Non, l’Eglise de France n’a pas dit son dernier mot !

Non, l’Eglise de France n’a pas dit son dernier mot !

de Juliette Levivier dans Famille Chrétienne, n°2123 du 17 sept. 2018 :

Encore un cadeau empoisonné d’une de mes copines. Quand elle m’a dit que sa demande était « très simple », j’aurais dû me méfier. Une broutille, en effet : parler de l’Église de France hier et aujourd’hui à un petit groupe d’Américaines, ferventes catholiques mais peu au fait de ce qui se passe au-delà des frontières de leur Wisconsin natal… Tout cela en anglais, évidemment. Lord, have mercy (1).

Il faut d’abord se situer dans l’espace. Lorsque vous dites à un Américain que vous êtes français (précaution inutile, d’ailleurs : l’accent suffit), il vous répond immanquablement : « Oooh, nice ! Last summer, one of my friends went in Italy. (2) » Certes.

Il faut ensuite se situer dans le temps. Ce qui permet de réaliser, au passage, que notre Gaule, évangélisée grâce au merveilleux réseau des ports et voies romains, est chrétienne depuis le IIe siècle. Lazare, le ressuscité de Béthanie, ne serait-il pas, selon une très ancienne tradition, le premier évêque de Marseille (succès assuré dans le Wisconsin) ? Affermie par le sang de ses martyrs (de sainte Blandine au Père Hamel), l’Église de France a joué un rôle important dans l’histoire de notre pays. Notre peuple s’est construit sur et avec la foi en Jésus-Christ, parfois en syntonie, parfois en opposition. Des cathédrales qui se dressent dans nos villes jusqu’à notre fameuse « laïcité à la française » à géométrie variable, il est difficile d’oublier les racines chrétiennes de notre pays !

La France a bénéficié de grâces étonnantes

Au-delà d’une lecture simplement historique, c’est de la réalité spirituelle qu’il faut tenter de rendre compte… Fortifiée par ses innombrables saints, dotée d’un patrimoine religieux exceptionnel, bien souvent visitée par la Mère de Dieu elle-même, la France a bénéficié de grâces étonnantes qui donnent à son Église une identité particulière.

Traversée par de grands élans spirituels, de saint Martin à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, elle a connu l’essor du monachisme, les grandes abbayes, la Sorbonne des saints Albert le Grand et Thomas d’Aquin, l’École française et le renouveau spirituel du XVIIe siècle, l’élan social et missionnaire du XIXe, le renouveau de Vatican II, et tant de grâces qu’on ne saurait les énumérer toutes. Ces grâces, l’Église de France ne les pas mises en conserve pour les jours de disette ! Avec Marie, Mère de l’Église qui l’appela si souvent à se convertir, elle les a largement partagées, traversant mers et océans pour porter la Bonne Nouvelle au monde entier.

Guidée par l’Esprit, notre église fait résonner l’évangile dans les débats sociétaux

La France s’est déchristianisée mais son Église, dont on ne cesse de prédire la mort prochaine depuis Voltaire, n’a pas dit son dernier mot. Dans son cœur, l’appel de saint Jean-Paul II résonne toujours avec vigueur : « France, qu’as-tu fait de ton baptême ? » Guidée, animée, renouvelée par l’Esprit Saint, elle fait résonner l’Évangile dans les débats sociétaux, défend la dignité humaine, la justice et la vérité, et se laisse rafraîchir par la nouvelle évangélisation.

Cellule de l’Église universelle, l’Église de France en connaît les grandeurs et les pauvretés, savant tricotage de sainteté et de péché. Notre Église, Épouse de Jésus-Christ et Fille aînée de l’Église, c’est notre famille ! On l’aime comme elle est, avec son histoire, ses excès, ses limites, ses richesses, sa beauté. Comme dans toutes les familles, il y a des moments de grâce et de tension, des épreuves, des disputes, mais aussi de l’amour, de la joie, du dynamisme à revendre. Allez résumer ça en anglais… Lord, have mercy ! (1) 

(1) Seigneur, prends pitié. 
(2) « Ooh, super ! L’été dernier, un de mes amis est allé en Italie. »

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