L’arabe à l’école, Blanquer et la naïveté occidentale

L’arabe à l’école, Blanquer et la naïveté occidentale

Tribune. Jean-Frédéric Poisson, président du Parti Chrétien Démocrate (PCD) et ancien député, explique en quoi la volonté de Jean-Michel Blanquer de vouloir généraliser l’enseignement de la langue arabe dans les écoles primaires est un contresens politique total.

Dans la droite ligne de son prédécesseur, le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer souhaite donc « redorer le blason de la langue arabe », en généralisant son enseignement dans les écoles primaires françaises. À bon droit, cette décision suscite les oppositions les plus vives.

Premièrement, elle marque une continuité très claire avec les projets de François Hollande, dont les intentions électoralistes étaient à peine camouflées. La même tentation communautariste est ici à l’œuvre, et pour les mêmes raisons, elle doit être combattue.

Deuxièmement, Il faut être naïf pour croire qu’il suffirait d’enseigner l’arabe dans les écoles françaises pour diminuer l’influence des prédicateurs islamiques dans les mosquées. En tout état de cause, on pourrait parfaitement soutenir la thèse inverse : nous serions encore davantage connectés avec la langue officielle et unique de la communauté musulmane, celle, paraît-il, de la révélation du Coran. Le risque est tout aussi important de renforcer les liens des jeunes arabisants avec leur communauté d’origine. On ne combat pas l’islam conquérant en enseignant la langue qu’il pratique, on le combat en critiquant les arguments qu’il avance ! On ne renforce pas la cohésion sociale de la France en apprenant aux jeunes élèves une langue étrangère, mais en leur faisant apprendre encore davantage et mieux la langue française.

 

« Quand on a une maison en verre, on ne jette pas des pierres sur les gens »

Troisièmement, et ceci est lié au point précédent, l’apprentissage de la langue arabe dans les écoles primaires occidentales est une revendication officielle de l’Organisation de la coopération islamique (en quelque sorte « l’ONU musulman »). Il est revendiqué par ses Etats membres comme un moyen objectif de redorer le blason de l’islam en Occident, et de renforcer l’attachement des musulmans à la communauté des croyants. Ignorer cette dimension de politique internationale des états arabes musulmans n’est pas seulement une preuve incroyable d’ignorance, c’est une faute politique grave ! De plus, c’est une manière parfaitement efficace de favoriser la politique de ses adversaires : chacun trouvera sur ce point le qualificatif qui convient.

Bien sûr, la langue arabe a toute sa place dans l’enseignement en France, au lycée et à l’université. Vouloir généraliser l’enseignement dans les classes primaires n’a aucun sens. Les dénégations du ministre n’y feront rien. Et les invectives, les faux procès en fascisme qu’il intente à ceux qui le critiquent ne parviendront pas à masquer ni l’inanité de cette décision, ni le parfait contresens politique qu’elle représente, ni la faiblesse de ses orientations. Pour le coup, c’est un célèbre proverbe arabe qui le dit :« Quand on a une maison en verre, on ne jette pas des pierres sur les gens ». Si Monsieur Blanquer apprend l’arabe à titre personnel, il ne manquera pas de tomber sur cette sentence qui pourrait lui être utile.

Source: Valeurs actuelles

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