Edito #33 – Sacré-Cœur ou la vraie vocation de la France ?

Edito #33 – Sacré-Cœur ou la vraie vocation de la France ?

Nous allons célébrer cette semaine la solennité du Sacré Cœur de Jésus. Une fête qui revient au goût du jour après avoir été décriée, politisée puis oubliée. Cette fête liturgique est aussi une dévotion, c’est-à-dire, comme le rappelle saint François de Sales dans son Introduction à la vie dévote, un degré éminent d’amour sacré. La dévotion n’est en rien une piété magique ou superstitieuse. Loin d’attendre une récompense, un cœur dévot se consume d’amour pour l’objet de sa dévotion. Dans l’antique Rome, la dévotion est une forme particulière de vœu. On se voue à la divinité. La conception chrétienne de la dévotion est, au sens fort, le don de son âme par amour, la consécration même de son désir amoureux. Ainsi consécration et dévotion au Sacré Cœur sont un seul et même mouvement de don de soi. Mais l’amour qui préside au don a ceci de particulier qu’il est un mouvement qui suppose aussi de recevoir. Ainsi la dévotion n’est-elle pas une soumission servile, mais l’échange amoureux de don et contre don entre le dévot et l’objet religieux de sa dévotion. Cet échange n’est pas de la même intensité s’il s’agit d’un saint, fût-ce la Sainte Vierge, et l’une des personnes de la sainte Trinité.

La dévotion au Sacré Cœur est, par excellence, une dévotion amoureuse qui exprime avec une intensité particulière l’amour de l’amour même qu’est ce Cœur qui a tant aimé les hommes. Mais il s’agit d’un cœur transpercé, un Cœur qui a souffert par amour. La dévotion au Sacré Cœur n’est pas un amour éthéré et désincarné. Il est dévotion, c’est-à-dire qu’il comprend en lui un lien particulier à la souffrance même de ce Cœur, non par dolorisme masochiste, mais par la conscience émerveillée de de ce qu’a dû être l’intensité amoureuse de ce Cœur pour accepter de tant souffrir alors qu’un mot lui eut suffi pour réduire à néant ses bourreaux. Oui, la dévotion au Sacré Cœur est un émerveillement passionné devant ce que ce sacrifice sanglant signifie d’amour pour chacun et pour l’humanité. La dévotion comprend une infinie reconnaissance qui place l’homme tout autant dans la plaie du côté du Christ qu’à ses pieds. Par cette dévotion, l’Homme se reconnaît à la fois infiniment petit et débiteur face à la majesté divine. Il ne peut que rester contrit, humble et reconnaissant, sans pourtant être écrasé, parce qu’il contemple en même temps que la distance entre lui et la pureté infinie de la gloire divine, l’amour qui, le relevant, le hisse des divins pieds au divin Cœur, jusqu’au glorieux visage dont il est l’image restaurée. Petit et grand dans un seul mouvement de contemplation de ce Cœur qui remet l’homme à sa juste place de créature, mais de créature sauvée parce qu’infiniment aimée.

Aussi cette dévotion appelle à une consécration qui unit le dévot non seulement au Christ, mais particulièrement à la mission même de ce Sacré Cœur qui a accepté de se perdre Lui-même, pour le salut, c’est-à-dire le bonheur éternel de l’homme déchu par son orgueil qui le voulait comme Dieu. La consécration invite celui qui est fasciné par cette démarche amoureusement douloureuse du Christ, à entrer à son tour dans cette communion au Sacré Cœur, c’est-à-dire à cette participation particulière à l’œuvre salvifique du Cœur transpercé. Si une telle démarche semble surréaliste et impossible à vue humaine (et elle l’est), il n’est rien de plus simple pourtant, puisqu’il s’agit de tout remettre, avec une confiance et un abandon total, à la sagesse de Dieu. Comment ne pas faire confiance, en tout, à Celui qui a accepté de tout endurer, avec succès, pour nous ? Ainsi la spiritualité du Sacré Cœur est-elle la simple dévotion du quotidien de tout chrétien qui cherche à faire, comme le Christ, la volonté du Père, qui, comme saint Paul, espère pouvoir dire « ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi ». Et là, en effet, c’est impossible à l’homme seul tant ses réticences, ses peurs et finalement son manque de confiance amoureuse l’entravent dans son carcan sécuritaire. Comme si Dieu ne ferait pas au moins aussi bien que nous. Si la dévotion au Sacré Cœur est l’amour reconnaissant de cet époustouflant sacrifice amoureux, la consécration est le double mouvement de réponse du dévot à cette démarche amoureuse du Christ et de supplication de son aide pour être à la hauteur amoureuse d’un tel don. Par la consécration, le Sacré Cœur Lui-même s’engage à nous porter sur son Cœur pour nous permettre de répondre, toujours plus librement, à son invitation à la perfection amoureuse. Ainsi, comme le dit saint Cyprien aux martyrs, c’est le Christ qui combat en vous.

Pour nous, Français, cette dévotion prend une connotation nationale particulière qui lui a valu d’être parfois récupérée politiquement. Mais le Sacré Cœur, en demandant à tant de reprises la consécration du pays, ne l’entendait-il pas lui-même ainsi, à la lumière cependant d’un rapport juste entre le spirituel et le matériel ? Une vision théologique de la politique n’est nullement une conception théocratique de la cité. Le Christ veut la France en son Cœur, c’est-à-dire qu’il attend, d’une façon particulière et mystérieuse, que chaque Français vive de la sève même de cet amour émerveillé de son sacrifice salvateur. Pourquoi ? Pourquoi le Christ désire-t-il si particulièrement cela des Français ? Sans doute parce que la véritable vocation de la France est à chercher dans ce Cœur qui a tant aimé le monde et qui a voulu donner, sur son sol, cette aide insurpassable pour le salut et tellement porteur d’espérance qu’est la consécration à son divin Cœur.

C’est dans cette veine qu’InfoCatho a invité ses lecteurs tout au long de ce mois de juin à mieux connaître cette « dévotion » et à prier pour la France le Sacré Cœur.

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Edito #33 : « Sacré-Cœur ou la vraie vocation de la France ? »

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