Marc Desaubliaux : « La religion est un cadre de fond… »

Marc Desaubliaux : « La religion est un cadre de fond… »

Nous avons rencontré l’écrivain Marc Desaubliaux lors d’une dédicace à la paroisse Saint Augustin, dans le 8e arrondissement de Paris. Ce croyant littéraire nous a présenté son dixième roman, Marceline ou le monde des autres.

Il pleut à verse sur Paris et la nuit est déjà tombée. C’est dans la crypte de l’église Saint Augustin, sise dans le 8e arrondissement de la capitale, que nous retrouvons Marc Desaubliaux. A l’occasion de la fête paroissiale, toutes sortes d’activités sont proposées : vin chaud, crêpes, tombola, vente de livres… Le point d’orgue ? La séance de dédicace du dernier roman de l’écrivain, Marceline ou le monde des autres. Entre une signature et deux remerciements, nous avons discuté avec lui de son rapport à la foi, à la littérature et, évidemment, aux autres.

Vous venez de sortir votre dixième roman. Pourquoi avoir choisi une paroisse pour faire votre dédicace ?

-Marc Desaubliaux : Ce n’est pas la première fois. J’avais déjà organisé une dédicace il y a cinq ans. C’est une paroisse que je fréquente depuis longtemps. Je viens toujours à la messe ici. On s’y sent bien. Et tous les livres ici sont vendus au profit de la paroisse.

Dans ce roman, vous nous racontez l’histoire d’une jeune fille et de son parcours initiatique. Quelle est la genèse de cette histoire ?

-Le roman est parti d’une ville nommée Rougemont dans l’ouvrage. En fait c’est Senlis, dans le nord de Paris. Mes grands-parents y habitaient, j’ai passé mon enfance là-bas. C’est une ville restée figée durant des années, car il ne s’y passait rien. C’était un monde clos. A l’intérieur de cette ville, on ne se fréquente pas, il y a le centre-ville et, à l’extérieur, sont venues se greffer deux petites cités. Marceline vient d’une des familles de ces villages et va tout faire pour pénétrer l’autre monde qu’est le centre-ville. La famille de Marceline a des valeurs chrétiennes de gauche, et ceux du centre sont aussi chrétiens, mais surtout bourgeois. Et ces valeurs très fortes ne sont pas du tout les mêmes.

Quelle est la place de la foi chez les personnages du roman ?

-Marceline vient d’une famille dont la mère est catholique, le père aussi, mais un peu anarchiste. Dans le roman, il dit : “Moi je m’occupe de sauver notre âme sur la terre, et toi ma chérie, de sauver nos âmes dans le ciel”. Un des personnages que rencontre Marceline, Jean-Patrick Frémy, fait partie de la vieille ville. C’est un type très croyant, qui rend service facilement. Ces deux personnages vont donc être amenés à confronter leurs valeurs chrétiennes, comme sociales.

Comment s’articule le rapport à l’autre dans ce cadre-là ?

-Marceline va changer. Elle va comprendre que pour pénétrer ce monde, toute une culture différente doit être acquise. Elle va apprendre un certain nombre de codes et les utiliser. Le principal cheminement est celui de se détacher des préjugés : elle pense que ces gens vivent comme des people, champagne et caviar tous les soirs, relations sur la Côte d’Azur et yacht…

La cartographie de la ville tient une place centrale dans votre roman. Quelle est la dimension donnée à l’église ?

-L’église est, en France, le cœur d’une ville. Lorsque vous voyez un village, vos yeux s’arrêtent sur le sommet du clocher qui surpasse tout. Les Français ont hérité de ce chrisitannisme et, au fond d’eux, y restent attachés. Même si le rapport s’est transformé au fur et à mesure des époques. Malgré tout, à la campagne, quand j’entends un clocher sonner au loin, je me dis qu’on est en France. Et j’aime à voir des églises qui, plutôt que d’être laissées à l’abandon, sont sublimées par le biais de l’art, avec des concerts, des conférences. Je me souviens de Laurent Voulzy au mont Saint Michel…

Quelle est la place de la foi dans vos romans ?

-Dans tous mes romans, le christiannisme est présent. Sous plusieurs formes. J’ai remarqué en effet que le rapport à la foi n’est pas le même à Paris ou dans les Ardennes, selon la classe dont on est issu ou selon le milieu.

Que pensez-vous du mariage entre littérature et religion ?

-Dans Marceline, je décris, avec le fameux Jean-Patrick, quelqu’un de profondément croyant, qui prie, qui se donne du mal, veut bien faire mais se trouve devant une grande épreuve : l’impression d’avoir été abandonné par Dieu. Il se sent très seul et en souffre terriblement. La religion est davantage présente à titre personnel que du point de vue de l’institution. Chez moi, la religion est un cadre de fond.

Avez-vous déjà eu une inspiration fulgurante à la messe ?

-La seule personne qui me parle et que je peux invoquer avec beaucoup de chance, c’est le Saint Esprit. Quand je l’appelle, il répond toujours présent.

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