Edito #59 – Quand le temps ordinaire revient à caser Dieu dans les trous

Edito #59 – Quand le temps ordinaire revient à caser Dieu dans les trous

Le temps de Noël s’est achevé, pour les fidèles qui suivent la forme ordinaire du rite latin, et nous entrons déjà dans le deuxième semaine du temps dit ordinaire. Si la formule campe un peu plus la dimension incarnée de la vie du catholique, elle a aussi parfois tendance à affadir l’ancrage dans le temps liturgique et les temps qui ne sont pas en verts apparaissent souvent comme les parenthèses, un peu exceptionnelles, de la vie spirituelle, comme si nous quittions le temps de Dieu, pour rejoindre le temps des hommes. Et la tension de l’Avent qui imprégnait un peu plus de divin notre quotidien, les efforts de carême qui rappelaient Dieu à notre bon souvenir dans le plus concret de notre vie, la joie de ressuscité qui nous portait en ces temps « extras » ordinaires, retombent dans la grisaille du temps où la vie du monde reprend ses droits. La place un peu plus importante que nous avions faite à Dieu en ces jours violets ou dorés, rétrécie comme peau de chagrin, même si parfois, les effets et résolutions débordent encore un moment.

Finalement, en retournant au temps ordinaire, nous avons retourné aussi nos hiérarchies, au sens le plus étymologique du terme, et nous casons Dieu dans les trous d’un emploi du temps débordé de priorités humaines. N’est-il, du reste, pas surprenant que ce temps moderne, qui refuse Dieu, prenne l’homme à la gorge au point de le contraindre, pour sa survie biologique et sociale à courir derrière le temps qui lui assure l’argent nécessaire pour vivre ? La vie, aujourd’hui, a exclu Dieu de ses priorités, mais aussi de sa finalité la plus ordinaire. Sauf en des cas extrêmes où nous nous rappelons que nous ne pouvons négocier certains points, certaines vérités, nous, catholiques, comme les autres, casons, Dieu dans ce qui reste de notre temps, au lieu d’organiser notre emploi du temps autour de ce point axial qu’est la vie avec Dieu. Si saint François de Sales, nous précise bien qu’il ne s’agit pas pour un artisan de passer autant de temps à la chapelle qu’un moine, il n’en rappelle pas moins que la vie quotidienne tient sa colonne vertébrale de la place centrale que nous accordons à Dieu.

Au fond, la vie du Ciel n’est que la continuité de la vie ici-bas, alors que pour beaucoup, elle consiste en une rupture qui suppose la fin d’activités ou de jouissances. Tout au contraire, saint Thomas d’Aquin nous rappelle que tout ce que nous faisons sur terre de plus pragmatique a pour but la vie intime avec Dieu. Si je mange, c’est pour avoir des forces pour prier. Si je travaille c’est pour œuvrer à l’œuvre divine et participer à l’acte créateur et salvifique du Christ. Loin de cette compréhension de notre vie entre terre et ciel, nous casons le ciel au milieu des préoccupations du monde. Il ne s’agit pas de s’extraire du monde, mais de réorienter la finalité quotidienne de notre vie et ainsi de l’unifier jusqu’au plus ordinaire de sa banalité. Nous sommes faits pour Dieu et il parait donc incongru que dans notre quotidien, nous n’ayons pas de temps pour Dieu. Pourtant, le psalmiste nous le rappelle, son ordinaire, c’est la louange.

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Edito #59 – Quand le temps ordinaire revient à caser Dieu dans les trous

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