L’édito – Les non-négociables dans tous leurs états

L’édito – Les non-négociables dans tous leurs états

Chaque jour, InfoCatho publie une série d’articles sur les points non-négociables, ces principes qui sont intangibles et font, bien souvent, des catholiques, d’affreux conservateurs rétrogrades. En ce début d’année consacrée à la révision des lois de bioéthique, les principes non négociables reviennent avec une force d’autant plus violente que les enjeux mettent face à face l’homme et le profit juteux que d’aucuns en espèrent.

Ainsi, plusieurs lecteurs ont déjà constaté que les états généraux de la bioéthique, ressemblaient à un écran de fumée pour faire diversion. Si, justement, vous avez assisté à un débat pipé, envoyez-nous votre témoignage. Sur cette épineuse question, malheureusement, il n’y a pas de front des religions. Malgré des divergences masquées dans l’épiscopat français, l’Eglise de France entend, elle, faire front commun, car   Il existe des interdits fondateurs, rappelle Mgr Rey

Mais la question, pour fondamentale qu’elle soit, reste complexe pour le grand public et parfois biaisée par le relativisme de catholiques pour qui ces questions sont lointaines, ou par la confusion de positions divergentes, entre catholiques, comme dans le reste de la population. Ainsi, le professeur René Frydman, père du premier bébé éprouvette dit NON à la GPA, comme certains homosexuels qui se sont prononcés contre la PMA-GPA. Si la GPA est aussi controversée, c’est parce qu’elle consacre l’inégalité entre les êtres humains, pour certains,  ou parce que pas assez accessible pour d’autres, comme ce collectif de 110 personnalités, dont Elisabeth Badinter et Muriel Robin, qui réclame une “réforme urgente”. Certes se pose la question des mères porteuses, sur lesquelles La Manif pour tous a mené l’enquête, du marché juteux et mal encadré comme en Chine où le marché noir de la GPA est en pleine expansion. Axer le débat sur son aspect financier et esclavagiste n’est cependant pas sans risque, car ce n’est prendre le problème que par ses conséquences et non dans sa réalité propre.  Ainsi, Mgr Michel Aupetit sur la GPA, la fin de vie et l’intelligence artificielle, rappelle qu’“une technique sans éthique, c’est extrêmement dangereux” et de fait,  la science n’a pas de valeur (morale) en elle-même. Il vaut mieux garder à l’esprit que : “Tout ce qui est techniquement possible n’a pas vocation à être autorisé”

C’est pourquoi, une proposition de loi pour réaffirmer l’interdiction totale de la GPA en France a été déposée. De même, prendre le problème par la filiation peut se révéler un piège, même si cela peut sembler une piste médiatiquement compatible puisque pour une écrasante majorité des Français les enfants doivent avoir un père et une mère. Mais, il convient de se méfier de l’approche des révisions de la loi de bioéthique face au diktat des sondages. Celui publié par le journal la Croix, n’a pas laissé indifférent les catholiques engagés et surpris que ce quotidien officiellement catholique pose des questions si orientées. C’est en tout cas le sentiment de La Manif qui cible les non-dits du sondage La Croix sur la PMA, GPA et la fin de vie.

Mais la bioéthique ce n’est pas que la PMA et la GPA, d’où la difficulté de traiter les questions séparément, alors qu’elles ont une commune exigence, la dignité de l’Homme. Mais de quelle dignité parlons-nous ? La question de la fin de vie et de l’euthanasie met en perspectives des conceptions radicalement différentes de la dignité humaine. On parle de la souffrance pour justifier l’euthanasie, mais certains médecins témoignent qu’en 40 ans de pratique gériatrique, ils n’ont jamais vu de souffrances ingérables. Corollaire, inévitable du traitement ambigu de la fin de vie, les familles sont de plus en plus méfiantes à l’égard des médecins… Qui doutait que cela arriverait ? Et pourtant, des députés LREM sont déterminés à faire évoluer la loi vers l’euthanasie. Mais pour l’heure, la Commission des affaires sociales a rejeté une proposition de loi visant à légaliser l’euthanasie. Malgré tout, une majorité de Français semble pour l’euthanasie ! Une question qui se situe entre désinformation et boite de Pandore.

L’autre grande question est bien entendu la délicate IVG. « Après 20 semaines, l’enfant a complètement une morphologie humaine » a rappelé  Donald Trump, déçu du vote du sénat américain sur ce point. A l’inverse, les sondages montrent que les Russes sont de moins en moins favorables à l’IVG, quand une  nouvelle étude révèle que pour les femmes l’avortement n’est pas une libération. Aussi certains militent pour « Rendre le choix de la maternité aussi facile que le recours à l’avortement ». Question collatérale choque révélée par un reportage choc, l’infanticide néonatal qui pointe aussi  une certaine perversion de la médecine, comme le dénoncent les 7000 cartons rouges envoyés à Marlène Schiappa.

Bref, un sujet complexe et confus pour lequel il importe de se  former pour comprendre, comme le propose ce nouveau manuel PMA (gratuit). Se former, comprendre et surtout agir. Trois actions urgentes et concrètes pour protéger les générations à venir sont proposées avec six principes d’actions par Tugdual Derville. Gardons à l’esprit que “Les libertaires n’ont besoin que d’une chose pour l’emporter : soit notre silence, soit notre division.” prévient  Barbara Mazière

Mais les principes non-négociables ne se limitent pas aux révisions des lois de bioéthique et ce mois  de janvier a été marqué par d’autres formes d’ébullition.  Ainsi, Mgr Schneider, à propos d’Amoris laetitia a rendu public sa Profession des vérités immuables sur le mariage sacramentel, rejoint par plusieurs évêques. Dans le contexte romain toujours, un inquiétude pointe : Humanae vitae vivrait-elle ses dernières heures ?

Si le nombre de mariages entre personnes de même sexe continue à baisser un peu partout, en Irlande, les conseillers conjugaux catholiques vont être contraints d’accueillir les couples homosexuels sous peine de fermeture pour « discrimination ». Inutile de dire que l’objection de conscience ne leur sera pas plus accordé qu’aux pharmaciens français.

 

Cyril Brun, rédacteur en chef

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