les embryons humains, mais faut-il rappeler que le « légal » n’est pas nécessairement « moral » ? Pour sa part, l’Eglise catholique défend, comme elle l’a toujours fait, le respect de la vie humaine de la conception jusqu’à la mort naturelle, en insistant particulièrement sur le fait que l’embryon humain doit être considéré comme une personne humaine.

Seconde difficulté : le Téléthon revendique la mise en œuvre de pratiques d’inspiration eugéniste :

Le diagnostic prénatal est utilisé pour repérer les fœtus atteints de myopathie qu’une « interruption médicale de grossesse » permet ensuite d’éliminer. Dans le même esprit, la technique du « diagnostic préimplantatoire » consiste à sélectionner puis à supprimer tous les embryons conçus in vitro porteurs de la myopathie. Ainsi, et comme le soulignait dès 2006 le spécialiste en éthique médicale qu’est Mgr Michel Aupetit, aujourd’hui évêque de Nanterre, dans une note publiée sur le site internet du diocèse de Paris, « les “bébéthons” qui sont présentés comme un grand succès thérapeutique ne sont pas le fruit d’une guérison due à la recherche sur le génome, comme on aurait pu l’espérer, mais le fruit d’une sélection embryonnaire. On pratique une fécondation in vitro de plusieurs embryons et on sélectionne l’embryon sain en éliminant les autres. Ce n’est donc pas un bébé “guéri” mais un bébé “survivant” ».

Troisième et dernière difficulté : les responsables du téléthon refusent obstinément la mise en place d’un système de fléchage des dons qui permettrait à de nombreux donateurs d’affecter leurs dons aux recherches de leur choix, en évitant de contribuer au financement de programmes impliquant l’utilisation et la destruction d’embryons.

Ce fléchage des dons et la transparence financière qui en découlerait sont pourtant réclamés depuis plusieurs années par un certain nombre de personnalités et d’associations ainsi que par plusieurs diocèses.

Si l’Eglise est pleinement dans son rôle lorsqu’elle s’efforce d’éclairer ou d’alerter les consciences vis-à-vis de certaines dérives contraires au respect de la vie et de la dignité de la personne humaine, je ne peux pour ma part qu’inviter les personnes qui s’interrogent sur l’opportunité de soutenir ou non le téléthon, à faire preuve, en la matière, éclairées par mon propos précédent, d’une grande prudence et d’un authentique discernement moral et spirituel.

Je vous engage en conséquence à n’avoir d’actions solidaires qu’au bénéfice d’associations ou de fondations en cohérence avec la conception chrétienne de l’homme et respectueuse du magistère de l’Eglise. (Fondation Jérôme Lejeune, AED, l’Œuvre d’Orient…)

La veillée de prière pour la vie se déroulera le samedi 2 décembre à la Chapelle de l’Oratoire à 20h30 (32 rue Joseph Vernet Avignon).

1) L’AFM souligne que le financement de recherches entrainant la destruction d’embryons ne dépasse pas un ou deux millions d’euros par an (soit moins de 2% du total des fonds collectés par le téléthon) ; ces programmes n’en sont pas pour autant plus légitimes…

2) C’est pour cette découverte d’un intérêt scientifique considérable que le japonais Yamanaka a reçu, en 2012, le prix Nobel de médecine.

                                                                         Thierry Aillet

                                                                      Directeur Diocésain

                                                   Délégué épiscopal à l’Enseignement Catholique

 

Mgr Jean-Pierre CATTENOZ, archevêque d’Avignon :

« Chaque année, le Téléthon fait appel — comme d’autres évènements — à la générosité des Français. Chaque année, les Français sont heureux d’être réunis dans un élan national de solidarité qui, grâce à la télévision, est aussi gigantesque que festif. Comme évêque, je salue le dévouement des organisateurs, l’enthousiasme de ceux qui participent aux nombreuses activités proposées et l’aide financière apportée par tous ceux qui donnent dans l’intention d’aider la recherche sur les maladies rares. Néanmoins, pour que cet effort garde tout son sens, il faut souhaiter que les fonds collectés servent intégralement à des recherches scientifiques qui respectent la vie à tous les stades de son existence et n’atteignent en rien à la dignité de l’homme Comme tout élan de solidarité, le Téléthon est et sera beau dans la mesure où il respecte et respectera l’homme et tout homme, même dans ses stades les plus fragiles »…

Communiqué du diocèse d’Avignon décembre 2006.

 

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