Bénédiction d’une cloche en bois à la cathédrale de Bourges

Bénédiction d’une cloche en bois à la cathédrale de Bourges

Une cloche en bois. Cela sonne de manière étrange à nos oreilles. Elle s’appelle une Simandre, prend la forme d’une grande crécelle, elle est unique en France et a été bénie ce Vendredi Saint par Mgr Maillard.

LA SIMANDRE DE LA CATHÉDRALE SAINT-ÉTIENNE DE BOURGES

La cathédrale abrite depuis le XVIème siècle un instrument unique en France : une simandre.

Conservée au dernier étage de la tour Nord, la simandre fonctionne comme une crécelle à manivelle et retentissait en remplacement des cloches lorsque celles-ci entraient en silence durant le temps de la Passion qui sépare le Jeudi Saint de la Nuit de Pâques,

Jules Dumoutet (1815-1880), architecte, sculpteur et archéologue à Bourges, fait une description précise de l’instrument et de son fonctionnement et nous laisse un dessin de la simandre.

Déposée le 14 octobre 2016, la simandre a subi une restauration complète pour être remontée par “Les métiers du bois” avant d’être prochainement exposée aux visiteurs.

L’usage ancien, propre au diocèse de Bourges, sera remis de nouveau en pratique car la copie de la simandre sonnera chaque Vendredi Saint ! L’originale, n’est en effet plus en état de fonctionner.

La copie a été réalisée sur l’initiative de l’association des amis de la cathédrale. Elle a été bénie par Mgr Maillard à la cathédrale à 15h ce vendredi 14 avril à la cathédrale Saint-Étienne de Bourges, heure à laquelle elle sonnera désormais chaque année. Elle sonnera également le soir pour appeler les fidèles à la cérémonie du vendredi saint.

Entre autres, la simandre sonne en l’absence de cloches pour appeler chacun aux offices. En effet, les cloches se taisent lors du triduum pascal, les jeudi, vendredi et samedi saints. Il fallait donc trouver un autre moyen de les appeler. Dans les campagnes, ce sont les enfants de coeurs qui arpentaient les villages avec des crécelles pour avertir les fidèles des offices.

La simandre de Bourges serait le seul cas en France. Néanmoins, l’instrument est toujours répandu dans la liturgie orthodoxe.

En Grèce et en Roumanie, et de façon générale au sein de l’Église Orthodoxe, la simandre (ou semantron, xylon en grec, toaca en roumain) consiste en une planche de bois (tilleul et chêne sont les bois utilisés en raison de la dimension sacrée qui leur est prêtée), mobile ou suspendue par des chaînes en métal, que l’on frappe d’un maillet de bois.

Comme les cloches, elle sert à rythmer la vie monastique, appeler la communauté à la prière, aux repas, etc.

En bois (très rarement en fer), la simandre symbolise autant le bois de la croix que la matérialité du culte. Depuis la célébration de la Cène, dernier repas de Jésus avant sa Passion, et jusqu’à l’annonce de sa Résurrection au coeur de la nuit de Pâques, la simandre remplace les cloches.

Abandonnée en Occident vers le Vème siècle au profit des cloches en métal, les communautés persécutées trouvent dans la simandre une solution pour rythmer la vie religieuse lorsque l’usage des cloches leur est interdit.

Les coups donnés ne sont pas le fruit du hasard ou de la vigueur du sonneur… on peut relever un ensemble de formules rythmiques propres à tel ou tel événement sacré annoncé par l’usage de la simandre. La frappe, lorsqu’elle se fait en continu, s’effectue de plus en plus rapidement jusqu’à être conclue par trois grands coups espacés dans le temps. L’usage le plus fréquent consiste à frapper un coup puis trois autres rapprochés.

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