Jésus nous affranchit-il de l’obéissance à la Loi ?

Jésus nous affranchit-il de l’obéissance à la Loi ?

du père Daniel Pattee, traduit par Bernadette Cosyn pour France-catholique :

*Le père Daniel Pattee a enseigné la théologie durant 29 ans. Il est actuellement aumônier des sœurs carmélites du Très Saint Cœur à Alhambra (Californie).

Non, ce n’est pas possible puisque l’Ecriture nous enseigne que le « sans foi ni loi », un jour, « sera démasqué, lui que le Seigneur [Jésus] fera mourir du souffle de sa bouche et rendra impuissant par la manifestation de son retour » (2Thessaloniciens 2:8 et Apocalypse 19:15). Jésus et le « sans foi ni loi » sont diamétralement opposés.

Ceci est l’enseignement apostolique auquel l’Ecriture rend témoignage ; c’est donc un enseignement irrévocable. L’Eglise ne peut pas bénir, sanctifier ou tenter de sanctifier la désobéissance à la Loi ; Jésus nous appelle au contraire « à nous repentir et à croire à la bonne nouvelle » (Marc 1:15).

Ailleurs, Jésus enseigne qu’Il n’est pas venu abolir la Loi, c’est à dire instituer la désobéissance à la Loi comme mode de vie : « ne croyez pas que je sois venu abolir la Loi et les prophètes. Je suis venu, non pour abolir mais pour porter à son achèvement. Amen, je vous le dis, avant que le ciel et la terre ne passent, pas une lettre de la loi, pas même un point sur un i, ne passera, avant que toutes choses n’aient pris place » (Matthieu (:17-18).

Alors, pour s’assurer que nous comprenions, Jésus a poursuivi : « en conséquence, quiconque viole l’un des plus petits de ces commandements et enseigne aux autres à faire de même sera considéré comme le plus petit dans le royaume des cieux, et quiconque aura respecté et enseigné ces commandements sera considéré comme le plus grand dans le royaume des cieux » (Matthieu 5:19). Alors, si « l’accomplissement de la Loi » ne signifie pas sa suppression, que signifie-t-il ?

Notre foi affirme fermement que nous avons été libérés de la condamnation de la Loi, non pas en demeurant délibérément dans son ignorance, mais par la foi en Jésus-Christ, le seul juste. Saint Paul enseignait que l’Ecriture « a tout soumis au pouvoir du péché, afin que par la foi en Jésus-Christ la promesse puisse être accordée à ceux qui croient » (Galates 3:22 et Romains 11:32).

Cependant, sans la Loi, il n’y a pas de péché, c’est pourquoi « la mort a régné de d’Adam à Moïse » (Romains 5:14) et continuera de régner si dans notre liberté nous persistons à ignorer la Loi de Dieu.

Là où il n’y a pas de loi, ce qui signifie ici pas de Loi de Dieu, il n’y a pas de transgression. Saint Paul enseignait : « jadis je vivais sans Loi, mais quand le Commandement est survenu, le péché a pris vie et moi je suis mort, et le Commandement qui était pour la vie est devenu pour moi cause de mort » (Romain 7:9)

Nous débarrasser de la condamnation en ignorant la Loi de Dieu ou en faisant semblant qu’elle n’a plus cours, revient à une tentative pélagienne de nous prétendre innocents. Une telle innocence auto-proclamée aboutit à une sorte d’incroyance bienveillante pour laquelle Jésus est vu comme un grand homme ou un homme de bien, comme Moïse ou Bouddha, mais rien qu’un homme cependant – et inutile la plupart du temps.

Mais l’Evangile ou « bonne nouvelle », au moins pour une part, implique que notre être est libéré de la condamnation par la Loi de Moïse. Après tout, la Loi ne fait rien d’autre que surveiller le comportement humain et condamner ceux qui la violent : « maudit soit celui qui faillit à observer toutes les clauses de cette Loi » (Deutéronome 27:26).

L’Ancien Testament est un dossier de la fidélité de Dieu face à la faillite humaine dans l’observance de la Loi ; Dieu a été gravement offensé en d’innombrables occasions par les transgressions de nos ancêtres. Nous n’avions rien sur quoi nous appuyer, rien pour nous recommander favorablement à Dieu avant la venue du Christ. Mais « maintenant la justice de Dieu a été manifestée en dehors de la Loi, non toutefois sans avoir été annoncée par la Loi et les prophètes » (Romains 3:21).

Maintenant, nous sommes sauvés par la foi en Jésus qui « nous a rachetés pour nous libérer de la malédiction de la Loi, en acceptant de subir en notre faveur la malédiction » (Galates 3:13). Jésus, le Verbe Incarné, a été condamné sous le régime de la Loi ; les chefs religieux ont déclaré : « nous avons une Loi, et selon cette Loi, il doit mourir » (Jean 19:7). Par conséquent, le chemin allant de la condamnation vers la liberté n’est pas l’affirmation que la Loi n’existe pas mais la foi en Jésus-Christ « qui m’a aimé et s’est donné Lui-même pour moi » (Galates 2:20).

Dans le Christ, nous devenons des fils et filles adoptifs de Dieu et notre entrée dans la famille de Dieu se fait par le Baptême, la Confirmation et la Sainte Eucharistie. Par ces moyens, qui nous ont été donnés par le Christ quand il était sur terre, nous sommes initiés à la communion avec la Sainte Trinité par la pleine communion avec l’Eglise Catholique qui est le Corps du Christ.

Une fois introduits dans le Corps du Christ, l’Eglise, nous sommes libres de jouir d’un partage sacramentel de la relation du Christ avec le Père. Comme preuve que nous sommes ses enfants, « Dieu envoie dans nos cœurs l’esprit de Son Fils qui crie : « Abba ! Père ! » (Galates 4:6)

Nous désirons tous la miséricorde, mais elle n’est pas atteinte en imaginant un Messie qui nous initie à une vie de non-respect de la Loi. De vrai, nous n’atteignons en aucune manière la miséricorde : elle nous est donnée. L’Esprit-Saint nous initie sacramentellement au partage de la relation du Christ avec le Père.

Par le Baptême, la Confirmation et la Sainte Eucharistie, « j’ai été crucifié avec le Christ ; maintenant ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ; dans la mesure où je vis maintenant dans la chair, je vis par la foi dans le Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré Lui-même pour moi » (Galates 2:19-20).

La voie du « sans foi ni loi » n’est par conséquent absolument pas celle du Christ. La voie du non-respect de la Loi prend racine dans l’incrédulité et une affirmation de l’invalidité de la Loi vis à vis de soi. Mais il n’y a pas vraiment de liberté dans une telle ignorance puisque seul le Christ nous libère, non pas de la Loi mais de la condamnation qu’entraîne la Loi !

Seul un vrai Messie, le Christ Jésus, peut nous sauver et non un Messie imaginaire, ou façonné à notre gré, aussi bienveillant qu’il puisse avoir été conçu. Car si le Fils vous rend libres, « alors vous serez réellement libres » (Jean 8:36)

Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/07/15/does-jesus-free-us-for-lawlessness/

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