L’édito – La pastorale et l’écueil du relativisme.

L’édito – La pastorale et l’écueil du relativisme.

Lorsque je parlais d’une bombe lancée par Mgr de Germay à propos de la pastorale eucharistique, j’imaginais bien que cela déclencherait des réactions vives quant à la crainte de l’éternel retour de balancier. Quand l’évêque d’Ajaccio parle de repenser la dimension sacrificielle et donc plus sacrée aussi de l’eucharistie, il ne me semble pas qu’il veuille nier un instant l’importance de sa dimension communautaire. C’est bien au cœur de la messe que se croisent les deux bras de la croix. L’actuelle catéchèse du pape François sur la messe rappelle, du reste, le sens de se tourner vers le Seigneur et d’élever notre cœur.

L’enjeu pastoral, ici comme pour les divorcés remariés, comme pour toute pastorale, est de rendre accessible aux hommes de notre temps une vérité éternelle. Maintes raisons expliquent que souvent la pastorale met en lumière plus un aspect qu’un autre de ces vérités, atemporelles par définitions. Une perte de sens ponctuelle, un conflit liturgique ou théologique, un événement propre à l’histoire du moment, ont pu déséquilibrer les pastorales, tant locales qu’universelles, en ce sens que mettant en exergue de façon excessive (pour de bonnes ou de mauvaises raisons du reste) un aspect du mystère, elles n’ont pas toujours tenu pour importantes, les autres faces de ce mystère. De ce déséquilibre ont pu naître, parfois, des dérives, voire de franches hérésies bourgeonnantes sur la branche du relativisme.

Le relativisme est le grand écueil, me semble-t-il des pastorales contemporaines. Avec le souci de mieux approcher l’autre, de ne pas l’exclure ou l’effrayer, ou parce qu’on estime qu’il ne pourrait pas tout comprendre, on a bien souvent omis, masqué, voire refusé de lui donner la pleine vérité. Quand on ne nie pas qu’il y ait une vérité, ce qui, là, est un autre problème. La pastorale, pourtant, est bien le moyen, en un temps donné, dans un contexte et une culture donnés,  de conduire à la vérité qui est le Christ. Relativiser cette vérité c’est finalement conduire à une image déformée, erronée du Christ qui ne peut plus être chemin, vérité et vie. C’est une chose de distiller progressivement la vérité qui de toute façon n’est qu’un dévoilement progressif de l’infini, c’en est une autre de l’amputer, de la relativiser ou d’en minimiser l’importance par un « Dieu est au-dessus de tout ça ».

Finalement la pastorale pourrait être résumée par sainte Bernadette : nous ne sommes pas chargés de faire croire, mais de dire. La pastorale c’est rendre audible la vérité pleine et entière, dans le respect du rythme de chacun il est vrai. Ce qui est un des impératifs de la charité et de la liberté. Mais tronquer la vérité, la relativiser ou lui accorder une place secondaire, c’est manquer aussi à la plus élémentaire charité.

 

Cyril Brun rédacteur en cher

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