Le roi Baudouin de Belgique, un “berger pour son peuple”

Le roi Baudouin de Belgique, un “berger pour son peuple”

Un article de Christophe Herinckx sur cathobel.be :

Il y a 25 ans, le Roi Baudouin décédait d’un arrêt cardiaque dans sa résidence de Motril, en Espagne. A l’annonce de cette nouvelle, une vive émotion s’empara de toute la Belgique, qui rendit un hommage appuyé à celui qui régna pendant 42 ans à l’image d’un berger pour son peuple.

Celles et ceux qui vécurent au temps du Roi Baudouin n’oublieront jamais la semaine qui suivit son décès, le 31 juillet 1993. Une immense vague de tristesse submergea le peuple belge. Chagrin mais également reconnaissance pour celui qui fut leur Roi 42 années durant. C’est que Baudouin, qui monta sur le trône à 21 ans dans des conditions difficiles, développa, au fil des années, un lien particulièrement fort avec la population.

En Belgique, qui est une monarchie constitutionnelle, le pouvoir politique du Roi ne cessa de se réduire au cours des règnes successifs, depuis la prestation du serment constitutionnel du Roi Léopold Ier, le 21 juillet 1831. Baudouin sut « remplacer » l’absence de réel pouvoir politique par une autorité morale hors du commun, dans tous les domaines de la vie du pays, y compris politique. Si tous n’aimaient sans doute pas Baudouin;  si le Roi fut amené à réviser certaines erreurs d’appréciation, notamment en matière de politique étrangère et « post-coloniale », tous en vinrent à le respecter, comme l’a rappelé récemment un ancien vice-premier ministre belge.

Ce respect, Baudouin l’a gagné, au fil du temps, de par ses qualités humaines exceptionnelles. Conscient du poids de sa charge, il conçut et vécut son règne comme un véritable service – certains évoqueront même l’image d’un sacerdoce – de la population belge dans son ensemble, ayant à coeur le bien-être de chaque citoyen, au sens « intégral » du terme.

Cette façon de régner se traduisit de différentes façons. On pense à son engagement dans des causes sociales. A ce niveau, l’un des derniers combats du Roi Baudouin est celui qu’il mena contre la traite des êtres humains, ayant découvert que des femmes, venant de l’étranger, étaient exploitées sexuellement en Belgique via des réseaux organisés de prostitution. Il rendit visite personnellement à certaines d’entres elles, en toute discrétion, pour se mettre à l’écoute de leur souffrance. Par la suite, réunissant les personnes compétentes, il provoqua des actions du gouvernement pour lutter contre ce phénomène.

On songe aussi à ses visites dans des quartiers défavorisés, ou sur les lieux de catastrophes, où il faisait montre d’une empathie exceptionnelle. Cette sollicitude se marquait aussi dans chacune de ses rencontres personnelles: en sa présence, chacun se sentait écouté et accueilli pour ce qu’il est. De nombreuses personnes, aujourd’hui encore, peuvent en témoigner.

Une foi forte et discrète

La source de l’humanité extraordinaire de Baudouin résidait dans sa foi catholique fervente. De ce fait, certains lui ont reproché de confondre les genres, alors qu’il se devait d’être le souverain de tous les Belges. Pourtant, Baudouin lui-même avait à coeur de distinguer le domaine privé de ses obligations publiques. Il n’empêche que sa foi était connue, qu’elle transparaissait, et qu’elle inspirait toute son action. Pouvait-il en être autrement?

Le « secret » du Roi Baudouin, comme l’ont désigné les cardinaux Suenens et Danneels après son décès, l’a conduit à un problème de conscience qui a marqué son règne: l’impossibilité morale, pour lui, de signer la loi dépénalisant partiellement l’avortement, en 1990. Ce geste marqua profondément les Belges, et força également le respect à l’extérieur de nos frontières. Pour autant, Baudouin distingua nettement les choses: si sa conscience lui interdisait absolument de signer la loi, au point d’envisager l’abdication, il ne voulut aucunement entraver le processus démocratique en cours.

La personnalité du Roi Baudouin fut admirablement décrite lors de la messe se ses funérailles, le 7 août 1993, dans l’homélie du cardinal Godfried Danneels: « Il y a des Rois qui sont plus que des Rois: ils sont les bergers de leur peuple (…). Cet homme portait en lui-même une chaleur, une capacité d’écoute et d’empathie à peine imaginable. (…) Oui, à l’exemple de David, le grand Roi de la Bible, le Roi Baudouin était le berger de son peuple. Il privilégiait les petits, les pauvres, les laissés-pour-compte » (…) Comme un bon berger, il n’a pas fait qu’écouter et compatir, il a donné sa vie pour les siens« .

Messe d’action de grâce

A l’occasion du 25ème anniversaire de la mort du Roi Baudouin, une messe d’action de grâce sera célébrée, le 8 septembre à 11h, en l’église Notre-Dame de Laeken, par le cardinal Jozef De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles. Le cardinal a exprimé ces mots, en ce jour anniversaire: « Le Roi Baudouin était estimé par beaucoup de gens dans notre pays. Son humanité fut particulièrement appréciée. Nous sommes reconnaissants pour tout ce qu’il a accompli pour notre pays et ce qu’il représente pour chacun de nous. Je vous invite à la messe d’action de grâce à l’occasion du 25ème anniversaire de son décès. »

Après la célébration eucharistique, la crypte royale sera accessible jusqu’à 14 heures.

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