Le Rugby, seul sport conforme à l’Evangile

Le Rugby, seul sport conforme à l’Evangile

En cette période morose et un rien agressive d’élections, nous publions ce petit trait d’humour rafraîchissant de Charles Gave en direct de Hong-Kong où ce mois d’avril tient lieu un peu de championnat du monde de rugby à sept.

Le jeu se pratique sur un terrain de rugby « normal », mais à la place de jouer à quinze, on joue à sept. Chaque partie dure 14 minutes, deux mi-temps de sept minutes ce qui est déjà beaucoup trop long.

Les joueurs passent leur temps à courir comme des lapins ou à empêcher les autres de courir comme des lapins et ils font tous 1. 90 mètre, pèsent 100 kilos et courent le 100 mètres en 11 secondes ou moins. Et comme l’énergie cinétique c’est la masse par le carré de la vitesse, les placages sont…intéressants.

Soixante équipes sont présentes, venant de la terre entière et si vous arrivez au stade vers 10 h du matin quand les festivités commencent, vous pourrez voir à peu près trois rencontres par heure et cela jusqu’à neuf heures du soir,  moment où la compétition s’arrête.

Le monde entier (du rugby) se donne rendez-vous pendant cette semaine à Hong-Kong, et pendant les rencontres j’étais assis par exemple à coté de Thomas Castagnede, ancien ouvreur et arrière du quinze de France.

Jamie Robinson, trente-quatre sélections avec le pays de Galles était devant moi, un autre robuste Gallois sélectionné plus de soixante-dix fois comme troisième ligne et un colosse, ancien troisième ligne centre de l’Afrique du Sud devenu exploitant agricole dans le Bordelais où il produit un excellent vin qu’il a appelé le «numéro 8 » finissaient de m’entourer.

Et quand vous vous baladez dans la rue avec certains de ces gars là, tous les 10 mètres ils tombent sur l’un de leurs anciens copains avec qui ils se sont mis des roustes mémorables quelques années avant et chaque fois ils en reparlent en se donnant des grandes claques dans le dos et en riant très fort avant d’aller prendre une bière au bar le plus proche.

Ce qui rend les journées fatigantes.

Derrière moi, une famille d’Agen dont le petit (?) jouait dans l’équipe de France qui se faisait ratatiner par des gars du Kenya qui, quand ils courent donnent l’impression un peu décourageante d’être à bicyclette. Il faut dire que la défense de l’équipe de France ressemblait un peu à la défense du pouvoir d’achat des classes laborieuses par le pouvoir socialiste.

Les meilleurs à ce jeu sont les Fidjiens qui réussissent à passer la balle dans toutes les positions quand ils sont en train de se casser la figure. On sent qu’ils ont appris à jouer sur des plages, et qu’ils ne sont pas là pour gagner mais pour rigoler. Comme ce sont des bons chrétiens, avant de rentrer sur le terrain, ils font leurs prières tous ensemble en demandant à Dieu d’éviter que leurs opposants ne se blessent. Cela étant fait, la conscience apaisée, ils essaient dans la demi-heure qui suit de les couper en deux, les plus robustes dans cet exercice étant les Samoëns.

Si par hasard ce ne sont pas les Fidjiens qui gagnent, ce sont les Néo-Zélandais qui l’emportent, toujours habillés tout de noir puisqu’ils portent le deuil de leurs adversaires en permanence.

Je ne le savais pas, mais le rugby est le sport national à Ceylan et j’ai vu évoluer l’équipe du pays. Très doués, mais pas vraiment le bon format. Les Canadiens et les Russes font plutôt dans le style bucheron tandis que les Anglais restent l’équipe que tout le monde veut voir perdre, mais ils sont bons, les bougres. La mauvaise nouvelle est que les allemands s’y mettent et commencent à très bien jouer, mais on peut espérer que le rugby va changer les allemands plus que les allemands ne vont changer le rugby.

Mais dans le cas des Rugby sevens, le spectacle est au moins autant dans le stade que sur la pelouse.

Il est en effet recommandé pour les spectateurs d’arriver déguisés.

Or, dans le monde anglo-saxon plus les hommes sont grands et gros, plus ils aiment à se déguiser en femmes et le résultat peut être assez étonnant.

J’ai vu passer par exemple un ancien « all black » maori de 2 mètres de haut, tatoué des pieds à la tête portant une perruque blonde et la robe de cendrillon, ce qui un spectacle inhabituel.

J’ai vu un groupe d’américains déguisés en…mur Mexicain, ce qui faisait sourire.

J’ai vu une tribu entière de marsupilamis, mâles et femelles, ainsi qu’un nombre considérable de Schtroumfs.

J’ai vu nombre de cardinaux ainsi que de nombreuses bonnes sœurs fortement barbues et poilues.

J’ai vu des dinosaures gonflables se promener sur leurs deux pattes arrière et je ne mentionne même pas les écossais en kilt puisque Hong-Kong est une ville écossaise. L’orchestre de la police municipale d’ailleurs commence chaque journée par un concert de cornemuse, tout l’orchestre étant en kilt et tous étant Chinois …

Mais le vrai spectacle se produit dans la tribune Sud, le « South Side » où tous les vrais fondus se donnent rendez-vous pour faire la fête en chantant et dansant de 10 heures du matin à 9 heures du soir.

Et comme elle est au soleil et qu’il fait chaud, la bière coule à flots, ce qui force certains participants à quitter les lieux portés par leurs amis tant les insolations y sont nombreuses.

Dans la tribune Nord, un orchestre et un chanteur mondialement connu à Hong-Kong se démenait cette fois ci et j’ai lu dans le journal local que la veille, les riverains avaient demandé à la police que le bruit qui était sensé s’arrêter à neuf heures du soir cesse enfin à trois heures du matin…

Et les Chinois, qui sont quand même la grande majorité à Hong-Kong, jouent le jeu à fond, se déguisent en dragons ou en serpent de mer, soutiennent l’équipe locale et chantent en même temps que tout le monde « if you want to be my girl… »

Bref, un grand, un très grand moment de Culture, avec un très grand C.

Je ne saurai trop recommander aux lecteurs de l’IDL qui envisageraient de faire un voyage en Asie de le faire fin Mars début Avril et de passer une journée aux sevens.

Reste la question essentielle : pourquoi le rugby est-il le seul sport conforme aux Evangiles ?

L’abbé Pistre, éminent théologien, né à Perpignan et qui se fit enterrer en portant le maillot sang et or de l’USAP  a donné la réponse. :

« Le Rrrrugeby c’est comme les Evangiles. Il vaut mieux donnerrrr que rrecevoirr »

Je ne saurai mieux dire.

 

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