Quand saint Pierre et le conseil des apôtres soufflent dans les bronches des faux missionnaires.

Quand saint Pierre et le conseil des apôtres soufflent dans les bronches des faux missionnaires.

Voici ce qu’ils écrivirent de leur main :
« Les Apôtres et les Anciens, vos frères,
aux frères issus des nations,
qui résident à Antioche, en Syrie et en Cilicie,
salut !
Attendu que certains des nôtres, comme nous l’avons appris,
sont allés, sans aucun mandat de notre part,
tenir des propos qui ont jeté chez vous le trouble et le désarroi. Extrait de Ac 15, 1-2.22-29
Sans doute ce dimanche entendrez-vous de nombreux commentaires de ce passage des actes des apôtres. Des commentaires sur le fond spirituel et formel d’un des aspects de cette transition tumultueuse du judaïsme au christianisme au temps même des apôtres.

Pourtant, de mon côté ce sont deux petits morceaux de phrase qui ont attiré mon attention. « Ils écrivirent de leurs mains » et « Sont allés sans aucun mandat de notre part ».

Ces deux passages pourraient sembler anecdotiques. Mais comme saint Augustin nous rappelle qu’il n’y a pas de bois mort dans l’Ecriture, il est peu probable que saint Luc ait gribouillé là deux ornements de pure rhétorique. Ces deux morceaux de phrases nous posent dans le quotidien le plus ordinaire du fonctionnement administratif des premiers jours du christianisme. Les apôtres écrivent de « leurs mains ». C’est un texte écrit avec toute la force du poids solennel d’un document officiel émanant de la tête de la nouvelle Eglise. Et, à l’inverse de la phrase suivante, et comme en opposition ferme, cette lettre vaut mission pour les porteurs de la missive. Elle vaut mission et son contenu est une résolution officielle avec effet d’autorité.

Au contraire, « certains sont allés sans aucun mandat ». Le parallèle entre la lettre et le mandat est évident, quand bien même ce mandat eut-été oral, ce qui eut été peu probable compte tenu du discours tenu par ces « sans mandats », discours d’apparence doctrinaire. Dès les premiers mois de l’Eglise, l’autorité, la hiérarchie et la fonction même de ce « commandement du sacré » sont posées comme une évidence.

Les apôtres et les anciens sont garants de la vérité du contenu de la foi. Ils y veillent avec tout le poids de leur autorité. Autorité qu’ils manifestent, comme l’empereur lui-même par des lettres officielles qui sont l’émanation de leur autorité.

Les disciples missionnaires, les porteurs de lettres des Apôtres, ne sont que les projections de l’autorité du conseil apostolique dont les membres signent ensemble « de leurs mains ». Les apôtres ont reçu du Christ une autorité toute particulière qui est de paître les brebis en communion avec Pierre. Telle est leur légitimité, la source de cette autorité qu’ils ont reçu d’en haut et dont ils ont la charge.

Car cette autorité leur donne avant tout une charge, une responsabilité, celle de veiller à ce que la vérité ne soit pas déformée, pour ne pas perdre le troupeau. Tout disciple qui ne remonte pas à la source de l’autorité apostolique se coupe ipso facto de l’autorité apostolique. Il n’appartient à personne, pas même à un premier disciple, pas même à un apôtre, de s’attribuer l’autorité sur le troupeau et moins encore sur la vérité. L’autorité dans l’Eglise, depuis toujours, est liée à la transmission de la vérité authentique. L’autorité des fidèles en mission, comme des prêtres et même des évêques, pape compris, n’est que la diffraction, la projection dans l’espace et le temps de l’autorité même des apôtres. Autorité qui est une mission confiée par le Christ à saint Pierre de fortifier ses frères et paître le troupeau.

 

Baudouin Dalixan.

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