L’édito – C’est à en perdre le sens commun !

L’édito – C’est à en perdre le sens commun !

Christophe Billan a annoncé sa démission du poste de président de Sens Commun, suite au lynchage dont son mouvement a été, une fois de plus, l’objet médiatique et politique. Depuis sa création, ce mouvement qui voulait influencer Les Républicains de l’intérieur a été controversé et chahuté. Moi-même, j’ai écrit, à plusieurs reprises, ma perplexité quant à la pertinence d’une telle initiative, tout en étant globalement toujours favorable aux inspirations qui donnaient, fut-ce tous azimuts, corps à l’après Manif. Un parti comme Les Républicains est avant tout une grosse machinerie à broyer les divergences et un tapis roulant pour qui se coule dans le moule. Mais la question demeure posée de l’entrisme ou du prophétisme, de l’infiltration ou de l’outsider. Jean-Frédéric Poisson avait choisi un entre deux en se présentant au nom du PCD à la Primaire de la droite. Plus qu’un choix c’est probablement une harmonisation de ces différents charismes qu’il faudrait envisager, mais l’expérience montre que très vite la question du nombre des troupes se posent dans un système qui par nature est celui du rapport de force. Et cela crée de vrais frères ennemis… en Christ cela va sans dire !

Le fait est que Sens Commun dérange beaucoup plus que le PCD dont pourtant les positions sont officiellement nettement plus tranchées. C’est que sens Commun a donné de vraies sueurs froides aux Républicains. Artisan de la victoire de Fillon à la Primaire, ils ont bien failli damer le pion aux dinosaures du parti. Lesquels dinosaures quittent tous la politique les uns derrières les autres. Alors pourquoi un tel haro sur le baudet ? Si Sens Commun  n’a pas réussi à influencer réellement la ligne du parti, ni à placer ses cadres ou avoir un nombre intéressant d’élus, le mouvement issu des Manifs de 2013 est une véritable épée de Damoclès pour le parti qui se revendique de droite, mais combine de plus en plus de mesures de gauche. Issu de la base, en dehors des circuits habituels des adhérents, et pourtant tous encartés, ils sont insaisissables, donc incontrôlables et par là impossible à museler faire taire. Mais que disent-ils qui dérange tant ? Quelques positions un peu trop catho ? Oui sans doute et cet épouvantail à médias terrifie les tenants d’une démagocratie désormais élue au sondage plus qu’au suffrage. Mais peut-être plus encore, ils sont le rappel permanent que la base ne pense pas comme l’élite qui pourtant ne tient sa légitimité que de cette base mystifiée. Et là, Sens Commun, pourtant relativement conciliant et adoptant facilement la stratégie du profil bas quand on l’assène de coup, ne peut être ligoté pour la raison simple qu’en matière d’intérêts ou de carrières, ils ne revendiquent rien.

Si cette tactique en a fait les cocus du Trocadéro, il faut reconnaître qu’elle en fait l’indécrochable sparadrap du capitaine hadock. Il ne reste dès lors plus qu’un moyen pour se défaire de cette détestable mouche du coche, la diaboliser selon la bonne recette mise au point il y a bientôt quarante ans par François Mitterrand. Si mon scepticisme demeure quant à ce que Sens Commun peut obtenir en matière de changement de ligne dans un parti pétri de médiatiquement correct, je dois bien confesser qu’il y a là quelque chose de prophétique dans l’entrisme. Tel un coin dans la bûche, à défaut de réussir une greffe de bon sens sur l’arbre mort, Sens Commun fera peut-être imploser le bois pourri.

Cyril Brun, rédacteur en chef.

 

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