Edito #11 : Eglise médiatrice de paix

Edito #11 : Eglise médiatrice de paix

Pour nous Européens, l’Eglise médiatrice entre belligérants, cela renvoie aux temps anciens. La trêve de Dieu médiévale, les ambassades pontificales entre souverains chrétiens (qu’on n’apprend plus à l’école de nos jours) nous semblent d’un autre temps et, engoncés dans notre laïcisme étroit qui ne cesse de reléguer l’Eglise dans ses sacristies plus ou moins poussiéreuses, nous n’imaginons plus que cette vieille dame puisse avoir encore quelque poids.

Et pourtant, l’actualité du monde de ces dernières semaines nous révèle une Eglise dynamique qui n’hésite pas à arpenter les no man’s lands de sa propre initiative ou souvent à la demande même des belligérants. No man’s land au sens propre, c’est bien ce que l’évêque de Yei entend traverser, check-point après check-point, pour aller proposer sa médiation aux rebelles du Soudan du Sud. Il n’est pas le seul évêque d’Afrique ou d’Amérique du Sud à s’engager personnellement ou en corps épiscopal pour la paix. Ainsi, c’est sous l’œil attentif de l’Eglise de Colombie que les pourparlers ont repris. C’est à la maison diocésaine de Kinshasa que les opposants congolais se sont retrouvés la nuit de la Saint-Sylvestre. Et ce n’est pas pour gagner ses bonnes grâces que les communistes d’Irak ont remercié le patriarche de Babylone pour sa contribution à la reconstruction nationale.

 

Avant que la situation ne dégénère, l’évêque de Zinguinchor tente d’appeler les opposants au président gambien à la raison, alors que ce dernier refuse de partir. C’est à la démission, en revanche, que l’épiscopat de Corée du Sud appelle le chef de l’Etat. Pour sa part, le cardinal Kutawa, face à la banalisation de la violence en Côte d’Ivoire pose la question : serions-nous devenus sadiques ?

Autant d’engagements concrets pour la paix, parfois au péril de sa vie, d’un épiscopat à la foi témoin et acteur de la paix. Quel signe fort pour le monde que celui envoyé par le corps du Christ engagé pour la paix. Certes, avec la paix, reviennent la stabilité et la sérénité nécessaires à l’accomplissement de chaque personne humaine. Mais outre le combat pour le bien des peuples, l’engagement pour la paix rappelle la vocation même de l’homme à l’amour. La paix n’est pas l’absence de guerre, comme si l’état naturel des choses était la guerre entrecoupée de temps de répit. La paix que donne le Christ n’est pas l’absence de conflit. Lorsqu’il souhaite la paix à ses apôtres après la résurrection, c’est bien la force de la paix profonde qu’il appelle sur eux. La paix est avant tout une stabilité dans les relations, une sérénité. La paix comprend la fidélité, la confiance. Parce qu’on a confiance en l’autre on ne se prépare pas à la guerre. Confiance en ce qu’est l’autre et donc en sa parole qui rend pérenne la paix. Or si l’Eglise, encore aujourd’hui, et n’en déplaise aux laïcards, est autant sollicitée et écoutée comme médiatrice entre les peuples divisés, c’est bien parce qu’on lui fait confiance. Autrement dit, les deux parties savent que l’Eglise cherche le bien des deux. Voilà le crédit de l’Eglise médiatrice entre les hommes. Son intérêt réside dans la concorde des peuples, car la paix est un signe même de la présence de Dieu.

Quel contraste entre ces pays en conflits où les évêques prennent la mesure de cette force morale qu’est l’Eglise, et notre continent endormi et muselé par la peur de l’ostracisme des bien-pensants. Car nos conflits ne sont peut-être pas armés, mais les divisions dans le monde occidental existent bel et bien tant la conviction marxiste du rapport de force est devenue le reflexe inconscient de ce monde en crise et en conflit constant, malgré des traités de paix en bonne et due forme.

 

C’est bien cette actualité riche de l’Eglise universelle que nous vous invitons à découvrir chaque jour sur InfoCatho.

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