Philippes : Hommage au père Ventura, assassiné le 29 avril dernier

Philippes : Hommage au père Ventura, assassiné le 29 avril dernier

La police philippine cherche toujours à éclaircir l’affaire du meurtre du père Mark Anthony Ventura (photo), tué le dimanche 29 avril au village de Pena Weste, où il venait de célébrer la messe. Le prêtre était engagé dans cette mission rurale couvrant les communautés chrétiennes du village de Mabuno, près de Gattaran, dans le nord de l’archipel philippin, situé au pied de la chaîne de Sierra Madre. Mgr Utleg, archevêque du diocèse de Tuguegarao, s’est joint aux catholiques philippins pour honorer le prêtre et son amour pour les pauvres.

Il avait choisi d’être avec les pauvres, de vivre avec eux à l’écart, et c’est là qu’il a été tué alors qu’il faisait ce pour quoi il avait été appelé : en étant un pasteur pour le peuple de Dieu. Le père Mark Anthony Yuaga Ventura avait accepté de servir dans l’une des paroisses les plus reculées du nord des Philippines. Il avait quitté le confort du rectorat au séminaire, non pas pour vivre en aventurier mais pour être un avec le peuple, en particulier auprès du monde agricole. Le prêtre de 37 ans, qui a été tué par des hommes armés le 29 avril, avait trouvé parmi les pauvres une communauté chrétienne assoiffée, autant spirituellement qu’économiquement. Il a tout d’abord été confronté à la vie difficile des agriculteurs au village de Tanglagan, dans la commune de Gattaran.

En 2014, il a conduit une équipe de cinq missionnaires auprès des paysans pauvres et des populations tribales de Tanglagan. Il a ainsi montré son aptitude à diriger, ce qui a contribué à faire grandir les communautés chrétiennes du village. « Il a montré aux pauvres que l’Église était solidaire avec eux, en prêchant l’égalité », confie l’un de ses confrères. Quand le père Ventura et son équipe ont quitté la mission de Tanglagan en 2015, une chapelle peinte en bleu et blanc avait été érigée dans le centre du village pour que la population puisse venir y prier régulièrement. En 2016, le prêtre fut envoyé au village de Mabuno, dans la paroisse de San-Isidro Labrador, également dans la commune de Gattaran. La nouvelle mission couvrait cinq communautés agricoles et tribales, au pied de la chaîne de montagnes de Sierra Madre.

« Sa communauté était devenue sa famille »

« Il avait demandé à être envoyé là-bas », se souvient l’archevêque de Tuguegarao, Mgr Sergio Utleg. Le père Ventura avait construit une petite chapelle et un couvent, au sommet d’une colline dominant le village, avant de se mêler à la vie de la communauté. « Tôt le matin, depuis la colline, il saluait les gens qui partaient travailler », raconte Zenaida Alejo, une villageoise. Elle se souvient que le prêtre est souvent venu à la rencontre des agriculteurs dans les champs. « Il venait manger et rire avec eux », ajoute Zenaida, qui se souvient d’un jeune homme charmant qui aimait appeler tout le monde « oncle » ou « tante ». « C’était un fils du village », ajoute-t-elle. « Il aimait vraiment les gens, en particulier les communautés dépendant de sa mission », confie Mae, la sœur du père Ventura. « Il nous expliquait que l’Église devait aller vers les pauvres et les servir. » Mae ajoute que son frère ne rejoignait pas sa famille durant les grandes occasions car « il devait être avec le peuple… parce que sa communauté était devenue sa famille ».

Le jour où il a été tué, le père Ventura avait quitté sa colline vers six heures du matin pour aller célébrer la messe dans quatre villages. Une heure plus tard, il est arrivé au village de Pena Weste, où il a célébré la messe en présence d’une centaine de villageois. Il se préparait à baptiser plusieurs enfants et il était en train de parler avec plusieurs membres de la chorale quand un homme s’est approché pour lui tirer dessus. Plus tard, Mgr Utleg a décrit le tueur comme « un produit d’une société matérialiste, où la majorité des gens sont sans travail et où les gens ne respectent plus le sacré et les personnes consacrées ». La police cherche toujours à identifier le motif du meurtre, mais selon un paroissien, l’assassinat du prêtre est « un message sanglant » destiné à faire taire l’Église.
Sous la direction de Mgr Utleg, l’archidiocèse de Tuguegarao avait conduit une campagne s’opposant à l’exploitation minière dans la région. Mais des politiciens avait vivement protesté contre l’interdiction, en accusant l’archevêque et les membres du clergé d’être communistes. Le groupe œcuménique Promotion of Church Peoples’ Response (PCPR) a décrit la mort du père Ventura comme une tentative de « semer la peur et la terreur ». En attendant, la chapelle et le couvent au sommet de la colline de Mabuno se retrouvent sans prêtre.

Source: Eglises d’Asie

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