L’édito – Le relativisme du ressenti ennemi numéro 1 de notre liberté

L’édito – Le relativisme du ressenti ennemi numéro 1 de notre liberté

 

 

« +18, ressenti + 30 » Cette nouvelle manière d’indiquer les températures semble signaler une différence nette entre la température réelle et celle indiquée comme ressentie. Fruits de « calculs savants » cette distinction nous donnent une indication précieuse sur la nature humaine : « le senti ment », selon le slogan un peu rapide, mais révélateur. Le ressenti est, par nature, non mesurable puisqu’il est relatif. Lorsque le médecin demande d’évaluer une douleur sur une échelle de 1 à 10 nous sommes souvent bien ennuyés pour répondre, car notre référent douleur, nous le sentons bien, est incommunicable. Mais précisément cela permet au médecin de s’approcher un peu, non de notre souffrance, mais de notre capacité à la supporter, en fonction non de la douleur, mais de l’action que lui s’apprête à mener. Le ressenti correspond à une information donnée par nos sens, mais non traitée par la raison à qui il appartient de rationaliser, c’est-à-dire de donner prise sur le réel. Lorsque nous sommes dans le ressenti, nous partons d’éléments réels ou imaginaires mais nous restons dans une forme d’illusion. Ressentir -30 s’il fait -8 est une illusion. La réalité est que si la température de l’air est – 8, une exposition au vent vif fait baisser ici et maintenant la température. Le ressenti correspond donc à une étape inachevée de notre processus d’appréhension du réel. Le ressenti c’est au fond laisser le dernier mot aux sens, ce qui a pour conséquence une véritable perte de liberté, puisque la liberté suppose la connaissance du réel. Tel est le dilemme du monde actuel qui donne au relatif le primat sur le réel, parce qu’en en reste au senti il laisse mourir la raison qui seule peut appréhender en vérité le monde tel qu’il est.

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