Myanmar – La communauté catholique et le drame des Rohingyas

Myanmar – La communauté catholique et le drame des Rohingyas

Au Myanmar, la question de la minorité musulmane d’ethnie Rohingya, population de quelques 1,2 millions d’habitants vivant dans l’Etat de Rahkine, à l’ouest du pays, revient sur le devant de la scène.
Des milliers de Rohingyas ont en effet fui en direction du Bangladesh limitrophe, le gouvernement birman ne les considèrant pas comme des citoyens du Myanmar mais comme des « immigrés illégaux », et les privant de tout droit. Ce statut discriminatoire institutionnalisé dure depuis des décennies mais s’est aggravé ces dernières années. Depuis 2012, les Rohingyas ont fait l’objet de violences et de persécutions promues par des groupes nationalistes bouddhistes, qui demandent leur expulsion de l’Etat. Selon les Nations unies, au moins 100.000 Rohingyas ont quitté le pays, trouvant refuge dans les Etats limitrophes et quelques 22.000 personnes l’ont fait au cours de la semaine passée, après que l’armée birmane ait lancé une offensive dans le nord de l’Etat de Rahkine à la recherche d’insurgés. Cette violence pourrait, selon des ONG, constituer un crime contre l’humanité. Par ailleurs, 150.000 autres civils Rohingyas se trouvent dans des camps de réfugiés et ont besoin d’une assistance humanitaire complète.


Le Père Stephen Chit Thein, du diocèse de Pyay, qui comprend sur son territoire l’Etat de Rahkine, est originaire du territoire se trouvant dans les environs de Settwe, où est installée cette population. « Je me souviens des difficultés de communication avec eux, attendu qu’ils ne connaissaient pas la langue birmane (…) Nous sommes préoccupés pour eux, même si actuellement, sur cette langue de terre, nous ne disposons pas de représentants catholiques ni de prêtres. Seuls les bouddhistes sont présents. Nous savons que la situation humanitaire est grave et nous exprimons toute notre solidarité mais les aider demeure difficile » note-t-il.
L’Eglise catholique, avec ses structures et organisations caritatives telles que la Caritas – qui au Myanmar s’appelle Karuna – est dans l’impossibilité d’agir. « Le gouvernement ne nous permet pas de nous rendre sur le territoire ou dans les camps de réfugiés. Aucune organisation religieuse ne peut le faire et seules certaines ONG internationales ont la possibilité de porter une assistance humanitaire » indique le père Nereus Tun Min, responsable de Karuna dans le Diocèse de Pyay. « Bien involontairement – poursuit le Père Tun Min – nous sommes seulement spectateurs de cette crise. Nous comprenons que la population souffre beaucoup actuellement. Nous connaissons l’ensemble de leurs problèmes, à commencer par leur absence de reconnaissance de la part de l’Etat, qui est le motif de tous les autres problèmes et a des conséquences très dommageables pour eux ».
« Ce que l’on peut demander, en pensant à l’actuelle présence au Myanmar de l’envoyé de l’ONU pour les droits fondamentaux, est que le nouveau gouvernement coopère afin de bloquer cette escalade et qu’il aide à gérer une situation devenue insoutenable du point de vue humanitaire en recherchant des solutions respectueuses des droits et de la dignité de tout être humain » conclut-il.
Les évêques du Myanmar se sont exprimés par le passé à propos du drame des Rohingyas. Ainsi, S.Em. le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Yangon, parlant de la nouvelle phase démocratique ayant débuté au sein de la nation, a stigmatisé « la diffusion de la haine et la négation du droit », se référant aux violences perpétrées par des bouddhistes vis-à-vis des Rohingyas musulmans mais également à l’hostilité démontrée envers cette population par le gouvernement. En cette situation comme en d’autres, marquées par le malaise et le conflit social, les catholiques au Myanmar, a-t-il remarqué, « ont le devoir de porter la miséricorde et de l’annoncer ».

Source : Agence Fides

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