Brésil – Réouverture de l’enquête sur l’assassinat du jésuite missionnaire défenseur des indigènes

Brésil – Réouverture de l’enquête sur l’assassinat du jésuite missionnaire défenseur des indigènes

Kiwxí était le nom indien du Frère Vicente Cañas, missionnaire jésuite espagnol qui, en compagnie de son confrère, le Père Thomaz Aquino Lisbôa, prit, dans les années 1970, les premiers contacts avec les peuples indigènes vivant isolés dans le nord-ouest du Mato Grosso. Pendant plus d’une décennie, le prêtre vécut avec différentes populations indigènes (Tapayuna Indians, Paresi, Mÿky et Enawene Nawe), en partageant les us et coutumes, défendant les terres indigènes de propriétaires terriens désireux de se les approprier et luttant avec le gouvernement brésilien afin que soit établie une démarcation officielle, ce qui fut chose faite après sa mort violente. Ces missionnaires furent les fondateurs du Conseil indigène missionnaire du Brésil (CIMI) et membres de l’opération Anchieta (OPAN).
Ainsi que l’indiquent les informations envoyées à l’Agence Fides, le Frère Vicente Cañas est né à Albacete, en Espagne le 22 octobre 1939. A 21 ans, il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus, où il mûrit sa vocation missionnaire. En la fête de Saint François Xavier de 1965, il reçut le crucifix missionnaire et, le 19 janvier suivant, arriva au Brésil. En 1968, sa nouvelle destination fut le Mato Grosso, où il s’engagea sans réserve en faveur de l’inculturation des peuples indigènes. Progressivement, il devint l’un d’entre eux, participant à leurs rituels, à la pêche, au travail, à la production d’objets et ustensiles artisanaux. Il apprit leur langue et écrivit un journal de plus de 3.000 pages qui revêt une grande valeur anthropologique, dans lequel il est possible de comprendre son attention envers les petites choses et où sont également notées les menaces de mort dont il a fait l’objet.
Il s’était bâti une cabane sur le fleuve Juruena, à quelques 60 Km du village d’Enawene Nawe, où il se retirait sporadiquement pour écouter de la musique classique, réorganiser ses pensées et communiquer avec le monde extérieur en tant que radioamateur. Là il vivait également ses périodes de maladie, afin de ne contaminer personne au village et quittait ses vêtements pour s’habiller comme un indien. En remontant le fleuve en barque pendant quelques six heures, il parvenait au village des Enawene Nawe. En 1974, ce dernier comptait seulement 97 indigènes alors qu’ils sont aujourd’hui un millier, également grâce au travail de ce missionnaire.

Le Frère Vicente Cañas fut martyrisé à 48 ans, en avril 1987, probablement entre le 6 et le 7 du mois selon le calcul effectué sur la montre qu’il portait. Parmi les signes du meurtre violent, on nota alors la cabane mise sans dessus dessous, les lunettes et les dents cassées, des blessures sur le crâne et une perforation dans la partie supérieure de l’abdomen. Son corps, laissé en pâture aux animaux, fut retrouvé 40 jours après, momifié et conservé. Au matin du 22 mai, il fut enterré selon les habitudes des indiens, par de nombreux représentants des peuples indigènes Enawene Nawe, Rikbaktsa et Myky et différents missionnaires et laïcs.

Le premier procès sur cette affaire eut lieu seulement en 2006, soit 19 ans après les faits et les inculpés furent acquittés pour manque de preuves. Le 29 novembre prochain aura lieu à Cuiabá (Brésil) un nouveau procès visant à juger le seul survivant des inculpés du précédant, à savoir le délégué de la police civile, Ronaldo Antônio Osmar, désormais en retraite, accusé d’avoir participé au crime.
La cause de Kiwxí se place sur le chemin de préparation du Synode pour l’Amazonie, proclamé par le Pape François pour 2018, attirant à nouveau notre attention sur ceux qui, aujourd’hui encore, défendent au prix de leur vie, les droits fondamentaux des populations indigènes et le besoin de préserver l’Amazonie.

 

Source Agence Fides

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