Natasha Saint-Pier sort un nouvel album sur Thérèse de Lisieux

Natasha Saint-Pier sort un nouvel album sur Thérèse de Lisieux

Un entretien de Natasha Saint-Pier avec Pèlerin : 

Le nouvel album de Natasha Saint-Pier, « Thérèse de Lisieux – Aimer, c’est tout donner » *, sort le 3 août. La star canadienne parle sans fard à Pèlerin de sa foi, de ses engagements et de sa carrière.

On vous a longtemps connue chanteuse de variétés. Depuis cinq ans, vous chantez de la musique « inspirée ». Pourquoi ?
Je n’ai pas l’impression que ma carrière ait pris un virage. Je demeure une artiste de variétés qui ne s’interdit pas de faire de la musique « inspirée ». D’ailleurs, quand j’ai enregistré « Thérèse, vivre d’amour », en 2013, mon producteur m’avait fait écouter des textes spirituels mis en musique par l’artiste Grégoire sans me préciser qui en était l’auteur. Je me suis lancée dans ce projet sans savoir qu’ils étaient tirés des poèmes de sainte Thérèse de Lisieux.

Qu’est-ce qui vous a poussée à faire un deuxième album autour de Thérèse ?
En Noël dernier, j’ai effectué une petite tournée dans des églises, en France, pour chan-ter les poèmes de Thérèse. Je me suis aperçue ensuite que le lien particulier tissé avec le public dans les chapelles me manquait. J’ai eu envie de revivre cela. J’ai demandé aux frères Pouzin, Benjamin et Thomas, qui forment le duo de pop chrétienne Glorious, s’ils étaient d’accord pour mettre en musique, pour moi, de nouveaux textes de la sainte. Ils ont accepté avec enthousiasme. C’est comme ça qu’est né ce deuxième album.

Vous qui avez longtemps chanté sur des scènes profanes, que ressentez-vous de particulier dans une église ?
C’est une expérience complètement différente. Le mélomane « profane » ne demande qu’à être diverti. Le public des églises écoute en priant ou en méditant, car l’atmosphère recueillie des lieux de culte influe sur son O écoute. En tant que chanteuse, je ressens une pression plus grande dans les églises, car je me dois d’être à la hauteur des attentes d’un public fervent. La lueur que j’entrevois dans les regards lorsqu’un passage ou une parole font écho me comble de joie. J’ai l’impression de servir, d’être utile.

Après avoir collaboré avec plusieurs artistes inspirés, quel regard portez-vous sur la musique chrétienne française ?
Aux États-Unis, la musique inspirée fait partie du paysage artistique au même titre que le jazz, le folk ou le rap. En France, l’opinion ne valorise pas les artistes chrétiens. Pourtant, vous avez des artistes de grand talent qui ont choisi de raconter leur foi en musique et de chanter des textes de louanges. Leurs styles sont variés, et vont du gospel à la pop, en passant par le reggae et la variété. Les médias généralistes ne s’intéressent pas à eux, même si, peu à peu, des initiatives telles que les Angels Musics Awards (Victoires de la musique chrétienne lancées en France en 2016, NDLR) leur donnent une certaine visibilité.

Pour revenir à Thérèse, comment expliquer que nos contemporains soient toujours sensibles à des textes écrits il y a plus de cent ans ?
Parce que Thérèse est un exemple de sagesse, d’amour et d’abnégation pour ceux qui sont en quête de Dieu. Avec des mots simples et accessibles à tous, elle nous permet de comprendre qu’au-delà de nos petits soucis de la vie quotidienne, de nos tracas matériels, quelque chose de bien plus grand existe au-dessus de nous. Certains appellent cela une énergie, une vibration. Thérèse met le mot de Dieu sur cette source. Et puis, ses textes, faut-il s’en souvenir, ont été écrits alors qu’elle avait entre 17 et 24 ans. Ils portent l’empreinte d’une jeunesse et d’une fraîcheur éternelles qui touchent les cœurs. Intemporels et universels, ses poèmes ne vieillissent pas. Ils prennent encore plus de force dans le monde de superficialité et d’apparence qui est le nôtre. Un monde où la spiritualité est essentielle pour ne pas perdre pied.

Sur un plan plus personnel, vous avez connu en 2015 des moments difficiles lorsque votre fils Bixente est né avec une cardiopathie. Votre foi vous a-t-elle aidé à surmonter cette épreuve ?
Oui. Dès le début de ma grossesse, j’ai été informée que mon fils allait naître avec une malformation cardiaque, que sa survie n’était pas garantie, que son parcours allait être compliqué. J’ai prié pour lui durant toute ma grossesse. Prié Thérèse lorsque, à 4 mois, Bixente a subi une lourde opération chirurgicale pour réparer son cœur. Sentir qu’une force supérieure m’accompagnait durant cette période, m’a encouragée.

Votre foi vous a-t-elle aidée à surmonter cette épreuve ?
Oui. Dès le début de ma grossesse, j’ai été informée que mon fils allait naître avec une malformation cardiaque, que sa survie n’était pas garantie, que son parcours allait être compliqué. J’ai prié pour lui durant toute ma grossesse. Prié Thérèse lorsque, à 4 mois, Bixente a subi une lourde opération chirurgicale pour réparer son cœur. Sentir qu’une force supérieure m’accompagnait durant cette période m’a encouragée.

Avoir traversé de telles difficultés vous a-t-il changée ?
Je suis pragmatique. Dès que j’ai su que mon fils était en danger, j’ai fait l’impasse sur le passé et j’ai rassemblé mes forces pour affronter le futur. Mais cela ne m’a pas empêchée de saisir la fragilité de la vie et de comprendre dans ma chair que personne n’est là pour toujours. Toutes ces réflexions m’ont rendue plus humble et ont renforcé la dimension spirituelle de ma vie. Notre médecine est performante. En y ajoutant la foi, les chances de guérison sont plus nombreuses. Grâce àla combinaison des deux, mon fils va bien maintenant.

Cela donne-t-il du sens à votre engagement au sein de l’association Petit cœur de beurre dont vous êtes la marraine ?
Oui, car mon expérience peut servir à d’autres. Au sein de l’association des enfants malades de cardiopathie que nous suivons, nous aidons les parents et les fratries qui voient leur quotidien complètement chambardé lors des longues hospitalisations. Des psychologues et des bénévoles soutiennent les familles confrontées à la séparation. La maman reste souvent à l’hôpital avec le malade et les frères et sœurs peuvent alors se sentir abandonnés. Sur le plan matériel, nous fournissons aux mères des « kits de dignité », qui comportent des produits d’hygiène féminine, des barres de céréales, etc. Nous avons constaté qu’elles sont trop préoccupées par le sort de leur enfant pour penser à elles-mêmes. Nous fournissons aussi du matériel aux hôpitaux. Par exemple, des voiturettes électriques que les enfants conduisent eux-mêmes lorsqu’ils se rendent au bloc opératoire. Cela leur permet d’aborder cet acte médical de manière moins drama-tique et de prendre symboliquement le volant de leur guérison.

Vous qui êtes sensible aux plus fragiles, quel regard portez-vous sur les migrants dont l’arrivée massive divise l’opinion ?
De nationalité canadienne, je suis moi-même une sorte de migrante et je peux témoigner à la fois de la qualité de l’accueil de certains fonctionnaires et du rejet d’autres : on m’a fait quelquefois comprendre qu’être une chanteuse connue ne me garantissait pas un titre de séjour. Pour le reste, il ne faut pas perdre de vue que les grandes puissances mondiales alimentent parfois les conflits dans des pays tiers et qu’elles peuvent aussi être responsables de l’exil de milliers de personnes. Elles ont donc le devoir d’accueillir ceux qui fuient leurs pays en guerre. Par ailleurs, on ne peut pas décemment laisser les gens mourir de faim. N’oublions pas qu’au siècle dernier, des Français, des Italiens, des Britanniques et des Portugais sont partis, eux aussi, chercher une meilleure vie et qu’ils ont pu s’installer sur les côtes d’Amérique qu’ils ont colonisées.

Cela change-t-il votre regard sur la France ?
J’aime beaucoup plus la France depuis que j’habite ailleurs qu’à Paris. En région, et particulièrement à Biarritz, les gens sont plus attentifs les uns aux autres. La France est un très beau pays mais c’est un vieux pays. Et le poids de son histoire et de ses institutions pèse parfois sur ses épaules. J’admire beaucoup le Japon qui a su allier tradition et modernité. Je pense que la France peut mieux faire pour trouver le bon équilibre entre les deux.

 

CD Natash

*« Thérèse de Lisieux – Aimer c’est tout donner », chez MCA distribution, 12 titres ; 14,99 €.

 

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