L’édito – Ni de gauche ni de droite, le catho est catho ou ne l’est pas.

L’édito – Ni de gauche ni de droite, le catho est catho ou ne l’est pas.

Alors que les médias et éditorialistes se creusent les méninges pour savoir si la distinction droite gauche est toujours un critère opportun, la crise du MRJCgate pose clairement que les catholiques se clivent eux-mêmes encore ainsi. Certes, les catholiques ont toujours un bon train de retard pour ce qui est de la réalité politique, mais cette distinction est-elle si obsolète que cela, ou, au contraire, la césure qui existe entre catholiques, n’est-elle pas celle qui aujourd’hui oppose la nouvelle droite et la nouvelle gauche ?

Depuis que les royalistes ont déserté l’hémicycle, l’épicentre politique a opéré un large transfert vers la gauche pour se cristalliser d’abord sur des questions économiques qui opposeraient riches et pauvres, puis sur des questions plus libérales ou libertaires, toujours dans l’idée de faire exploser la société bourgeoise et ses cadres. Aujourd’hui, les faux-nez n’ont plus lieu d’être et il apparait clairement que le clivage gauche droite se situe nettement de part et d’autre de la dignité humaine. Et ce sont bien deux visions de la dignité humaine qui s’opposent. L’une héritée de l’Evangile, l’autre, se répartit, s’unit et parfois se déchire autour d’idéologies héritées du libéralisme et du marxisme.  Outre le comique de situation d’un tel croisement où l’on voit des tenants de l’ancienne droite s’entendre avec les ténors de l’ancienne gauche, nous assistons au déplacement de l’épicentre politique qui peine cependant à se clarifier. A la droite de cette césure anthropologique se trouvent les défenseurs de la dignité humaine intrinsèque selon le modèle catholique traditionnel, prôné par la Doctrine sociale de l’Eglise et à sa gauche, tous les autres dont des personnalités de droite qui ont beaucoup de mal à admettre leur basculement à gauche dans la mesure où la bienpensance catalogue cette droite d’extrême. Et pourtant, quelles sont les points communs et divergences des écuries politiques, sinon celles qui tournent autour de la vision de l’Homme ?

A y regarder de plus près, c’est bien ce clivage qui divise les catholiques eux-mêmes, avec les mêmes faux-nez historiques. La caricature du catho de droite qui ne s’intéresse pas aux pauvres et qui n’accueille pas, ne tient pas la route pour qui regarde d’un peu plus près la réalité de la vie paroissiale ou associative catholique. Au demeurant, des catholiques, électeurs de droite, se retrouvent catalogués à gauche pour leurs positions précisément relatives à la vie. Et là réside le clivage historique entre catho de gauche et de droite, depuis que le ralliement à la République a relégué les royalistes aux oubliettes du régime. Pourtant, tout est lié, comme dirait le pape François. Et réellement, l’affaire du MRJC a clairement mis au jour la réalité du clivage entre deux conceptions présentées, l’une comme relativiste, l’autre comme rigoriste. Le communiqué de la CEF, à cet égard, rappelle qu’être catholique c’est tenir les vérités intangibles sur la dignité humaine pour, à partir de ces vérités, accompagner les hommes et les femmes de notre temps. Ainsi, il ne saurait-être question d’être de gauche ou de droite, mais d’être catholique. Quelle que soit son adhésion politique, un catholique qui refuse les données de la foi comme principe d’action politique et personnelle, n’est ni à gauche ou à droite dans l’Eglise, il n’est tout simplement pas catholique.

Cyril Brun, rédacteur en chef

 

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