Thaïlande : L’Eglise célèbre le mois missionnaire dans la crainte de l’application de mesures contre le blasphème à l’encontre du bouddhisme

Thaïlande : L’Eglise célèbre le mois missionnaire dans la crainte de l’application de mesures contre le blasphème à l’encontre du bouddhisme

« Au cours de cette phase, sous un pouvoir militaire, la société, et en particulier les jeunes, se plaint du manque de liberté et de pluralisme. Il n’est pas possible de critiquer le gouvernement. Mais nos activités pastorales ne sont pas troublées ou modifiées ». C’est ce que déclare à l’Agence Fides le père Peter Watchasin, Directeur national des Œuvres pontificales missionnaires de Thaïlande, en parlant de la manière dont l’Eglise se prépare actuellement à vivre la Journée missionnaire mondiale du 23 octobre prochain.
Selon un certain nombre d’observateurs, la nouvelle constitution de Thaïlande, approuvée le mois dernier, risque de miner l’harmonie religieuse dans le pays à cause d’une disposition qui impose à l’Etat de promouvoir le bouddhisme Theravada, religion majoritaire au sein de la nation. Ce qui préoccupe surtout parmi les minorités religieuses chrétienne et musulmane, est la possible application de dispositions concernant le « blasphème ».
En effet, la nouvelle constitution prévoit, en son article 67, que « l’Etat établit les mesures et les mécanismes visant à prévenir la profanation du bouddhisme sous toutes ses formes et encourage la participation de tous les bouddhistes en ce qui concerne l’application de tels mécanismes et mesures ». Par conséquent, tout acte interprété comme une menace ou un outrage au bouddhisme peut faire l’objet d’intervention et de répression de la part de l’Etat.
Pour éviter de potentiels problèmes causés par une interprétation extensive de cette disposition, le Premier ministre, Chan-o-cha Prayut, dans une ordonnance prise le 22 août, a confirmé que l’Etat « protège toutes les religions reconnues » et soutient « toutes les fois qui contribuent au développement de la nation » sans violer la loi et les principes d’unité nationale.
Le gouvernement entend ainsi prévenir le déclenchement de conflits religieux au sein de la société. Dans une telle situation, « la communauté catholique – conclut le Père Watchasin – ne s’occupe pas de questions politiques mais continue à mener ses activités. Nous préparons actuellement le mois d’octobre missionnaire, après que l’Eglise ait vécu son Synode spécial en 2015. A la lumière de cette assemblée, en tant que catholiques, nous sommes à la recherche de nouveaux chemins permettant d’incarner l’Evangile dans le pays et de le vivre au sein de la société, dans l’économie, dans le monde politique afin de contribuer au bien commun de la nation ».

Source : Agence Fides

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