« Corps et Âmes » : un film sur des handicapés pas pauvres du tout

« Corps et Âmes » : un film sur des handicapés pas pauvres du tout

Par les corps, aux âmes” : c’est la devise de l‘Ordre hospitalier Saint-Jean de Dieu, fondé au XVI° siècle par saint Jean de Dieu, Joao Ciudad de son vrai nom, et qui accueille aujourd’hui encore 1.200.000 personnes par an au sein de ses 454 établissements répartis dans 53 pays à travers le monde.

En France, il est reconnu d’utilité publique depuis 1989 et gère notamment le Centre médico-social Lecourbe à Paris. C’est dans ce centre, qui accueille et accompagne 196 enfants, adolescents et adultes en situation de handicap, qu’a été tourné le film “Corps et âmes“, dont le titre est inspiré de la devis de l’Ordre.

Ce documentaire est une véritable irruption et une ballade dans la vie pleine d’espoirs, de souffrances, d’exclusions mais surtout de bonheur et de sourires des résidents du centre Lecourbe. 

« Mais le pauvre ! – Pauvre de quoi ? » : voilà les premiers mots de l’infirmière en fauteuil roulant qui soigne les enfants en situation de handicap au Centre médico-social Lecourbe dans le documentaire Corps et Âmes.

Des paroles qui en disent long sur la suite du film. Non, ils ne sont pas pauvres, en tout cas, ils ne se sentent pas pauvres. Le documentaire de Grégoire Gosset et Loïc Wibaux nous plonge dans une aventure fantastique aux côtés de Guy, Jérémy, Alexandre ou encore Emilia. « Pauvre de quoi ? », sûrement pas de sourires, ni de rires et encore moins de bonheur. « C’est pas un malheur, c’est un bonheur. On est tous frères. On est tous pareils, nous sommes tous égaux » explique Emmeran, petit garçon de 13 ans, dans son fauteuil roulant, le sourire aux lèvres. « Le bonheur dans ce magnifique centre, c’est la joie » rajoute Jérémy, 14 ans dont les quatre membres sont paralysés.

Tous les sentiments…

Plaisir, bonheur, espoir, désillusion, jalousie, sourire, émotion : tant de sentiments dans un documentaire de moins d’une heure. Moins d’une heure où nous vivons avec Obed dans son studio, avec Ana qui rend visite à Sylvain, avec Guy qui compose des chansons ou avec Emmeran qui écrit un poème à sa maman. Moins d’une heure en mémoire d’Azylis, « une petite fille pleine de vie, une petite fille solaire, d’une extrême douceur qui nous a quittés en février dernier » explique Clarisse Ménager, la directrice du Centre. Moins d’une heure de « déclaration d’amour et de fraternité, de profession de foi à l’attention des politiques publi­ques et d’un projet d’établissement qui cherche à attirer de nouveaux financements et soutiens pour optimiser la personnalisation des projets de vie » précise Clarisse Ménager.

Ce documentaire faillit être appelé « Rencontre-moi », selon le souhait des résidents du centre pour que les gens n’aient plus peur du handicap. « Avant ce n’était pas forcément évident de faire un film là-dessus, puis on oublie le handicap et on voit une personne. Le handicap passe en second plan » explique Grégoire Gosset. Pour que, comme les réalisateurs du film, le handicap devienne un élément constitutif. Pour que comme pour eux, le handicap passe au second plan et qu’il ne reste qu’une personne. « Bien au-delà d’un film institutionnel pour mieux faire connaître nos missions, nous avons souhaité que ces missions soient portées, traduites et racontées par les personnes accueillies elles-mêmes, sans fard ni misérabilisme, mais avec la conviction que personne d’autre n’en parlerait mieux qu’elles-mêmes. Avec justesse, dans leurs “Corps et âmes”. Pour réaliser ce documentaire, nous avons choisi Grégoire Gosset, accompagné de Loïc Wibaux. Son engagement, sa profondeur et son humanité nous ont particulièrement convaincus » continue Clarisse Ménager.

Espoir en l’avenir

 Aujourd’hui, pour les résidents du Centre médico-social Lecourbe, l’après est fait d’espoirs. Pour Guy, 22 ans, c’est « apprendre à nous connaître un peu plus. Allez plus loin que ça ! ». Pour Jérémy, 14 ans, c’est « encore et toujours plus d’accessibilité. Que les gens soient fiers de nous et qu’on nous prenne pour des personnes normales ». Et pour Alexandre, 24 ans, c’est « une société plus ouverte, que les gens n’aient plus peur des handicapés, nous sommes tous des personnes au fond ».

Un objectif atteint pour Corps et Âmes ! Le documentaire a réussi à transmettre les appréhensions des acteurs, leurs joies, leurs espoirs, leurs attentes et permet aujourd’hui au grand public de se retrouver confronté au handicap dans sa simplicité et sa beauté et de ressortir réconcilié avec la ­gêne de cette différence.

Beaucoup d’efforts pour ce film où les acteurs, ce sont les personnes handicapées elles-mêmes ! Où la tristesse, l’espoir et l’amour sont au rendez-vous. Où l’avenir est devant eux et où les peurs, avec chance, resteront derrière, dans un lointain passé.

Un film à visionner !

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