L’édito – Bioéthique, migrants, même combat ? Si toute vie est sacrée, toute vie n’est pas en péril

L’édito – Bioéthique, migrants, même combat ? Si toute vie est sacrée, toute vie n’est pas en péril

 

Dans plusieurs entretiens, le nouvel archevêque de Paris a souligné la proximité qu’il y avait, pour lui, entre la question des migrants et celle de la vie. N’hésitant pas  dire « il n’y a pas la bioéthique d’un côté et les migrants de l’autre, les deux sont aussi importants », il a pu provoquer de vives émotions chez certains catholiques. Mgr Aupetit, précisait toutefois sa pensée : « c’est la même vision de l’homme ». En ce sens évidemment, tout est lié, car, de la conception à la mort (et même dans la vie éternelle) il s’agit bien de personnes humaines qui déroulent leur vie avec une égale dignité. Et c’est bien toute la difficulté des catholiques dans le monde actuel. La conception biblique de la dignité humaine n’est plus celle de la doxa officielle, même si elle demeure, plus qu’on ne le dit, celle du bon sens. Et pourtant, on est contre la peine de mort et pour l’avortement, pour l’accueil inconditionnel des migrants tout en laissant des Français dans la rue. Tout cela n’est pas sans contradiction, à partir du moment où le principe de non contradiction est le dommage collatéral inévitable du refus de la vérité. Monseigneur Aupetit pointe bien le problème de fond de notre société qui ne reconnait plus l’homme dans l’homme et moins encore Dieu. Aussi, d’une certaine façon, en effet, bioéthique et migrants, même combat et les deux sont de la même importance quant à la dignité de la personne humaine. Du reste l’archevêque pointe bien que la difficulté réside davantage dans le discernement de l’accueil qu’il lie au bien commun, ce que la presse ne s’empresse pas de relayer.

Toutefois,  si le respect de la vie est un principe non négociable en aucun cas, l’accueil des migrants, s’il est non négociable quand la vie des réfugiés est en jeu, n’est pas un devoir aveugle et en tant que tel n’est pas un principe non négociable. Le pape lui-même appelle au discernement. Il y a une hiérarchie qui repose précisément sur la dignité humaine. Toute vie est sacrée, mais toute vie n’est pas en péril. L’avortement est un péril constant pour les enfants à naître, comme l’euthanasie et du reste les familles commencent à douter du corps médical. Les manipulations génétiques et plus largement la science sont soumises aux limites de la dignité humaine, comme le souligne l’archevêque. Un migrant en danger doit être accueilli. Mais l’accueil d’une migration intensive, pour des raisons qu’il est toujours bon de décrypter, n’est pas un devoir non négociable. Ainsi, on peut être pour la défense de la vie, de la dignité humaine et pour ces mêmes raisons accueillir les réfugiés et non les migrants. Distinction que le Saint-Père lui-même établit. Cela étant, comme le mal engendre le mal, ces migrations créent des situations de détresse qui n’auraient pas existées sans ce flot entretenu et incité pour des motifs variés, voire avariés. Et nous voilà confrontés à une plaie que nous avons créée et qu’il nous faut bien gérer, comme catholiques. C’est-à-dire que si nous ne sommes pas tenus d’accueillir des populations qui n’ont pas de justes raisons de venir, nous ne pouvons pas non plus les traiter comme si une fois arrivées, il ne s’agissait plus des personnes humaines. La seule véritable solution pour sortir de ce qui n’est autre qu’une nouvelle structure viciée est d’enrailler ce flot migratoire. Mais pour ce faire, il semble que la seule vanne à fermer soit l’idéologie qui nourrit cette migration et non le cœur des populations appelées à accueillir, ceux qui doivent l’être, soigner ceux qui en ont besoin et accompagner ceux qui doivent l’être vers un retour au pays. Encore faut-il que les pays d’émigration, indépendamment des problèmes de guerre ou de dictature, aient effectivement envie de garder leurs enfants. La question migratoire est avant tout une question géopolitique. Le problème réside surtout en ce  que cette vision de l’homme n’étant plus fondée sur la vérité, la géopolitique n’a plus comme objectif le bien commun, et par conséquent, soyons honnêtes, celui des personnes.

Cyril Brun

Rédacteur en chef.

 

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