Bangladesh : des formations pour sortir de la pauvreté

Bangladesh : des formations pour sortir de la pauvreté

Au Bangladesh, face à la montée du chômage, des projets professionnels lancés par Caritas permettent d’aider les élèves en décrochage scolaire, les paysans sans terre et les personnes marginalisées à trouver du travail face à la montée du chômage. Ainsi, Momita, 27 ans, et Proshenjit, 20 ans, ont pu trouver du travail grâce aux formations techniques fournies par l’organisation catholique. Sur 160 millions d’habitants, un quart de la population bangladaise est en situation de pauvreté. Près de la moitié d’entre eux vit avec moins d’1,25 dollar par jour et le pays comptait, en 2016-2017, 48,28 millions de demandeurs d’emploi.

Nomita Murmu, une catholique appartenant au groupe ethnique Santal, une communauté traditionnelle bangladaise, a cru durant des années que la pauvreté de sa famille avait décidé de son sort pour de bon, sans aucun recours possible. Comme beaucoup de Bangladais des communautés défavorisées, elle a quitté l’école très tôt afin d’aider ses parents à nourrir leurs trois enfants. En l’absence de plans d’aides publiques, elle ne voyait aucun espoir. « Je pensais que mes chances de réussir et de trouver un emploi digne de ce nom s’étaient évanouies pour toujours », explique la jeune femme de 27 ans du nord du district de Rajshahi. Ses bons résultats comptaient peu, puisque la réalité de devoir subvenir aux besoins de la famille l’a fait quitter l’école en 2011. Mais la vie de Nomita a changé quatre ans plus tard, quand Caritas Rajshahi, une branche locale du mouvement international catholique, lui a lancé une bouée de sauvetage sous la forme d’une formation professionnelle.
Bientôt, elle avait terminé une formation de couturière de six mois, avant de décrocher un contrat à durée déterminée auprès de World Vision, une ONG chrétienne. À la fin de son contrat de 45 jours, elle a pu obtenir son salaire de 15 000 takas (155 euros), qu’elle a utilisé pour acheter une machine à coudre pour pouvoir subvenir à ses besoins. Aujourd’hui, elle dirige un atelier de couture à Hargathi, son village de naissance, et gagne jusqu’à 4 500 takas par mois (47 euros). Cela lui permet de soutenir sa famille et de couvrir les frais de scolarité de ses plus jeunes frères et sœurs. De plus, cela lui a donné une indépendance financière et de bonnes raisons d’espérer un meilleur avenir, alors qu’elle prévoit de développer son commerce. « Aujourd’hui, j’ai une belle vie, et l’avenir semble prometteur. Les pauvres et les personnes marginalisées comme moi peuvent trouver une vie meilleure grâce aux aides que j’ai eu la chance de recevoir », confie-t-elle.

Du pousse-pousse à l’usine

Proshenjit Dev, 20 ans, hindou et fils d’un tireur de pousse-pousse du nord du district de Dinajpur, est l’aîné de trois enfants. Il a quitté l’école dès la sixième, afin d’aider son père à gagner suffisamment d’argent pour faire vivre la famille, et il pensait avoir touché le fond. « Je pensais que ma vie était déjà finie, tout comme mon éducation », témoigne-t-il. En 2016, il est tombé sur une annonce de Caritas Dinajpur à propos d’un programme de formation. Il a alors passé six mois à apprendre la soudure, comprenant qu’avec un peu d’encouragement et de soutien, le futur n’était pas si sombre et que tout un nouveau monde d’opportunités s’ouvrait à lui.
Les équipes de Caritas l’ont aidé à trouver du travail dans une usine de China Bangla Industries, dans le district de Naraynganj près de Dhaka, la capitale, où il gagne aujourd’hui 7 500 takas par mois (78 euros) comme machiniste, tout en étant nourri et logé. En déduisant ses dépenses, il peut envoyer environ 60 % de son salaire à sa famille, ce qui couvre également les frais de scolarité de ses frères et sœurs. Il partage également sa fierté en se souvenant de la joie de ses parents, quand il leur a dit qu’il avait pu racheter une partie du terrain que sa famille avait été obligée de vendre quelques années plus tôt. « Il y a beaucoup de personnes pauvres et sans défense dans mon pays, qui vivent dans des conditions misérables sans aucun repère ni soutien », regrette-t-il. « Je remercie juste ma bonne étoile d’avoir pu bénéficier du soutien dont j’avais besoin pour pouvoir avancer. Aujourd’hui, l’avenir est prometteur. »
Près d’un quart des 160 millions d’habitants du pays est en situation de pauvreté. Sur ce chiffre, près de la moitié est considérée comme « très pauvres » (vivant avec moins d’1,09 euros par jour), selon la Banque Mondiale. Le pays est de plus en proie à un niveau de chômage particulièrement alarmant. Selon le Bureau des statistiques bangladais, le Bangladesh comptait 46,6 millions de demandeurs d’emploi en 2015-2016, et 48,28 millions en 2016-2017.

Nouvelle donne

Depuis les années 1970, Caritas Bangladesh s’attelle à alléger la pauvreté en venant en aide à la population locale, à travers des formations techniques et professionnelles. Deux projets en particulier ont permis d’améliorer la situation de beaucoup de personnes sans terre, dans le besoin, demandeurs d’emploi ou encore illettrés, sans compter les élèves en situation de décrochage scolaire et les femmes maltraitées ou divorcées. Aujourd’hui, Caritas dirige vingt écoles techniques mobiles et onze écoles permanentes à travers le pays. Les formations proposées par l’organisation comprennent les panneaux solaires, la mécanique automobile, le génie électrique, la réfrigération, la téléphonie mobile, la soudure, la couture, la broderie et l’élevage de bétail, confie Dominic Dilu Peris, de Caritas. « Près de 80 % de nos étudiants sont capables de trouver un bon travail. Nous avons un taux d’environ 10 % de décrocheurs. En moyenne, nous formons environ 2 000 étudiants par an. »
Cela coûte à Caritas 8 000 takas (83 euros) pour financer un mois de formation pour un étudiant, mais l’organisation leur demande moins de 10 % de ce coût. Ils doivent payer 750 takas par mois (7,76 euros). Les formations durent entre trois et six mois. Pourtant, certains s’inquiètent de l’avenir de ces programmes avec la baisse des dons étrangers. « Chaque année, les dons étrangers chutent de 10 à 20 % », explique Dominic Dilu Peris. « 60 % de nos formations sont financées par des sources locales, mais 40 % d’entre elles fonctionnent grâce à des bienfaiteurs étrangers, la chute des dons est donc une inquiétude majeure. » 
Le gouvernement bangladais, qui est conscient de la situation, a donné de plus en plus la priorité, ces dernières années, aux formations techniques, assure le Dr Nurul Islam, directeur du département Formation professionnelle et technique du gouvernement. Le pays, dit-il, compte 3 500 instituts techniques publics et 4 500 instituts privés. « Nous voyons ces formations comme une issue pour sortir de la pauvreté et du chômage, mais nous rencontrons beaucoup de difficultés », ajoute-t-il. « Cela inclut le manque de personnel enseignant qualifié et d’instituts, ainsi que le manque de financements et d’équipement. D’ici 2020, le pays projette de former 20 % de sa population active. »

Source : Eglises d’Asie

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