La philosophie pour la vie, nouvel ouvrage de Stéphane Mercier

La philosophie pour la vie, nouvel ouvrage de Stéphane Mercier

« Ouvrez la bouche pour le muet,
et pour soutenir la cause de tous les enfants qui ne font que passer. »
Livre des Proverbes, 31,8

C’est cette belle citation en exergue qui ouvre ce petit livre édité avec soin par Quentin Moreau, éditeur. On ne le souligne jamais assez, mais un livre doit être beau et agréable à lire et c’est le cas ici.

Stéphane Mercier, anciennement professeur de philosophie à l’Université Catholique de Louvain (UCL), avait défrayé la chronique en mars-avril 2017 suite à un cours d’argumentation philosophique prenant pour matière l’avortement. L’administration de cette université, qui semble n’avoir de catholique que le nom, s’était fendue d’un communiqué ridicule affirmant que le droit à l’avortement était inscrit dans la Constitution, ce qui n’est pas le cas… Par la suite rectifié, ce communiqué annonçait par ailleurs la suspension des cours de Stéphane Mercier, l’UCL ne pouvant rien faire de plus… Signalons que malgré cela l’UCL est toujours engagée dans le réseau international Scholars at risk, « dont l’objectif est de protéger les enseignants et les chercheurs en danger et de défendre la liberté académique ».

L’argumentaire de Stéphane Mercier est édité ici dans le style oral tel qu’il a été donné en cours à ses élèves, augmenté d’une préface, d’une postface et d’éléments bibliographiques. C’est un véritable outil d’orfèvre pour qui souhaite répondre aux objections que notre temps présente face à la tragédie qu’est l’avortement. Point d’argumentation moraliste ni religieuse, mais un simple raisonnement logique, facile à suivre, complet, rigoureux, souple et concis.

L’auteur déconstruit les arguments fallacieux tels que les périodes légales autorisées pour avorter – qui varient selon les pays, l’absence de conscience de l’embryon, le développement « inachevé »… Tout est finement analysé, décortiqué avec la plus grande clarté !

Le cœur de l’ouvrage est la démonstration selon laquelle l’embryon est déjà une personne, une personne en développement, car « la seule manière de justifier l’avortement serait (…) d’établir fermement que l’embryon n’est pas un être humain, et d’affirmer que vous êtes bien sûr que ce n’est pas un être humain. » (p.34) et il rappelle que « l’identité individuelle est acquise dès le début, dès que la séquence ADN est formée, c’est-à-dire au moment de la conception. » (p.15)

Stéphane Mercier recense toutes les objections et y répond avec honnêteté et clairvoyance, parfois non sans une pointe d’humour.

La postface inscrit l’avortement dans de plus larges perspectives, par rapport à la manière de vivre la sexualité aujourd’hui, qui rejoint toute une « culture de mort » (comme l’écrivait Jean-Paul II dans Evangelium Vitae) et l’auteur montre qu’il y a dans notre société « un rapport malsain à la sexualité , à la fois dans son usage et dans la perception d’autrui comme présentant un danger dont il faudrait se garantir en se ” protégeant ” ; un tel rapport, dis-je, débouche sur une perception faussée de sa propre identité incarnée et sexuée. » (p.64), en nous rappelant que tout acte posé a des conséquences.

Le philosophe invoque aussi la responsabilité que nous avons d’informer sur la réalité de l’avortement, non pas pour accabler les personnes, mais plutôt pour ouvrir leur cœur à la vie et dévoiler ce mal, qui est pour la plupart des gens un simple choix, une solution sous les contraintes de la vie contemporaine ou tout simplement un confort. «  Ce qui permet au mal et au crime de prospérer, comme on dit, ce sont les honnêtes gens qui préfèrent se voiler la face, ou qui, devant la prolifération du mal, demeurent inactifs. » (p.25)

À lire et relire, non seulement pour le bien de tous, mais aussi pour soutenir l’auteur qui tient bon face à toutes les pressions qu’il subit !

 

La philosophie pour la vie, par Stéphane Mercier, aux éditions Quentin Moreau, éditeur, 80 pages

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