L’édito – N’ayons pas peur d’aimer la vie !

L’édito – N’ayons pas peur d’aimer la vie !

Noël approche et les orgies qui l’accompagnent paraissent parfois disproportionnées. Une surenchère que nombreux appréhendent des jours à l’avance, transformant l’Avent en carême pour préparer son foie. Revers de balancier, la fête se pare d’un arrière-goût de brûlé, un soupçon de culpabilité…

La gourmandise qui culpabilise le chrétien a pourtant trop tendance à étouffer les dons de Dieu. Du reste n’est-ce pas là  que se situe l’hémistiche. La nature et ses mets sont des dons divins. Savoir les apprécier, et savoir les apprécier comme il convient à chaque met (tranché ou déchiré, craquant ou confit), n’est pas un péché loin s’en faut. C’est, au contraire, recevoir la création telle qu’elle nous est donnée ! L’excès dénature … non l’usage juste ! Comme Dieu doit être triste de voir ses enfants bouder ses bienfaits !

Il me semble que depuis des décennies les catholiques ont perdu l’amour de la vie et de ses délices. Pourtant n’est-ce pas faire injure à Dieu que de bouder ses dons et dénaturer ses présents ?

Les cuisiniers qui rehaussent de leur art les dons de la création ne sont-ils pas, comme tout artiste, des interprètes des splendeurs divines ? Ne répondent-ils pas au commandement de Dieu à Adam de mettre en valeur sa Création ?

Le vigneron qui d’un simple raisin  fait un Madiran d’exception, n’est-il pas le bon gestionnaire qui de cinq talents en fait mille ?

Autrefois on distinguait le monde catholique du monde protestant par cet amour des choses de la vie offertes par Dieu. Là où l’austérité protestante refrénait cette dégustation de la vie, le monde catholique la croquait même à l’excès.

En notre temps ces distinctions s’estompent, mais comment se fait-il qu’aujourd’hui les catholiques aient comme peur de croquer la vie ?

Pour tenir l’équilibre, ne convient-il pas d’apprendre aux enfants à savourer ces dons de Dieu comme une juste action de grâce ?

Partager le beau, le vrai, le bon n’est-ce pas contribuer au sourire de ce monde si inquiet et angoissé, si terni de laid et de misérabilisme ?

Dans la surenchère de Noël, n’ayons pas peur d’aimer ces dons de Dieu et d’aimer croquer la vie que le démon s’acharne à nous empoisonner. Jadis il fit croire que la pomme était sans danger et que Dieu se la gardait pour Lui parce que trop précieuse. Aujourd’hui il tente de nous détacher de la bonté simple des dons divins, nous faisant croire qu’ils sont réservés aux bêtes et aux pêcheurs, pas digne de l’Homme qui veut aimer Dieu. Et ce faisant, il nous gave d’artifices et d’ersatz.

L’excès seul dénature le goût des dons divins.

Cyril Brun, rédacteur en chef

Et pour faire bonne mesure, notre liste de cadeaux pour Noël

 

Articles liés

Partages