Et pendant ce temps de l’autre côté du cordon, un certain 16 octobre 2016

Et pendant ce temps de l’autre côté du cordon, un certain 16 octobre 2016

 

Ayant subi un petit contretemps, je me suis trouvé contraint de chercher à rejoindre les rangs de La Manif en cours de cortège. Quelle ne fut pas ma surprise, descendu Pont de l’Alma, de voir un groupe de jeunes, de noir vêtus, courir derrière un leader aux cheveux tressés les exhortant à bloquer la route, alors que des CRS et des gendarmes nerveux faisaient hurler leurs sirènes. L’un deux avait, bien enroulé, un drapeau rose de La Manif, bien décidé à faire porter ses exactions aux manifestants. A peine le temps de traverser le pont et voici, tel un essaim, un autre groupe qui se propulse de trottoirs en trottoirs, désespérés car « même les touristes ne peuvent franchir le cordon ».

Les voici alors, hagards, cherchant comment s’avancer et s’opposer à ces manifestants qui « de l’autre côté du cordon » ne sentent pas un instant la tension palpable à l’extérieur du périmètre. Jeunes excités et remontés, policiers sur les nerfs, pressant vertement les automobilistes de se pousser pour laisser le convoi de camions se précipiter autour de la place, tel est le tableau aux abords du Trocadéro.

Reportant leur fiel, ces jeunes « Français de souche » (sans délit de faciès aucun, mais ils ne ressemblaient nullement à des terroristes), garçons et filles d’une petite vingtaine d’années, ont décidé de partir à la recherche de manifestants.  « Tu sais, ils sont facile à reconnaître ». Visiblement, je ne devais pas avoir le look ad hoc, puisqu’ils déambulaient autour de moi sans m’inquiéter. Ils me rappelaient ces deux jeunes du matin, à deux pas du colloque ICHTUS, se donnant rendez-vous l’après-midi pour « casser du manifestant ».

Et en effet, il faut faire un détour certain pour pouvoir accéder, enfin, au reste du cortège. Au pied du musée de la marine, face au barrage de sécurité, mon attention est attirée par d’autres, moins jeunes (une trentaine d’années), toujours de noir vêtus. Alors que je m’apprêtais à rentrer dans la suite du cortège, une petite phrase me fit transformer mon pas de charge en hésitation du badaud perdu. «  On entre en force dès qu’ils sont là. En cas de pépin, l’issue est à gauche du podium ». Je trainasse autour d’eux. «  Ok c’est bon ils arrivent on va pouvoir y aller. Ça va être chaud ». Le temps de contacter quelques personnes de l’organisation, ils avaient disparu. Je les ai retrouvés bloqués et fort dépités quelques rues plus loin. Ils avaient rejoint d’autres « contre-manifestants » qui avaient l’air abattu et triste. Sans doute l’échec de leurs diversions, leur petit nombre les désolaient d’autant plus que 200 000 personnes s’étaient encore massées sur l’esplanade.

Une ambiance électrique donc, qui s’est muée en silence désabusé tandis que de l’autre côté du cordon, la fête bonne enfant battait son plein, sans se douter de la petite poudrière qui les entourait.

 

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