Les chrétiens persécutés gardent la foi – et sont ignorés par ceux qui ne le font pas

Les chrétiens persécutés gardent la foi – et sont ignorés par ceux qui ne le font pas

Traduit par Vincent de L. pour France Catholique :

Imaginez que vous trouviez une enveloppe à votre porte. À l’intérieur se trouvent six balles et un mot : « Avec ces six balles, nous te tuerons, toi et ta famille ». Imaginez que quelques jours plus tard, une boîte soit déposée devant votre porte avec un mot qui dit : « Dans cette boîte, nous vous apporterons la tête de vos enfants ».

Pour ceux qui habitent en Occident, il est difficile d’imaginer ce genre de choses, pourtant, c’est une réalité quotidienne pour les chrétiens qui vivent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Faithkeepers (Les gardiens de la foi, ndt) est un nouveau documentaire de Clarion Project sur les chrétiens dans les pays musulmans, qui refusent de renier le Christ malgré la persécution quotidienne, laquelle inclut le viol, la torture et le meurtre.

La question est : qui garde la foi avec les gardiens de la foi ? D’après L’aide à l’Église en détresse, environ 215 million de chrétiens dans le monde affrontent une sévère persécution, essentiellement du fait de musulmans. Pourtant, un récent sondage des catholiques américains révèle qu’ils sont plus concernés par le changement climatique que par la persécution mondiale des chrétiens.

Parmi une liste de cinq problèmes mondiaux, les catholiques mettent la persécution des chrétiens en queue de liste. Le sort des familles LGBT ne faisait pas partie de la liste mais, à voir à quel point les catholiques ont été endoctrinés sur le sujet, on peut imaginer que s’il l’était, il serait classé comme un problème plus sérieux que la persécution des Chrétiens dans le monde.

De fait, l’acceptation et l’intégration des familles LGBT fut une question principale de la Rencontre Mondiale des Familles (RMF) qui vient de s’achever à Dublin (article daté du 29 août 2018, ndt). Un des orateurs y fut le père James Martin, sj, l’une des voix qui s’élèvent le plus fort en faveur de la communauté LGBT. De nombreux autres discours se sont également focalisés sur les besoins particuliers des personnes LGBT et de leurs familles.

Par contraste, pour autant que je puisse l’établir, un seul discours sur environ cent présentations a concerné la détresse des familles persécutées eu Moyen-Orient. De plus, le résumé du discours en deux pages, que j’ai lu, ne contenait ni le mot « chrétiens » ni le mot « musulmans ». Au lieu de ça, les familles qui souffrent étaient juste décrites comme victimes de « conflits » génériques.

L’étrange insistance de la RMF sur les besoins des familles LGBT, et son silence relatif sur la détresse des familles chrétiennes persécutées, signifie une grotesque perte de perspective de la part de la direction catholique. Ce qui aurait dû être un problème secondaire, voire même tertiaire, a été élevé au rang des problèmes principaux.

D’un côté, les dirigeants de l’Église font très attention aux problèmes d’une toute petite minorité (les gays et lesbiennes représentent environ deux à trois pour cent de la population, tandis que les transgenres sont probablement moins d’un demi pour cent) qui adoptent des styles de vie en contradiction avec l’enseignement de l’Église. De l’autre côté, les mêmes dirigeants prêtent peu d’attention aux millions de chrétiens qui gardent la foi face à une implacable persécution.

Ainsi que le souligne le film Faithkeepers, les chrétiens du Moyen-Orient affrontent l’extermination. En 1915, les chrétiens représentaient vingt pour cent de la population du Moyen-Orient. Aujourd’hui, leur nombre n’est plus que de quatre pour cent, et il diminue encore.

Mais le film ne s’arrête pas aux statistiques. Avec sagesse, il laisse les vidimes raconter l’histoire : une jeune mariée est enlevée, attachée et jetée dans une pièce avec deux autres prisonnières, et toutes trois sont torturées et violées. Toute refusent de se convertir à l’islam. Un garçon est témoin de la décapitation de son père, il en devient muet, mais recouvre miraculeusement la voix lorsque sa mère emmène sa famille dans un monastère situé dans les collines. Une famille tente une dangereuse évasion en voiture, au milieu des cadavres sur la route et des balles qui sifflent autour d’elle, des enfants qui pleurent et avec le réservoir de carburant qui se vide.

Pendant ce temps, à la RMF, tous les autres problèmes sont occultés par le spectre de la nouvelle vague générale d’abus du clergé et de leur dissimulation. A la différence des autres questions du congrès, les scandales ne sont pas un sujet secondaire. Ils vont au cœur de la maladie de l’Église, qui n’est pas un manque de sensibilité, mais un manque de fidélité au Christ et à Ses commandements. En dissimulant les abus, des évêques et des directeurs de séminaires ont substitué les standards du monde de la tolérance neutre aux « difficiles » enseignements du Christ sur la morale sexuelle.

Les scandales des abus sont doublement scandaleux parce qu’ils se produisent à un moment où l’Église entre dans une nouvelle ère de persécutions. Même si ces scandales requièrent évidemment notre attention, ils servent également à détourner l’attention de la détresse des chrétiens persécutés, une population qui n’a pas reçu une attention suffisante, pour commencer. Malheureusement, l’histoire de clercs immoraux et d’évêques lâches est – vue de la presse – une histoire beaucoup plus intéressante que la persécution de chrétiens fidèles dans des lieux éloignés.

Un autre facteur doit être pris en considération. Non seulement les scandales d’abus ont détourné l’attention de la persécution, ils ont également détourné une grande part du soutien financier que l’Église aurait pu fournir aux persécutés. Une partie des millions de dollars que les diocèses ont payé pour prix du silence pendant des années aurait pu être consacrée à aider ces chrétiens du Moyen-Orient de d’Afrique qui vivent dans des situations de danger permanent.

Les futurs historiens de l’Église s’interrogeront sur cette inversion flagrante des priorités. Ils se demanderont comment l’Église est devenue si absorbée par la sensibilité aux sous-cultures sexuelles qu’elle en a perdu de vue une grave menace extérieure contre son existence même. Ils se demanderont aussi pourquoi les dirigeants de l’Église du début du XXIe siècle paraissaient plus inquiets de montrer de la solidarité avec l’islam (en témoigne la campagne anti-islamophobie menée par la Conférence des Évêques des États-Unis), que d’être solidaires des chrétiens persécutés.

Cette perspective perdue ne sera pas facile à restaurer, mais un film tel que Faithkeepers est une étape dans la bonne direction. À une époque ou certains chrétiens veulent que l’Église sacrifie la foi pour sauver leurs propres préférences sexuelles, Faithkeepers nous met au courant de l’existence de chrétiens courageux qui désirent sacrifier leur vie pour le salut de leur foi. Les participants à la RMF auraient tiré bénéfice que le discours tendancieux du père Martin eût été remplacé par une projection de ce film éclairant.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/08/29/persecuted-christians-keep-the-faith-and-are-ignored-by-those-who-dont/

William Kilpatrick

William Kilpatrick est l’auteur de Christianity, Islam and Atheism : The Struggle for the Soul of the West(Christianisme, islam, athéisme : le combat pour l’âme de l’Occident), et d’un nouveau livre, The Politically Incorrect Guide to Jihad (Le guide politiquement incorrect du Jihad).Son travail est en partie soutenu par la Fondation Shillman. Pour en savoir plus sur son œuvre et sur ses écrits, consulter son site The Turning Point Project

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