“Principialisme” et non “contractualisme”.

“Principialisme” et non “contractualisme”.

 

Nous avons choisi de définir une de nos rubriques par le titre “points non négociables” en référence aux principes non négociables de Benoît XVI que nous publions ici.

Nous souscrivons cependant à cette remarque d’un lecteur qui va dans le sens des positions du pape émérite.

 

Je préférais, pour ma part, que l’on parle de principes fondamentaux, et non de principes non négociables, d’abord parce que cette expression peut laisser entendre que certains principes, eux, sont négociables, ensuite parce que la même expression peut amener à se demander avec qui et sur quoi on négocierait, si certains de ces principes non négociables devenaient, peu à peu, négociables.

Au moins quatre principes sont fondamentaux, et ils sont fondamentaux pour chacun et pour tous, en direction et au service de chacun et de tous, sans que qui que ce soit soit propriétaire de ces principes :

– la recherche du bien commun, qui ne se limite pas à celle de l’intérêt général,

– le respect de la loi naturelle, qui ne se limite pas à celui des droits de l’homme,

– le respect de la personne humaine, qui est fort différent de la conception postmoderne, anthropocentrique, faussement émancipatrice et unificatrice, du respect de “l’individu contemporain”,

– la recherche de la vérité objective ou, en tout cas, l’attention la plus objective possible à la réalité et l’expression la plus objective possible de la réalité, y compris dans le domaine des religions, cette recherche étant très différente de la production et de la consommation des compromis et du consensus.

Je rappelle ici que la loi naturelle n’est pas naturelle en ce qu’elle est assimilable ou subordonnable à un “biologisme” ou à un “physicalisme” qui déboucherait sur un “organicisme” qui ne serait ni libérateur, ni responsabilisant, mais est naturelle en ce qu’elle n’est pas surnaturelle, ce qui ne veut pas dire, bien au contraire, que la prise en compte et la mise en oeuvre des vertus de tempérance, de force, de justice, de prudence, éloignent ou s’opposent à celles des vertus théologales.

Je rappelle aussi que nul n’a le monopole, le privilège, la propriété exclusive de la vérité objective, mais que tous ont le devoir et le pouvoir, plus particulièrement dans certaines circonstances, d’avoir l’attention la plus objective possible à la réalité, et l’expression, la plus objective possible, de la réalité, même quand cette attention est déplaisante, ou quand cette expression est dérangeante.

Le “principialisme” qui constitue encore, en tout cas je l’espère, la caractéristique du christianisme catholique chronologiquement contemporain (que je distingue ici du christianisme catholique “parfois” axiologiquement postmoderne), s’oppose au “contractualisme” qui est attribué (espérons que ce soit à tort), par certains analystes ou observateurs, à au moins une partie de l’épiscopat français.

En d’autres termes, nous n’avons pas avant tout besoin d’un nouveau contrat social, nous avons avant tout besoin de renouer, non avec le passé, mais avec des principes fondamentaux en l’absence desquels l’esprit du monde, telle ou telle composante de la mentalité dominante, agira de plus en plus contre la vie du monde, et contre ce qu’il y a de plus précieux dans l’homme et autour de lui.

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