Chine – Pékin réaffirme sa politique de ‘sinisation’ des religions

Chine – Pékin réaffirme sa politique de ‘sinisation’ des religions

L’Association patriotique des catholiques chinois fêtait le 19 juillet dernier son soixantième anniversaire. La veille, le Directeur de l’Administration d’Etat des Affaires Religieuses rappelait dans la presse la politique définie par les autorités communistes à l’égard des religions. Un calendrier pas si anodin.

Le 19 juillet dernier, était commémoré le soixantième anniversaire de l’Association patriotique des catholiques chinois, au Grand Hall du peuple puis à la cathédrale de Pékin. Créée le 2 août 1957, cette structure a été imposée par le régime communiste pour exercer de l’intérieur un contrôle sur l’Eglise catholique. L’organisation de cette cérémonie, similaire à celle de la IXe Assemblée nationale des représentants catholiques organisée en décembre dernier, témoignait du contrôle des autorités communistes sur ces instances.

Le contrôle évident des autorités communistes sur l’organisation des commémorations

Au Grand Hall du peuple, le discours d’ouverture était prononcé par Yu Zhengsheng, membre du Comité permanent du Bureau politique du Parti communiste et président de la Conférence consultative politique du peuple chinois. Il a rappelé la politique des autorités communistes : mettre en œuvre la ‘sinisation’ (zhongguohua) de l’Eglise catholique en Chine, ce qui consiste à faire adhérer les religions à la politique du Parti communiste.

A ses côtés se tenaient Liu Yandong, Vice-Premier ministre, et Sun Chunlan, directrice du Département du Front uni, instance sous laquelle sont placées les cinq religions officiellement reconnues en Chine populaire (bouddhisme, taoïsme, islam, protestantisme et catholicisme).

Autorités politiques et religieuses, légitimes et illégitimes, ont tour à tour pris la parole, témoignant ainsi de la complexité de la situation dans laquelle se trouve actuellement l’Eglise catholique en Chine.

Parmi les représentants des évêques légitimes figuraient des personnalités très impliquées dans les structures « officielles » de l’Eglise. Président de l’Association patriotique depuis décembre 2010, Mgr John Fang Xingyao, évêque de Linyi (dans le Shandong) est un prélat reconnu par Rome et connu pour sa proximité avec les autorités chinoises ; il a notamment participé à de nombreuses ordinations illégitimes. Etait également présent Mgr Fang Jianping, de Tangshan (dans le Hebei), vice-président du « Conseil des évêques catholiques de Chine ». Cette instance réunit les évêques « officiels » de Chine et n’est pas reconnue comme Conférence épiscopale par le Vatican.

Reconduit à la tête du Conseil des évêques catholiques de Chine en décembre dernier, Mgr Ma Yinglin, évêque illégitime de Kunming, dans le Yunnan, a prononcé le discours de clôture de cette commémoration, pendant laquelle l’hymne national et des prières ont été prononcés. Plus tard dans la soirée, des chants religieux et patriotiques ont retenti dans la cathédrale de Pékin.

L’intervention médiatique du directeur de l’Administration d’Etat des Affaires religieuses

La veille de ces commémorations était publié dans le Global Times, quotidien d’Etat, un article consacré aux déclarations de Wang Zuo’an, directeur de l’Administration d’Etat des Affaires religieuses (instance gouvernementale qui contrôle la politique religieuse du pouvoir en place) adressées au Qiushi (‘A la recherche de la vérité’, magazine idéologique du Comité central du Parti).

La date de publication des articles ne semble pas anodine et, même si l’Association des taoïstes chinois a célébré son soixantième anniversaire le 17 juillet, ces déclarations semblent concerner en premier lieu les catholiques chinois. Christianisme et islam sont en effet considérées comme des religions non traditionnelles en Chine.

Le directeur de l’Administration d’Etat des Affaires religieuses a insisté sur le fait que les religions devaient être ‘sinisées’. Il a notamment affirmé que « des forces étrangères avaient utilisé la religion pour infiltrer la Chine ; l’extrémisme et les activités religieuses illégales se sont développées en certains endroits, ce qui constitue une menace pour la sécurité nationale et la stabilité sociale ».

En avril 2016, lors d’une réunion sur la religion et la politique religieuse du Parti et du gouvernement organisée à huis clos, le président Xi Jinping réaffirmait la volonté des autorités chinoises de mettre en œuvre cette politique de ‘sinisation’. Le « Plan de travail pour 2017 » de l’Administration d’Etat des Affaires religieuses, publié le 26 janvier dernier, avait rappelé cet objectif. Concrètement, concernant l’Eglise catholique en Chine, cela signifie que les autorités chinoises entendent choisir et ordonner les évêques « sans ingérence de la part du Vatican ».

« Les membres du Parti ne devraient pas avoir de croyances religieuses […]. Ils devraient être des athées marxistes convaincus, obéir aux règles du Parti, et adhérer fermement à l’idéologie du Parti » a par ailleurs rappelé le directeur de l’Administration d’Etat des Affaires religieuses. En Chine, il est interdit aux fonctionnaires, en fonction et retraités, de pratiquer une religion.

En 2007, le pape Benoit XVI avait adressé une lettre à l’Eglise catholique en Chine lui faisant part de sa compréhension de la complexité de la situation dans laquelle elle se trouvait, en raison des organismes imposés par le pouvoir pour contrôler l’Eglise. Etait implicitement visée l’Association patriotique des catholiques chinois, qui fêtait son cinquantième anniversaire cette année-là.

Source : Eglises d’Asie

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