L’édito – Doit-on combattre un Etat injuste ?

L’édito – Doit-on combattre un Etat injuste ?

Répondre à cette question suppose d’en poser deux autres. Le vocabulaire du combat renvoie à la question de la guerre et donc de la guerre juste. Ce qui pose de soi la seconde question : pour être juste une guerre doit elle-même poursuivre un juste dessin. Ici la justice du combat reposerait sur la volonté de mettre terme à une injustice. Encore faut-il comprendre le sens du juste et de l’injuste. Dans son message de carême 2010 Benoît XVI se livre à une médiation sur la justice en reprenant sa définition la plus basique : rendre ce qui est dû à qui cela est dû. Clairement la question de la justice pose celle de la vérité : qu’est ce qui est dû et à qui ? Fort de cette réponse, l’Etat rend-il ce qui est dû ? Mais à qui doit-il quelque chose sinon à ses ressortissants et à tout autre Etat ou personne avec qui il est en relation (c’est le principe de responsabilité des actes posés). Nous ne nous posons plus cette question qui pourtant était la grande question des antiques : qu’est-ce qu’un Etat juste ? La justice pose en premier lieu l’intégrité de la dignité de la personne humaine. Tout repose donc sur la définition que nous donnons de cette dignité. Or là, le monde actuel se divise en de multiples définitions et dès lors, la notion d’Etat juste devient pluriel, donc confuse et au final la justice n’est plus le rôle principal de l’Etat. Au passage, le rôle de l’Etat n’est plus lui-même clairement défini. Difficile donc de poser un combat juste face à une institution confuse. Pour autant, du point de vue catholique, un Etat qui ne contribue pas à la protection et au développement intégral de la personne humaine selon l’anthropologie chrétienne est de facto injuste, puisqu’il ne rend pas ce qui est dû à qui cela est dû.

Pour autant faut-il entrer en guerre contre lui ? Plusieurs éléments peuvent entrer en compte dont la proportionnalité des frappes imposées et les conséquences sur la population. Et cela supposerait de prendre en considérations de nombreux paramètres. Pour autant, la résistance et la désobéissance aux lois iniques sont clairement possibles, voire non négociables. Mais aussi, au risque de se mettre hors la loi injuste, mais demeurant dans la loi juste, de désobéir clairement à un Etat injuste dans sa globalité. C’est une forme de résistance légitime dont il faut cependant éprouver l’efficacité. Quoiqu’il en soit, la passivité en l’état actuel des choses est clairement de la complicité active dont chacun aura à rendre, devant Dieu le compte qui lui est dû.

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