Elections – Les Semaines Sociales de France et Habitat et humanisme répondent à La manif pour tous

Elections – Les Semaines Sociales de France et Habitat et humanisme répondent à La manif pour tous

Nous avions publié le communiqué de La manif pour tous opposée à Emmanuel macron. Voici la réponse de Jérôme Vignon, président d’honneur des Semaines sociales de France et Bernard Devert , président d’Habitat et Humanisme.

 

 

L’équipe dirigeante actuelle de l’organisation « La Manif pour tous » a lancé le 25 avril une consigne de vote appelant le 7 mai à dire « Non à Macron », « un candidat qui privilégie l’argent à l’humain ». Ces propos heurtent une grande partie de ceux qui ont manifesté en 2013 à l’appel de cette organisation. Rappeler l’importance du droit à la filiation biologique ne conduit pas pour autant à se laisser abuser par la politique familiale dessinée par Marine Le Pen ni surtout à méconnaître les graves implications du projet alternatif de société dont elle se réclame.

Au-delà des apparences de la générosité sur le chapitre des aides et des services aux familles dans les propositions de Marine Le Pen, il faut prendre conscience de ce qu’elles ne comportent aucune garantie de financement, à l’instar de l’ensemble d’un programme dont les recettes sont faibles ou hasardeuses, remises aux aléas des effets positifs d’une large dévaluation et d’une main mise sur la monnaie nationale.

Les concessions importantes du programme familial de Marine Le Pen aux préoccupations sociétales de la sensibilité catholique méritent elles aussi la prudence. La suppression annoncée oralement de la Loi Taubira et son remplacement par un Pacs amélioré sont assortis de l’annonce par la candidate frontiste d’une soumission ultérieure à référendum du rétablissement de cette même loi Taubira.

Mais surtout certains des présupposés généraux des propositions familiales de Marine Le Pen ne peuvent que susciter l’inquiétude et le rejet de la part de la pensée sociale chrétienne, lorsqu’elles s’affirment comme « une vraie politique nataliste » (que devient alors le primat accordé au bien de l’enfant ?) et lorsqu’elles affichent la discrimination à l’encontre des familles étrangères vivant en France (fin des allocations familiales lorsque les deux parents sont étrangers) et la fin du droit inconditionnel au regroupement ou au rapprochement familial.

Les propositions d’Emmanuel Macron sont moins généreuses au sens strict de la politique familiale, mais au moins finançables. Elles sont précises et pertinentes sur des chapitres essentiels du bien-être des familles tels que le logement, l’éducation et la lutte contre la pauvreté qu’on ne peut dissocier d’une politique générale de la famille. Elles entérinent sans les amplifier les transformations en cours de la relation vie de travail, vie de famille. Elles peuvent sur certains points susciter la réserve des consciences catholiques en ne remettant pas en cause la rupture de la filiation biologique instaurée par la Loi Taubira telle qu’elle est, en prenant le risque d’admettre dans certaines conditions la reconnaissance dans le droit français de l’identité d’enfants nés sous GPA à l’étranger. Encore ces propositions critiquables sont-elles inscrites dans une volonté de dialogue et de respect des contrepouvoirs éthiques tels que le Comité national d’éthique, lieu d’expression pluraliste de toutes les convictions philosophiques et religieuses dans notre pays.

De telles précautions de dialogue et de pluralisme, la perspective ouverte par le changement de société promis par Marine Le Pen ne s’embarrasse pas. Ce changement fait au contraire de l’homogénéité culturelle de la France contre les étrangers et contre l’Europe son drapeau exclusif. Il s’érige en juge de ceux qui méritent de faire partie du peuple et fait de ceux qui ne le méritent pas les boucs émissaires de nos difficultés : n’est-on pas alors très loin de l’Évangile (Matthieu 25) ? Le climat que cette vision annonce est incompatible avec l’apport de toutes les familles à la paix sociale. Il est à l’opposé de la recherche du bien commun, clef de voute d’une perspective chrétienne pour la vie publique.

Nous faisons confiance aux responsables de la Manif pour tous pour réfléchir aux conséquences néfastes de leur appel et serons toujours disponibles pour un dialogue.

 Source

 

Pour aller plus loin, position du Saint Siège sur la défense de la vie et la politique.

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