L’Eglise refuse des funérailles catholiques publiques à Totò Riina, parrain de la mafia

L’Eglise refuse des funérailles catholiques publiques à Totò Riina, parrain de la mafia

L’ancien chef de Cosa Nostra Tot Riina, mort à l’âge de 87 ans, a été l’un des parrains les plus violents et les plus redoutés de l’histoire de la mafia sicilienne. L’Eglise refuse des funérailles publiques

Salvatore « Toto » Riina, surnommé « La Belva » (« le fauve »), a fait régner la terreur pendant près de 20 ans en Sicile et au sein de Cosa Nostra, dont il avait pris le contrôle à partir des années 70. Accusé d’avoir commandité plus de 150 homicides, condamné à une vingtaine de peines de prison à vie, il est surtout connu pour avoir ordonné les meurtres des juges antimafia Giovanni Falcone et Paolo Borsellino en 1992, et pour avoir été l’un des cerveaux des attentats meurtriers de 1993 à Rome, Milan et Florence qui ont fait 10 morts au total.

Toto Riina était derrière les barreaux depuis son arrestation en janvier 1993. Il avait toujours affirmé être étranger à Cosa Nostra avant de reconnaître implicitement son rôle en 2009. Trafic de drogue, enlèvements, racket: Riina fait main basse sur tous les secteurs d’activité traditionnels de Cosa Nostra. Pour asseoir le pouvoir de son clan, les Corleone, il donne le coup d’envoi au début des années 80 d’une guerre sanglante, qui fait plusieurs centaines de morts, contre les vieilles « familles » palermitaines. Sa cruauté sera à l’origine de sa chute. Grâce à des témoignages de repentis, dont son chauffeur personnel, excédés ou effrayés par le numéro 1 de la mafia, les forces de l’ordre l’arrêteront le 15 janvier 1993 dans la banlieue de Palerme. Il rejettera les accusations dont il a fait l’objet, affirmant ne pas connaître la mafia et être entré en clandestinité pour échapper à des accusations mensongères.

Souffrant depuis des mois de diverses pathologies, dont un cancer, il avait demandé par l’intermédiaire de ses avocats, en juillet 2017, une suspension de peine pour hospitalisation ou une assignation à résidence alors qu’il était soigné dans un service réservé aux détenus de l’hôpital à Parme. Mais sa requête avait été rejetée par le tribunal de Bologne, ce dernier estimant que le chef mafieux ne pouvait pas recevoir « de meilleurs soins ni une meilleure assistance dans un autre service hospitalier ».

Eviter la “confusion” avec l’enseignement de l’Eglise

Son décès pose évidemment le problème de ses funérailles. On sait que le pape François a fait de la lutte contre la mafia, une de ses priorités. En juin dernier, un colloque organisé par le Dicastère pour le service du développement humain intégral et l’Académie pontificale des sciences sociales avait indiqué ouvrir une réflexion sur la possibilité d’excommunier les coupables de crimes mafieux et de corruption. En effet, pour l’instant les mafieux ne sont pas excommuniés latæ sententiæ, c’est-à-dire automatiquement au vu même du délit. Ils ne sont toutefois en théorie pas admis aux sacrements, en raison de “leur état et leur condition de vie”.

Depuis Jean Paul II, les pontifes se sont attachés à dénoncer cette incohérence de vie des mafieux. En 1993, le pape polonais avait dénoncé “la culture de la mafia, qui est une culture de mort, profondément inhumaine, anti-évangélique”. En 2010, Benoît XVI avait repris cette condamnation déclarant que la mafia était “une voie de mort, incompatible avec l’Evangile”. Et François également, parlant d’un “chemin de mal”, en 2014.

C’est pour cette raison que Mgr Ivan Maffeis, porte-parole de la Conférence des évêques italiens, a déclaré que des funérailles catholiques publiques pour l’ancien parrain mafieux sont exclues, a déclaré Une déclaration qui s’inscrit dans la volonté du Saint-Siège d’excommunier automatiquement les membres de la mafia. Si la famille de Totò Riina, le désire, a cependant expliqué Mgr Maffeis, un prêtre pourrait accompagner les funérailles “avec la prière des psaumes”. Car cela ne peut être refusé à personne, a-t-il poursuivi. En revanche, sont “exclues” des funérailles publiques qui seraient un message de “confusion” avec l’enseignement de l’Eglise.

 

Source CathoBel

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