La PMA sans père, le groupe LRM sous tension

La PMA sans père, le groupe LRM sous tension

Une députée « marcheuse » a contesté la « méthode » de l’un de ses collègues, prêt à déposer une proposition de loi sur l’ouverture aux couples de femmes de la procréation médicalement assistée, alors que des auditions sont en cours.

Ce n’est qu’une passe d’armes, mais elle dresse la nature des débats qui attendent la majorité à l’Assemblée dans les prochains mois. Mardi 17 juillet, lors de la réunion de groupe hebdomadaire de La République en marche (LRM), Agnès Thill, élue de l’Oise, a reproché à son collègue Guillaume Chiche, des Deux-Sèvres, ses prises de positions récentes concernant l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes.

Dans un entretien au Journal du dimanche, le 15 juillet, ce dernier annonçait son intention de déposer dans la semaine une proposition de loi porteuse de cette promesse de campagne d’Emmanuel Macron. « En France, la procréation médicalement assistée est selon les termes du code de la santé publique, réservée aux couples hétérosexuels (…) Nous sommes déterminés à mettre fin à cette inégalité », est-il écrit dans le texte que M. Chiche a transmis à ses collègues de la majorité mardi soir et que Le Monde a pu consulter.

« Nous parlementaires, nous devons permettre à chacune et chacun de vivre sa vie de parent, comme il l’entend mais surtout de reconnaître à égalité de droit et de dignité les différentes façons de le devenir », est-il ajouté dans ce document que les parlementaires LRM ont été invités à soutenir. Le dépôt formel du texte doit avoir lieu jeudi à l’Assemblée.

« Si les Bleus ont gagné c’est parce qu’ils ont joué collectif », avait rétorqué Mme Thill à M. Chiche mardi midi, osant la comparaison avec la victoire de l’équipe de France lors de la Coupe du monde de football. « On vient juste de commencer des travaux d’une mission d’information consacrée, entre autres, à ce sujet, les auditions ne sont pas terminées » ajoute-t-elle, agacée, auprès du Monde. L’initiative de M. Chiche intervient alors que l’exécutif reste discret quant à la future réforme : aucun calendrier officiel n’a été annoncé, même si selon plusieurs sources parlementaires l’option privilégiée est aujourd’hui de la voter dans le cadre de la révision des lois de bioéthique au début de l’année 2019.

Liberté de vote

D’ici là, de nombreux sujets restent à arbitrer. L’ouverture de la PMA aux couples de femmes est une promesse de campagne, mais elle pose des questions connexes. Dans sa proposition de loi, M. Chiche défend le fait qu’elle puisse être remboursée, comme c’est le cas pour les couples hétérosexuels. « Tout cela pose des questions que nous abordons dans le cadre de la mission d’information, indique Mme Thill, si tout est joué d’avance, il faut nous le dire. »

Si Emmanuel Macron s’est engagé à ouvrir la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires, le groupe LRM a toujours dit qu’il accorderait aux députés une liberté de vote sur les questions éthiques. Au sein de la majorité cohabitent des sensibilités différentes sur ces sujets. « Je suis pour la PMA, mais j’entends les positions des autres », explique Mme Thill, qui se qualifie de « chrétienne ».

« Pour moi, l’ADN d’En marche c’est écoute, bienveillance et consensus”, on n’y est pas ! », poursuit-elle encore, particulièrement touchée par le fait que son collègue a qualifié de « militants obscurantistes » ceux qui s’opposeront à la future réforme. « C’est insupportable, dès qu’on émet une réserve sur ces sujets de bioéthique, on est vus comme des membres de Sens commun ! » s’emporte la députée. En octobre 2017, Emmanuel Macron avait souhaité qu’un « débat apaisé » ait lieu au sujet de la PMA. Dans sa majorité, le sujet est déjà inflammable.

source: Le Monde

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