Les pratiques du Carême, le jeune par saint Léon le Grand

Les pratiques du Carême, le jeune par saint Léon le Grand

Suite de l’article publié hier : 

Les pratiques du Carême, le jeûne

Voyons maintenant quelles seront ce qu’on peut appeler les « pratiques » du Carême. Nous en avons déjà rencontré une, l’examen de conscience. Il y en a une autre, le jeûne, qui est essentielle, si essentielle même que le Carême est appelé « le plus grand et le plus sacré des jeûnes » (IV, 1) ; cette pratique, désignée aussi plus généralement sous le nom d’abstinence, consiste en une restriction volontaire de nourriture pour laquelle saint Léon n’énonce d’ailleurs aucune norme disciplinaire précise. Le jeûne est envisagé sous différents aspects.

C’est d’abord une mesure de prudence, même naturelle, car le danger de tomber dans d’innombrables fautes nous environne de toutes parts et, d’usages licites, on passe à des excès immodérés, particulièrement lorsque, à la faveur du soin de la santé, s’introduit la délectation du plaisir, et que notre convoitise ne se contente pas de ce qui peut suffire à la nature (XII, 2).

Par conséquent, en se restreignant, on échappe à bien des dangers de fautes :

A ces tentations et à d’autres encore… quelle vertu opposer plus à propos que l’abstinence, puisqu’elle donne et développe les forces pour nourrir et conserver les biens de l’âme et du corps ?

Mais aussi on développe les forces de l’âme en diminuant raisonnablement celles du corps qui risqueraient d’étouffer les premières. Saint Léon dira dans un Sermon pour les Quatre-Temps de Pentecôte :

Le cœur n’a plus la même vigueur lorsque la nourriture l’accable que lorsque le jeûne le rend léger ; mais quand la chair qui convoite contre l’esprit est matée par le désir spirituel, la santé est retrouvée dans la liberté et la liberté dans la santé, en sorte que la chair soit gouvernée par l’empire de l’esprit et l’esprit par le secours de Dieu.

Comme la concupiscence est à l’origine des vices, la continence, c’est-à-dire la discipline imposée à tous les appétits corporels, sera à l’origine des vertus.

Mesure de prudence surnaturelle et de sainte libération, le jeûne sera aussi une purification de l’âme. Du fait qu’il dégage l’âme de l’emprise du charnel, il la purifie peu à peu de l’influence excessive que celui-ci peut exercer :

Une utile abstinence est nécessaire non seulement pour mater le corps, mais encore pour purifier l’âme (VIII, 1).

Et lorsque l’âme est ainsi libérée, les vertus peuvent y prospérer. Aussi l’abstinence est-elle dite la « mère des vertus » (XII, 3), et le jeûne, s’il a un aspect de privation corporelle, en a-t-il aussi un de restriction spirituelle : c’est le « jeûne spirituel » qui va de pair avec l’autre, mais ne saurait s’en passer totalement :

Le tout de notre jeûne ne réside pas dans la seule abstention de nourriture, et il n’y a pas profit à soustraire les aliments au corps si le corps ne se détourne pas de l’injustice et si la langue ne s’abstient pas de la calomnie. Nous devons donc mortifier notre liberté dans la nourriture, mais pour mater sous la même loi les autres convoitises (IV, 2).

Saint Léon souligne en de saisissantes formules la connexion des deux jeûnes, le corporel et le spirituel :

Parmi les disciplines célestes de l’Église, les jeûnes divinement inspirés présentent beaucoup d’utilité : tandis que l’appétit de la chair est soumis aux lois de la sobriété, les mouvements intérieurs sont aussi tempérés et l’esprit jeûne d’injustice comme le corps de nourriture (XII, 2).

Dans l’âme qui, en se fortifiant par l’abstinence, lutte contre ses tendances vicieuses et s’abstient d’actions malhonnêtes, les vertus vont pouvoir se développer. Cette âme va s’orner et s’embellir, comme il convient de le faire à l’approche de la plus grande des fêtes (III, 1), le temple de Dieu qu’elle est va se restaurer, ce qui ne se fait d’ailleurs pas sans qu’y concoure le divin architecte lui-même (V, 1), le miroir du cœur va retrouver son éclat un moment terni par la poussière du monde (V, 3) ; autant d’images dont se sert saint Léon pour montrer l’âme raisonnable retrouvant par l’exercice des vertus la ressemblance divine.
source
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