Le pape et le relativisme culturel ou la distinction des cultures

Le pape et le relativisme culturel ou la distinction des cultures

Nous publions ici une tribune parue dans les 4Vérités sur le relativisme culturel, pour l’analyse équilibrée qui nous semble ressortir de la “différence culturelle” et la nuance qui est pointée entre orgueil méprisant d’une culture sur une autre et réalités objectives différenciant deux cultures. Par ailleurs, le pape qui maîtrise assez mal les subtilités de langage (nous avons pu voir combien cela pouvait créer de nombreuses tensions) a-t-il voulu parler de culture ou de dignité d’un peuple ? (ndlr)

 

Lors de son voyage au Chili, le pape François, s’adressant au peuple Mapuche, a déclaré : « Il faut laisser de côté la logique de croire qu’existent des cultures supérieures ou inférieures. »
Le peuple Mapuche, population indigène d’une région en partie au Chili, en partie en Argentine, a eu à souffrir dans son histoire de l’oppression des Incas, puis des Espagnols, puis des Chiliens et des Argentins. Aussi, vu le contexte politique et historique, on ne va pas reprocher au Pape de défendre un certain relativisme culturel s’adressant à une population qui a subi l’arrogance de divers oppresseurs.

Mais, quand on y réfléchit un peu, si le Pape avait eu un accident lors de son voyage, il aurait fait appel à un médecin formé suivant la méthode expérimentale et rationnelle qui a marqué la médecine et la culture occidentale, surtout à partir de la période de la Renaissance, plutôt qu’à un chaman Mapuche.

Cette déclaration du Pape qui s’accorde avec d’autres sur les droits très larges qu’il convient, selon lui, d’accorder aux migrants légaux ou illégaux, supposés être dans tous les cas des « sources d’enrichissement » pour nos pays, amène à se demander s’il ne sous-estime pas l’importance des facteurs culturels dans le développement des pays.

Si l’on ne peut qu’être d’accord avec lui pour condamner une certaine arrogance culturelle ou un certain racisme, les choses ne sont pas si simples lorsque l’on considère les confrontations entre cultures et les systèmes de valeurs qui sont à la base de ces cultures.

En effet, bien des jugements de valeur que nous formulons au quotidien reflètent dans une certaine mesure la culture dont nous sommes issus. Un Occidental trouvera que l’idée de lapider une femme adultère est barbare, ceci au moins depuis que Jésus a déclaré à un groupe de pharisiens le questionnant sur la question du respect de la loi mosaïque : « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre ». Or la Charia indique que c’est le châtiment requis pour l’adultère. Comment peut-on condamner cela si l’on pense que toutes les cultures se valent ?

Contrairement à un cliché répandu, les empires Incas ou Aztèques ou autres étaient loin d’être le monde idéal du bon sauvage cher à Rousseau. Des temples du Mexique à ceux des Andes, on pratiquait des sacrifices humains. Aujourd’hui, on trouverait éminemment barbare l’idée de sacrifier un homme en lui arrachant le cœur pour donner de l’énergie au soleil ou apaiser des dieux.

Bien sûr, il ne faut pas passer des jugements sur des valeurs transmises par une culture à des jugements individuels et surtout pas à une oppression ou un mépris des individus – ce qui a été trop souvent le cas avec la soumission des Indiens en Amérique latine.

On ne peut affirmer la supériorité d’une culture sur une autre dans tous les domaines ni se considérer comme le représentant d’une culture supérieure et, dans un sens, le Pape a raison, mais la réponse face au défi représenté par d’autres cultures étrangères est un dialogue honnête et franc basé sur l’affirmation de notre identité culturelle dans ce qu’elle a de meilleur et d’universel et la recherche des mêmes qualités chez les autres cultures.

On pourrait citer, entre autres, en Occident, l’affirmation que les hommes sont égaux en droit, l’égalité en dignité de l’homme et la femme, ce qui va avec une conception monogame de la famille défendue par le christianisme depuis ses origines, et avec la protection des faibles et des enfants.

Défendre ces valeurs n’est pas la même chose que présenter sa culture en exemple. On sait bien qu’il y a une grande distance entre par exemple, la monogamie affichée dans le mariage traditionnel et la réalité historique, entre le principe de la défense des enfants et la réalité sociale des violences subies au sein et en dehors de la cellule familiale et des musulmans reprochent souvent aux Occidentaux le développement de la pornographie qui contredit les affirmations sur la dignité de la femme.

Chaque culture a à apprendre des autres cultures. Ainsi la culture occidentale peut s’enrichir au contact des grandes cultures orientales et traditions confucianistes, bouddhistes et autres. On ne peut dire qu’une culture est parfaite ou supérieure aux autres mais, dans certains domaines comme les droits des plus faibles, l’approche scientifique du monde, les valeurs démocratiques, etc., nous devons admettre une certaine supériorité d’une culture sur une autre et ne pas dire que tout se vaut.

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