« Les femmes qui prennent la décision d’avorter sont rarement libres »

« Les femmes qui prennent la décision d’avorter sont rarement libres »

Sophie Heine, politologue et auteur, publie une tribune dans laquelle elle rappelle que « la vulnérabilité sociale et physique des femmes limite leur potentiel de révolte et de mobilisation », ce qui « pèse lourdement sur le choix ou non d’avorter ». Elle dénonce le discours des mouvements « progressistes » qui « sacralisent le droit à l’IVG comme victoire féministe supposée garantir aux femmes la ‘libre disposition de leur corps’ » et s’éloigne « de la réalité concrète des femmes concernées ».

« Les femmes sont vulnérables », constate Sophie Heine, par leurs « positions socio-économiques moins valorisées et moins rémunératrices » mais aussi par leur physique. L’état de grossesse constitue lui aussi une « source de fragilité ». En outre « dans l’éventualité où une femme enceinte choisit de mettre fin à une grossesse, les séquelles – en tout cas psychologiques- sont rarement nulles ». En tenant compte de cette réalité, « que peut bien signifier la liberté individuelle si souvent postulée dans la décision d’avorter – et confirmée par le terme officiel d’interruption volontaire de grossesse’ ? Comment les femmes peuvent-elles être effectivement libres dans de telles circonstances si elles sont structurellement soumises à des dominations ? ».

Cette vulnérabilité « ne peut qu’avoir un impact sur le choix ou non d’avorter, d’autant plus que les contraintes subies par les femmes en matière de sexualité et de reproduction sont particulièrement fortes »« Qu’il s’agisse des pressions exercées par les hommes concernés, de la réalité sociale recouverte par le statut de mère et des attentes sociales afférentes, les femmes prenant une telle décision sont rarement libres ».

Cette situation appelle un « changement de mentalité », qui selon Sophie Heine passe par une « responsabilisation radicale des hommes » : « la majorité des hommes se comporteraient en effet différemment sur le plan sexuel s’ils étaient obligés de s’impliquer une fois un enfant né. Et nombre de femmes hésiteraient alors davantage à avorter, même dans des situations de couple problématiques ou après des ruptures. Car elles ne seraient plus seules à faire face à la tâche, à la fois immense et fabuleuse, de mettre au monde un enfant ».

 

 Source Généthique.org

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