L’archevêque de Kinshasa accusé d’appels à l’insurrection

L’archevêque de Kinshasa accusé d’appels à l’insurrection

Le climat politique et social devient toujours plus tendu en République démocratique du Congo suite au report des élections présidentielles au 23 décembre 2018. L’affrontement politique cherche par ailleurs à impliquer et manipuler également les responsables religieux. Des personnes proches du pouvoir ont ainsi accusé S.Em. le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, Archevêque métropolite de Kinshasa, d’inciter les artistes à l’insurrection seulement parce que l’Archevêque avait rencontré, le 10 novembre, des artistes congolais dans la Cathédrale Notre-Dame du Congo. La rencontre a été même définie de « messe noire ». « Ceci est particulièrement déplaisant – a répondu l’Archidiocèse de Kinshasa dans une note envoyée à l’Agence Fides. Le Cardinal n’a rien dit de mal et n’a en aucune manière attaqué le gouvernement. Il s’agissait d’une rencontre organisée par l’aumônerie responsable du secteur de la Culture et de l’art afin de sensibiliser les artistes à leur mission au sein de l’Eglise et de la société ».

La situation est devenue particulièrement complexe dans le pays depuis que, le 20 décembre 2016, le second – et dernier selon la Constitution – des mandats du Président Joseph Kabila, soit arrivé à échéance sans qu’aient été organisées de nouvelles élections. Un accord visant à organiser les présidentielles d’ici la fin de l’année en cours, ce qu’il est convenu d’appeler l’Accord de la Saint Sylvestre, a été signé le 31 décembre dernier grâce à la médiation des Evêques congolais. Après l’échec de son application, l’Ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, Nikky Haley, en visite à Kinshasa, avait « imposé » des élections d’ici la fin de 2018, expliquant qu’en leur absence, les Etats-Unis auraient suspendu les aides économiques à la République démocratique du Congo.

Le 5 novembre, la Commission nationale électorale indépendance (CENI) a fixé la date des élections présidentielles au 23 décembre 2018. L’opposition a, dès le départ, rejeté le nouveau calendrier électoral, accusant le gouvernement en place de vouloir prolonger l’instabilité et la pauvreté du peuple, organisant différentes manifestations de protestation dans tout le pays. Entre temps, les appels à la désobéissance civile augmentent et les mouvements civiques eux aussi, dont le LUCHA (Lutte pour le changement) se sont activés ces jours derniers en organisant pour le 15 novembre une mobilisation afin d’obtenir la démission du Président Kabila avant le 31 décembre 2017.

Bien que, le 14 novembre, le gouvernement ait interdit toute manifestation, la mobilisation de mercredi dernier, qui a bénéficié du soutien et de la participation du Regroupement des oppositions, a presque paralysé les villes de Beni, Butembo, Goma et Lubumbashi même si elle n’a intéressé que marginalement la capitale, Kinshasa. Les incidents n’ont pas manqué. Dans les rues de Lubumbashi, des barricades ont été érigées et un véhicule a été incendié alors qu’à Kinshasa, une personne a été blessée suite à l’attaque perpétrée contre deux autobus du transport public. L’intervention de la police, par ailleurs annoncée à la veille des manifestations, a porté à l’arrestation de 25 personnes. Les manifestations de mercredi dernier semblent constituer seulement le début d’une série de marches et manifestations de désobéissance civile programmées pour ces prochains jours afin de contraindre le Président à la démission. Entre temps, l’Eglise sensibilise les catholiques et toutes les personnes de bonne volonté afin de faire sortir le pays de la pauvreté et de le lancer sur les chemins menant à la paix et à la non violence.

 

Source Agence Fides

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